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Rémi Charmasson Quartet

11 août 2013
Fly Baby, Fly!
Rémi Charmasson Quartet © Jazz Hot n°664, été 2013

Nouveauté-Indispensable
17 titres
Rémi Charmasson (g), André Jaume (cl, s), Drew Gress (b), Tom Rainey (dm)
Enregistré les 8, 9 et 10 mars 2004, Montpellier
Durée : 49' 19''
Ajmi Series 10 (Les Allumés du Jazz)

Je pense avoir été l'un des premiers à interviewer Rémi Charmasson quand il a commencé à prendre son envol. Il a été l’élève d’André Jaume au conservatoire d’Avignon où il obtenu un premier prix en 1987. L’élève et le maître n'ont depuis cessé de jouer ensemble. Sa mère, qui chantait avec une voix extraordinaire, lui a donné la révélation de la musique. Son père lui fait écouter Django et c’était parti. Il est passé par tous les "guitar heroes", par la musique country, par la "pedal steel guitar" et les guitaristes de jazz : Kenny Burrel, West Montgomery... J.P. Ricard l’a ensuite introduit à l’AJMI et il a joué avec nombre de pointures : Jimmy Giuffre, Charlie Mariano, Barre Philipps, Jean-François Jenny-Clark, Randy Kaye, Riccardo Del Fra, Larry Schneider, Barry Altschull, Joe Mac Phee, Bernard Santacruz, François Méchali, Stéphane Oliva, Jean-Marc Montera, Dennis Charles et Charles Tyler avec lequel je l’ai entendu pour la première fois.
Rémi joue avec une concentration extrême, une retenue qu’il lâche subitement pour laisser éclater un lyrisme solaire. Je le sentais justement un peu trop retenu, et j’attendais qu’il se « libère », qu’il se livre à fond : c’est chose faite dans ce disque, publié 9 ans après l’enregistrement, mais qui n’a pas une ride, et qui, je pense, sort au bon moment pour la carrière de Rémi, entouré ici de merveilleux musiciens entre lesquels il y a un partage, un bonheur de jouer ensemble qui exsude dès les premières notes. Quant à Drew Gress c’est un bassiste hors pair, Uri Caine me disait qu’il était le seul à pouvoir le suivre dans toutes ses circonvolutions, à lui fournir cette complexité rythmique. Tom Rainey est l’alter ego du bassiste ; ils ont une longue pratique commune. Avec une telle assise rythmique, Jaume (qu’on ne présente plus, mais dire quand même qu’il est l’un des meilleurs jazzmen sur ses instruments) et Charmasson ne pouvaient que s’envoler. Sur « Fushia Norval » de Frank Lowe, le ténor rageur et la guitare saturée ouvrent le bal. On peut admirer le tapis du batteur et son magnifique soutien aux deux solistes sur « Rock Me ». Ah ! les entrelacs basse-batterie, le chant sublime du soprano sur toute la tessiture, et la guitare dans le même lyrisme sur « White Horses ». Et le chant sublime du soprano avec basse et batterie en contrepoint sur « The Naked Truth ». Tout est à citer, ajoutons encore «Oubliés » sur un beau motif mélodique de Charmasson présenté à l’unisson ténor guitare, et chacun à la suite part en solo, sur un soutien d’enfer, et « Fumaccia » pour Jaume à la clarinette.
Chez Charmasson il y a du Santana pour la mélodie, le groove et la puissance d’Hendrix, la délicatesse et les subtilités d’un Wes Montgomery ; tout cela avec un swing inaltérable : bref, dans ce disque il a atteint une maturité qui depuis n’a pas cessé de s’épanouir. Le feu qui couvait peut jaillir du volcan.
Serge Baudot