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Maurice Vander

16 fév. 2017
11 juin 1929, Vitry-sur-Seine - 16 février 2017, Paris
© Jazz Hot n°679, printemps 2017

Maurice Vander © Michel Maestracci

L’artiste est décédé à 87 ans. Maurice Vander, né Maurice Camille Gustave Vanderschueren, est l’un des pianistes français les plus estimés des musiciens de sa génération, mais aussi, ce qui est plus rare, de ceux qui ont débuté une carrière dans les années 1970 et après (Charles Tois, par exemple). Bien sûr la mémoire collective retient son rôle d’accompagnateur du remarquable chanteur de variétés Claude Nougaro. Mais contrairement aux récents titres de la presse, il ne fut pas «que» le pianiste de Claude Nougaro. Maurice Vander illustre bien l’âge d’or des années 1950 à Paris, celui des boîtes, clubs et autres cabarets où l’on consommait du jazz en direct, et bien d’autres choses aussi.

Maurice Vander © Photo X (pour la promotion Fontana), Collection Michel Laplace



Maurice Vander est né à Vitry-sur-Seine, c’est à dire à 5km de Paris. Son grand-père est d’origine flamande belge naturalisé français. Son père était un accordéoniste de guinguettes, bals, brasseries de Paris et ses environs. Le frère aîné de Maurice Vander, Freddy, fut aussi un accordéoniste et un ami de Gus Viseur dont il s’inspirait.

C’est Freddy qui influence Maurice pour son goût du jazz. Maurice Vander écoute les émissions radiophoniques de jazz sur Radio-Paris, et il découvre aussi Art Tatum. A l’âge de 13 ans, il étudie pendant un an l’accordéon, puis le piano auprès de son père. Rapidement ensuite, il prend des leçons de piano classique, notamment la méthode Czerny, auprès d’une Mme Cordier, et il découvre par le disque Fats Waller (1942). Mme Cordier l’amène aux concerts de la Société des Concerts du Conservatoire, et il tombe sous le charme de la musique de Ravel (la Valse). Sa professeur lui fait travailler Debussy (Estampes III. Jardin sous la pluie). Ce qui lui ouvre des horizons harmoniques. Maurice Vander a aussi étudié au Conservatoire du Xe arrondissement, près de la Gare du Nord.

C’est à partir de la Libération que Maurice Vander commence à participer à des concerts, notamment avec le violoniste-trompettiste Jean Baissat (1930-1987), le saxophoniste José Germain (né en 1930) et son frère Claude (chant). Au début de 1948, il remplace Bernard Peiffer au club Be Hop [sic], rue de Lappe, avec Armand Conrad (ts), Jacques Medvedko (b), Roger Paraboschi (dm). Puis, il remplace André Persiani au club Mephisto, joue pour le sax soprano Pierre Braslavsky, et il fréquente Charles Delaunay, à Jazz Hot, rue Chaptal. C’est là qu’il fait connaissance avec le bassiste Alphonse Masselier qui pense à lui pour succéder à l’excellent Eddie Bernard, au Club Saint-Germain, où il joue donc jusqu’en 1949, notamment avec Guy Longnon (tp), Jean-Claude Fohrenbach (ts) et, parfois, Boris Vian. Grâce à Masselier, Maurice Vander est engagé dans l’orchestre du clarinettiste-sax ténor Noël Chiboust pour une saison à Cannes. Il a aussi l’occasion de jouer pour Hubert Rostaing à Monte-Carlo.

Après son service militaire, Maurice Vander joue à Knokke-le-Zoot pour Boris Vian. C’est donc en 1951 qu’il joue une première fois avec le grand Don Byas, à l’Arlequin, en compagnie de Roger Guérin (tp), Jacques Medvedko et le batteur Benny Bennet. James Moody fut au nombre de bœuffeurs (mot qui n’était pas employé à l’époque); mais aussi Bobby Jaspar avec lequel Maurice Vander se lie d’amitié. Il eut aussi l’occasion de jouer avec Django Reinhardt qui se produisait au Club Saint-Germain (1951-52). Quelques titres retransmis par la RTF de Django depuis le Club Saint-Germain, le 20 février 1951, ont survécu. Le guitariste s’est en fait joint à l’orchestre du remarquable Hubert Fol (as) qui comprenait Maurice Vander (piano de mauvaise qualité), Pierre Michelot (b) et Pierre Lemarchand (dm). Le 19 avril 1951, Vander fait une séance au studio Pathé Pelouze, pour Don Byas, avec Jean-Pierre Sasson (g), Medvedko et Bennet (label Blue Star : «Man I Love», «Georgia», «Where or When»).

1953, Avec Django Reinhardt, Decca

En 1952, Maurice Vander grave quatre titres pour Pierre Gossez (ts) avec Victor Apicella (g), Masselier et André Jourdan (dm). En 1952-53, il part jouer à Tahiti avec Bobby Jaspar, Bernard Hulin (tp) et Arthur Motta (dm). Maurice Vander a la chance de jouer à nouveau avec Django (1953) : «Quand j’étais avec lui [Django], Don Byas ou Dizzy Gillespie, par exemple, j’étais frappé par leur force et leur calme. Leur musique avait un plus, en intensité, en vérité. C’était stimulant. En même temps, je me disais: "je dois les embêter terriblement avec mes fautes”. J’essayais quand même de leur donner le maximum pour qu’ils soient heureux.» (1991, M. Vander).

1953, avec Django Reinhardt

Le 10 mars 1953, Vander participe aux disques Django Reinhardt et ses Rythmes avec Michelot et Jean-Louis Viale (label Blue Star : «Manoir de mes rêves», «Nuages», «Night and Day», etc.). Il a côtoyé Clifford Brown (1953). Dans son créneau, la scène est très fournie (Raymond Fol, Bernard Peiffer, Henri Renaud, René Urtreger, Martial Solal, etc.), mais il y a beaucoup de travail pour les musiciens!

Puis Bobby Jaspar et lui sont engagés au Club Saint-Germain (1954). Le 10 février 1954, la maison Vogue enregistre le guitariste Jimmy Raney en compagnie de Roger Guérin et/ou Bobby Jaspar, avec Vander, Jean-Marie Ingrand et Jean-Louis Viale.

1954, avec Sadi

Le 8 mai 1954, Jaspar et lui participent à un disque de Fats Sadi (vib) avec Roger Guérin (tp, tu), Nat Peck (tb), Jean Aldegon (bcl), Ingrand et Viale («Sadisme», «Big Balcony», etc.). Puis, Bobby Jaspar et lui sont engagés dans l’orchestre d’Aimé Barelli (1955, Maurice remplace Martial Solal).

Le 17 mars 1955, la maison Vogue réunit Bobby Jaspar, Don Rendell (ts) et le corniste David Amram avec Vander, Sacha Distel (g), Guy Pedersen (b) et Mac Kac (dm) pour des standards («Thou Swell») et des originaux («Dave’s Blues»).

1955, avec Stéphane Grappelli



Toujours pour Vogue, les 10, 11 et 12 mai 1955, Maurice Vander enregistre 19 titres avec Don Byas (plusieurs prises parfois). Enfin, les 4 et 5 juillet 1955, David Amram, Jaspar et lui mettent en boîte 8 titres avec Eddie de Haas (b) et Jacques David (dm). Vander se retrouve aussi à jouer pour André Ekyan au Maxim’s, pour Peanuts Holland (1955), Stéphane Grappelli, Chet Baker (1955-56), Bob Garcia (1956 avec Benoît Quersin et Mac Kac), Joe Newman (octobre 1956 avec Henry Coker, tb, Frank Wess, ts, Bill Graham, bs, Eddie Jones, b, Sonny Payne, dm: «Blues on the Champs-Elysées»), à nouveau Stéphane Grappelli (mai 1957, à la NDR, Allemagne, avec Hans James Last, b, Rolf Ahrens, dm), Kenny Clarke (septembre 1957 avec Lucky Thompson, ts, Ack Van Rooyen et Bernard Hulin, tp), Zoot Sims (1958), Sarah Vaughan (juillet 1958), Kenny 1955, Maurice Vander, 45t VegaClarke encore (1959). Dès 1955, Maurice Vander dirige un premier groupe comprenant Jean-Jacques Tilché (g), Alf Masselier (b) et Ar1955, Maurice Vander, Vega 33t.thur Motta (dm) qui aurait enregistré. Toutefois, les premiers disques distribués sous son nom, sur le label Vega, en 1955-56, ont été faits en trio avec Benoît Quersin (b) et Jacques David (dm) (des standards surtout: «The Nearness of You», «Get Happy», «My Funny Valentine», «Tiger Rag»).




1956, avec Benny Carter
1956, avec Bob Garcia, 45t.


1957, Avec Kenny Clarke et Pierre Michelot


Il intéressant de remarquer que c’est aussi en trio, avec Benoît Quersin et Jean-Louis Viale que René Urtreger sort chez Barclay le premier vinyle significatif sous son nom (très imprégné de Bud Powell). C’est à l’orgue que Maurice Vander participe, en alternance avec Georges Arvanitas, aux disques du trompette Fred Gérard sur label Président (1957-65).

1958, avec Sarah Vaughan,


1958, Rendez-vous avec Maurice Vander


En 1958, Maurice Vander fait des séances pour Barclay au studio Hoche lorsque Quincy Jones était l’arrangeur attitré, notamment pour Henri Salvador (probablement en janvier-février). Quincy employait plus généralement Art Simmons. Encore en 1958, c’est sous son nom qu’il enregistre avec rythmique et cordes (Rendez-vous avec Maurice Vander, Spécial Piano: «Carioca», «Fascination», «Temptation Rag», etc.). Il participe également à un disque dédié à Django, signé Henri Crolla, où il alterne avec René Urtreger. Il y a là Stéphane Grappelli, André Ekyan, Hubert Rostaing, Géo Daly (Georges Dalibon, vib), Emmanuel Soudieux (b), Pierre Lemarchand ou Al Levitt (dm). Curieusement, il y est indiqué sous son vrai nom de Vanderschueren!

1964, Maria Vincent et Maurice Vander

Son combo accompagne la comédienne et chanteuse de cabaret, marseillaise, Maria Vincent (1929-2001), qui se trouve être sa compagne du moment. Tous deux avaient alors un penchant pour l’héroïne. Pour elle, Maurice Vander compose sous le pseudonyme de Frank Dalone. C’est en 1959 que Maurice Vander fait la connaissance de Claude Nougaro venu les écouter dans un club «exclusivement féminin». Claude Nougaro écrira plus tard «La Chanson de Maria» pour Maria Vincent (1966).

1961, Jazz at the Blue Note

1963, avec Elek Bacsik



A partir des années 1960, il s’intègre alors aux équipes de studio. Il est donc amené à accompagner Sylvie Vartan, Johnny Hallyday et même Tino Rossi. En 1960, il enregistre la musique du film Portrait Robot de Paul Paviot dans l’équipe de Billy Byers qui comprend Roger Guérin (tp) et Dominique Chanson (fl), sorti sur les écrans en août 1962 (musique d’André Pontin) ainsi qu’un 45 tours, en octobre, pour Bill Coleman sur des arrangements de Jean Bouchety, chez Polydor (avec Roger Paraboschi, dm).
1964, avec Roger Guérin

Parallèlement, comme un Roger Guérin, il joue le soir dans les clubs comme le Blue Note, le Club Saint-Germain,
puis le Bilboquet et d’autres aujourd’hui oubliés. Maurice Vander joue avec Kenny Clarke, enregistre pour Benny Carter (avec Pierre Michelot et Christian Garros), Pierre Michelot (1963, disque primé), Les Baroques de Roger Guérin-Ivan Jullien (1964), Pierre Gossez (1964 avec Gossez, as, Arvanitas, clavecin, Masselier, b, compositions pseudo-baroques de Jacques Loussier), Boulou Ferré (1964), mais aussi sous son nom (1961, At the Blue Note, avec Pierre Michelot et Kenny Clarke: «I’ll Remember April», «Walkin’», «Django», «The Nearness of You»).


1975, avec Claude Nougaro

Maurice Vander s’est trouvé une autre âme sœur, et il devient, dès 1963, avec une plus grande notoriété, l’accompagnateur de Claude Nougaro. L’histoire retiendra «Armstrong» (alias «Go Down Moses») et «Sing Sing Sing» (alias «Work Song» de Nat Adderley) par Claude Nougaro avec Roger Guérin, Michel Portal (as), Maurice Vander (org), Pierre Cullaz (g), René Nan (dm) en 1965. Maurice Vander restera avec Claude Nougaro jusqu’en 1979, en compagnie selon les moments, d’Eddy Louiss, Luigi Trussardi, Elek Bacsik puis Pierre Cullaz. Claude Nougaro invite même Ornette Coleman à se joindre à Maurice Vander, Luigi Trussardi, Charles Bellonzi l’espace d’un «Gloria».

Nougaro et Vander (directeur artistique), ont écrit une trentaine de chansons ensemble. En fait, son emploi stable chez Nougaro lui permet de passer les années sombres du jazz qui progressivement cesse d’en être avec l’introduction de la mise en place binaire (influence du hard rock). En 1966, en studio, il est l’un des pianistes avec Raymond Le Sénéchal, René Urtreger, Jacques Denjean et Georges Arvanitas du groupe Guitar Unlimited autour de Francis Le Maguer (arr) avec Pierre Cullaz, Paul Piguilem, Victor Apicella et Raymond Gimenes.

A Paris, il tourne le 19 mai 1967 le film Max Roach (Ciné jazz, Ina) avec Abbey Lincoln (voc), Johnny Griffin (ts) et Gilbert Rovère (b). En mars, juillet, novembre-décembre 1968 et février 1969, Maurice Vander participe aux séances du big band d’Ivan Jullien pour le label Riviera qui décroche presque un «tube» avec la reprise de «Times Square» de Charles Mingus.

1968, Maurice Vander avec Philly Joe Jones et Luigi Trussardi


En 1968, il joue avec Philly Joe Jones en trio complété par Luigi Trussardi, Maurice Vander Trio (LP All Life, repris en LP par CY productions et en CD par Dreyfus 365022-2). Le répertoire comprend «Satin Doll», «It Don’t Mean a Thing», «Philly», composé par Vander, etc.). Ce trio est passé au Chat qui Pêche pendant deux mois.

1970, Pianos Puzzle, avec Georges Arvanitas, Michel Graillier et René Urtreger
1970, Maurice Vander avec Charles Bellonzi et Bernard Lubat


C’est avec ses confrères Georges Arvanitas, Michel Graillier et René Urtreger qu’il participe en juin 1970 à la série de disques Pianos Puzzle, d'abord dans un album collectif (Pianos Puzzle, avec Georges Arvanitas/Michel Graillier/René Urtreger/Maurice Vander, Saravah 10011, sur des arrangements d'Ivan Jullien) puis dans un album en leader en trio, Saravah 10015, intitulé Philly, Maurice Vander joue en compagnie de Luigi Trussardi, Charles Bellonzi qui alterne avec Bernard Lubat («Philly», «Moon River», «Hommage to Monk», etc.).


Maurice Vander enregistre le plus souvent en sideman. Il rappelle dans Jazz Hot n°561 (p.36): «Dans les années soixante-dix, je faisais beaucoup de studio. Les boîtes de jazz commençaient à disparaître.» Nous pensons qu’il est l’organiste anonyme du disque Communications de Stan Getz et Michel Legrand réalisé en novembre 1971, avec les Swingle Singers («Now You’ve Gone»). Maurice Vander trouve encore des occasions de jouer ce qu’il aime comme avec Jean-Luc Ponty et Stéphane Grappelli (Accord 556552/America 30AM 6139, décembre 1973, avec Philip Catherine, g, Tony Bonfils, b, André Ceccarelli, dm), Stéphane Grappelli à nouveau (1974, 1977), Johnny Griffin (1975), Chet Baker (1977), le Big Band Claude Cagnasso (1977, avec Tony Russo, Luis Fuentes, Jacques Bolognesi, Alain Hatot).
En 1980, il enregistre pour Kenny Clarke (Night and Day) avec Roger Guérin, Bob Garcia (ts) et Patrice Caratini (b), notamment «Bluette pour Petulia» composé par Guérin. Il participe à la Grande Parade du Jazz à Nice et il joue pour Richie Cole.
Une version de "Wee” par Johnny Griffin et Maurice Vander figure dans une compilation sortie sous le nom de Daniel Humair en 1991 (Henri Texier complète la formation).

1973, avec Jean-Luc Ponty et Stéphane Grappelli1974, avec Stéphane Grappelli

1977, avec le Big Band de Claude Cagnasso1980, avec Kenny Clarke1980-81, avec Kenny Clarke













Dans l'ensemble de ses productions en leader des années 1970 et 1980, on retrouve Maurice Vander en trio, Maurice Vander Trio (Bingow, 1972), Somewhere (Musica 3004), Du Côté de chez Swing (Night and Day 1002, 1980), Nougaro sans paroles (Owl 039, 1984) et au tournant des années 1990, c'est en solo qu'il met un point presque final à sa discographie avec Vander se joue Nougaro (Editions du Chiffre Neuf 512 804-2) et Recidive en 2002 (Sergent Major), bien qu'on ait pu le voir encore enregistrer au Franc-Pinot, le club de jazz aujourd'hui disparu, enregistrements encore inédits à ce jour.

1972, Maurice Vander Trio1980, Maurice Vander Trio, Du côté de chez Swing1980, Maurice Vander, Nougaro sans paroles

1989-90, Vander se joue Nougaro

2002. Maurice Vander, Recidive










1982, B.O. du film Effraction

1980, B.O. du film L'Amour trop fortOn peut entendre le piano de Maurice Vander dans la musique de film, celle de Georges Delerue pour Calmos de Bertrand Blier (enregistrée en 1975, film sorti en février 1976). En novembre 1977, sort le film Nous irons tous au paradis d’Yves Robert dont Vladimir Cosma a écrit la musique dans laquelle Maurice Vander est l’un des exécutants anonymes. Maurice Vander, bien présent mais non crédité, participe aussi à la bande sonore du film Flic ou Voyou de Georges Lautner (musique de Philippe Sarde), à laquelle ont également contribué Hubert Rostaing (cl) et Chet Baker (enregistrée en 1977, sortie du film en 1979). Il compose la musique des films L'Amour trop fort (sortie 1981) et Effraction de Daniel Duval où il illustre ses compétences de pianiste classique (1982, sur les écrans en 1983).

Il s’installe alors à Pindray, dans le Sud-Vienne. Depuis 1980, il y avait restauré une ferme en ruine où il vivait avec sa femme Huguette. Il se retrouve ainsi à moins de 10km d’Eddy Louiss et de Francis Paudras: «J’ai quitté Paris au début des années quatre-vingt. J’ai à l’époque, écouté beaucoup de musique classique et des pianistes classiques, ça me plaît énormément.» (Jazz Hot n°561, p.37). Maurice Vander citait Maurizio Pollini, Vladimir Horowitz (dans Schumann, Chopin), Arturo Benedetti Michelangeli, Dinu Lipatti et Glenn Gould (dans Bach) parmi ses références.

En février 1981, on le voit à la télévision avec Roger Guérin, Jean-Loup Longnon et Eric Le Lann. La même année, il travaille avec le trombone Benny Powell. Le 30 mars 1982, pour la télévision, il se trouve dans une «battle» avec Ray Charles, Michel Legrand, Georges Arvanitas (p), Georges Rabol et Rhoda Scott (org), en compagnie de l’orchestre de Michel Legrand (document préservé par Francis Darizcuren). En mars 1983, il intervient sur la deuxième face du LP Chanson pour Titine de la chanteuse Colette Magny, en compagnie de Kako Bessot (tp), Alex Perdigon (tb), Richard Foy (as). Sorti en 1983, l’album de Sacha Distel, revenu à ses origines de guitariste, permet d’entendre Maurice Vander avec Eric Le Lann, Alain Hatot et André Ceccarelli. En 1983 toujours, Maurice Vander dirige un trio comprenant Pierre Michelot ou Luigi Trussardi et Charles Bellonzi (dm). On pourrait croire au retour du bebop pour un scène musicale qui plonge dans le marasme. Mais non. Les prestations de Maurice Vander se font plus rares. Toutefois, il a bien vécu et ne se plaint pas : «En fait, mon existence paisible me convient parfaitement...plus la musique classique.» (Jazz Hot n°561, p.37).

Maurice Vander au Grand Echiquier de Jacques Chancel consacré à Henri Salvador, en 1987, Paris © YouTube

En 1987, il apparait en soliste à la télévision pour l’émission Le Grand Echiquier consacrée à Henri Salvador (avec les pointures du moment, Christian Martinez, Kako Bessot, tp, Alex Perdigon, Jacques Bolognesi, Daniel Landréat, tb, André Ceccarelli, dm).

2004, Maurice Vander/Eddy Louiss/Luigi Trussardi/Bernard Lubat, Ô Toulouse

En 1989, Maurice Vander accompagne Art Farmer. En 1994, Maurice Vander et Marcel Azzola jouent pour Stéphane Grappelli. C’est en mars 1998 que sort l’album Blue Eyes du guitariste Biréli Lagrène dans lequel Maurice Vander est dans son élément. En 2004, son dernier enregistrement est un hommage à Claude Nougaro, Ô Toulouse, avec ses copains de toujours: Eddy Louiss, Bernard Lubat, Luigi Trussardi. En 2006, il part vivre à Jouhet. Et pour qui sait attendre... le 22 juin 2007, son vieil ami Roger Guérin est recruté pour former un quintet avec lui, l’espace d’un concert à Nîmes. En 2010, Maurice Vander accompagne le chanteur-pianiste Charles Tois. En janvier 2012, à Montmorillon, il propose son spectacle. «Ils se la jouent Nougaro» (rodé depuis 2007), avec Franck Bourriez (voc), Gérard Saurel (as), Laurent Vander (org. B3), Eric Gadet (b) et René Nan (dm).


Claude Nougaro lui a donné des surnoms : «Le Coq» (et il lui rend hommage dans «Le coq et le pendule») et «pianiste-alpiniste» («A Vander, pianiste alpiniste, soufflant la brûlure glacée de ses millions de doigts sur les cimes classiques de son clavier Mont-Blanc»), description typiquement poétique de Nougaro!

Maurice Vander, Le Coq et la pendule © Reportage FR3, Poitou-Charente sur YouTube

A 80 ans, Maurice Vander faisait encore deux à trois heures de gammes par jour. Influencé par George Shearing, Al Haig et surtout Bud Powell, Maurice Vander démontre une virtuosité et une musicalité en phase dans un contexte bop et de la ferveur rythmique («I’ll Remember April» de 1961 avec Pierre Michelot et Kenny Clarke, Fontana). L’élégance classique de son phrasé fait merveille dans les ballades (1970, «Moon River», Saravah). Il sut aussi jouer de l’orgue avec swing.

Outre son propre fils, Laurent, Maurice Vander eut pour fils adoptif le batteur du groupe rock Magma, Christian Vander. L'équipe de Jazz Hot partage la peine de sa famille et de ses proches.

Les obsèques de Maurice Vander devaient avoir lieu dans l’intimité.

Michel Laplace
Photos Michel Maestracci et X, Collect. Michel Laplace by courtesy



Sources: New Grove Dictionary, second edition, vol.3 (2002, Macmillan Publishers Ltd, p.824)

Maurice Vander et Jazz Hot: n°195-1964;
421-1985; 475-1990; 561-1999

DISCOGRAPHIE
Leader-Coleader
LP 1955. Piano Jazz, Vega 721
45t 1955. Maurice Vander et son piano jazz, Vega 1611
45t 1956. Maurice Vander et son piano jazz, Vega 1703
LP 1958. Jazz at the Blue Note, Fontana 680 212
LP 1958. Maurice Vander (orchestre Johnny Gregory), Spécial Piano, rendez-vous avec, Fontana 680 021
LP 1968. Steve Anderson (=Maurice Vander), Piano for Dance (P. Michelot, K. Clarke), Musidisc 1180
CD 1968. Maurice Vander Trio
(Luigi Trussardi, Philly Joe Jones), Dreyfus Jazz 849232-2/LP Mediadisque/Snep/Tite Live
LP 1970. Pianos Puzzle, Maurice Vander/Georges Arvanitas/Michel Graillier/René Urtreger, Saravah 10011
CD 1970. Maurice Vander, Philly, Saravah 591042 (LP 10015)
LP 1972. Maurice Vander Trio, Bingow 3357

LP 1975. Maurice Vander Trio, Somewhere, Musica 3004
LP 1980. Du côté de chez Swing, Night & Day 1002
LP 1980. L’Amour trop fort, Perspective 8006
LP 1982. Effraction, OCW 8301

LP/CD 1984. Nougaro sans paroles, Vander/Michelot/Lubat, Owl 039
CD 1989-90. Vander se joue Nougaro, Editions du Chiffre Neuf 512 804
CD 2002. Recidive, Sergent Major Compagnie, Sergent Major Company 592122
CD 2004. Louiss/Lubat/Trussardi/Vander, Ô Toulouse, Futur Acoustic 590052

Sideman
LP 1951. Django Reinhardt au Club Saint-Germain, Vogue 668-30
CD 1951. Don Byas and his Rhythm, On Blue Star, EmArcy 833 405-2
45t 1951. Don Byas, Vogue 3058, 3059, 3060
LP 1951. Django Reinhardt, Memorial, Vogue 668-30
EP 1952. Pierre Gossez, Philips 432 054
LP 1953. Django Reinhardt et ses Rythmes, Blue Star 6830
78t 1953. Django Reinhardt et son Quintette, Decca 36125
CD 1953-55. Don Byas, Lover Man, Vogue 2115470-2
LP 1954. The Swinging Fats Sadi Combo, Blue Note 5061
LP 1954. Jimmy Raney, Visits Paris, Vogue 882
CD 1954. Jimmy Raney visits Paris, vol.2, Vogue 2143480-2
LP 1954. Bobby Jaspar & his Modern Jazz, vol.1, Swing M33 333
LP 1955. Maxim Saury & his New Orleans Sound, Ducretet-Thomson 250V005
LP 1955. Bobby Jaspar-Don Rendell, Rencontre à Paris, Swing 33344
LP 1955. Don Byas et ses Rythmes, Vogue 275-30
LP 1955. David Amram-Bobby Jaspar Quintet, Swing 33355
LP 1955. Stéphane Grappelli, Improvisations, Barclay 81092/93
45t 1956. Bob Garcia Quartet, Ducretet-Thomson 460V215
45t 1956. Armand Migiani All Stars, Polydor 20704
LP 1956. Joe Newman, Vega 25S758
CD 1957. Barney Wilen, Tilt, Vogue 655621
LP 1957. Kenny Clarke, in Paris, vol.1, Swing 8411
45t 1957. Kenny Clarke plays Pierre Michelot, Columbia 1176
CD 1958. Sarah Vaughan à Paris, Mercury/Universal 532 651-6
LP 1958. Henri Crolla, Notre ami Django, Hommage de ses Compagnons, Vega 30S805
45t 1958. Kenny Clarke joue Christian Chevallier, Columbia 1222
45t 1960. Bill Coleman et vous avec ces beaux yeux, Polydor 21753
CD 1963. Elek Bacsik, Guitar Conceptions, Fontana/Universal-Gitanes 542 231-2
LP 1963. Benny Carter & the Stanley Wilson Orchestra, The World of Sight and Sounds, Stop One: Paris, Charter 105
CD 1963. Benny Carter, Take the ’A’ Train, Fresh Sound 306
45t 1963. Maria Vincent, Philips 432 982
CD 1963, Pierre Michelot, Round about a Bass, EmArcy 832309-2
LP 1964. Pierre Gossez, Come Bach, Fontana 5335, Barclay 80 251
45t 1964. Maria Vincent, Philips 434 858
LP 1964. Boulou by Boulou Ferré, Parus All Stars dir. Alain Goraguer, Barclay 80 254
LP 1964. Les Baroques, Bach, Corelli, Vivaldi, Vivants!, Vogue 3013
LP 1965. Ensemble sous la direction Pierre Gossez, Le Second Come Bach, Barclay 80 273
45t 1965. Claude Nougaro, Armstrong, Philips 437 153
45t 1966. Maria Vincent, Philips 437 235
45t 1966. Maria Vincent, Columbia 8.60
LP 1966. Guitars Unlimited, Barclay 82398
LP 1966. Paris All Stars, Barclay 80 311
LP 1968. Big Jullien and his All-Stars, Riviera 521102
45t 1968. Claude Nougaro, Paris Mai, Philips 370747
LP 1969. What’s New...Barney Kessel?, Mercury 135 720
LP 1970. Piano Puzzle, Saravah 10011 à 10015
45t 1970. Claude Nougaro, c’est ça la vie, Philips 6009-067
LP 1971. Stan Getz-Michel Legrand, Communications, Verve 2304105
CD 1973. Stéphane Grappelli/Jean-Luc Ponty, Accord 556552/
America 30AM 6139
CD 1974. Stéphane Grappelli & his Friends in Paris, Accord 500762
LP 1975. Claude Nougaro, Femmes et Famines, Barclay 90 025
LP 1975. Georges Delerue, sound track (film Calmos), Black & Blue 33400
LP 1975. Stéphane Grappelli plays George Gershwin, Festival 205
CD 1976. Stéphane Grappelli plays Cole Porter, (Festival 240),Universal-Gitanes 014 061-2
LP 1976. Claude Nougaro, Comme une Piaf, Barclay 62 261
LP 1976. Claude Cagnasso, Five Compacts, 1-2-3 Records no12 (réédition 1982, Plein Jazz, Vendémiaire)
LP 1977. Vladimir Cosma, Nous irons tous au paradis, Déesse 157
LP 1977. Chet Baker, B.O. Flic ou Voyou, musique de Philippe Sarde, Cobra 37021
LP 1977. Claude Nougaro, Mon Disque d’Eté, Barclay 62 328
LP 1977. Stéphane Grappelli, + Cordes, Festival 685
LP 1978. Claude Nougaro, Nobody Knows, Barclay 62 550
LP 1980. Kenny Clarke, To Day, Night & Day 1000
LP 1980. Kenny Clarke, To Day, Night & Day 1001
LP 1980-81. Kenny Clarke, Live in Paris, série Jazz Club, Music for Pleasure 056-64848
LP 1983. Michel Leeb, Bouffi Woogie, Barclay 100.296
CD 1983. Colette Magny, Chanson pour Titine, Chant du Monde 274776
LP 1983. Sacha Distel, My Guitar and All That Jazz, Carrère 67975
CD 1991. Daniel Humair Surrounded 1964/87 (compilation), Blue Flame 40322
CD 1998. Biréli Lagrène, Blue Eyes, Dreyfus 36591-2


VIDEOS

RTF-Django Reinhardt depuis le Club Saint-Germain, 1951
http://www.ina.fr/audio/PHD85017108

Don Byas (ts), Maurice Vander (p), Jean-Pierre Sasson (g), Jacques Medvedko (b), Benny Bennet (dm),19 avril 1951, «Georgia»
https://www.youtube.com/watch?v=gLuIwY4GQSI


Django Reinhardt (g), Maurice Vander (p), Pierre Michelot (b), Jean-Louis Viale (dm), 10 mars 1954, «Insensiblement»
https://www.youtube.com/watch?v=iitckSWqvpY


Maurice Vander (p), Benoît Quersin (b), Jacques David (dm), 1955, «Get Happy»
https://www.youtube.com/watch?v=q6gVMh53K_Y


Joe Newman Orchestra, 1956, «Blues on the Champs-Elysées»
https://www.youtube.com/watch?v=xWmVefFygZY

Maurice Vander (p), Pierre Michelot (b), Kenny Clarke (dm), 1961 «I’ll Remember April»
https://www.youtube.com/watch?v=AYH3Fd_horY


Maria Vincent (voc), possibly Roger Guérin (tp), Maurice Vander (p), 1963, «C’est la vie»
http://www.ina.fr/video/I07097470

Maurice Vander (org), Pierre Michelot (b), Christian Garros (dm) + Philippe Combelle, 1963, «Blues in the Closet»
https://www.youtube.com/watch?v=5WnyblzUz4A


Claude Nougaro (voc), Maurice Vander (org), Pierre Cullaz (g), Luigi Trussardi (b), René Nan (dm), 1967, «Le Jazz et la Java»
http://www.ina.fr/video/I00019476


Maurice Vander (p), Luigi Trussardi (b), Bernard Lubat (dm), 1970, «Moon River»
https://www.youtube.com/watch?v=V4LgINqzvKM


musique de Philippe Sarde, film Flic ou Voyou, 1977
https://www.youtube.com/watch?v=9-kA5qHNMu8


Ray Charles, Michel Legrand, Georges Rabol (p), Georges Arvanitas (él. p), Rhoda Scott (org), 1982 : «Ray’s Blues»
https://www.youtube.com/watch?v=fiQEzsSMbxA

musique du film Effraction de Maurice Vander (p), 1983
https://www.youtube.com/watch?v=gOpp6Fkp9ws


Le Grand Echiquier d’Henri Salvador, 1987, avec Eric Lelann (tp)
https://www.youtube.com/watch?v=FfIvcEwjPhM


Biréli Lagrène (g), Maurice Vander (p), Chris Minh Doky (b), André Ceccarelli (dm), 1998, «A Foggy Day»
https://www.youtube.com/watch?v=G2dm7l6XT1Q&list=PLoC1hC_Tj9HMan3_Gxktw9hKYrtIjbXfG


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