From Beat to Beat, Memoirs of the Man of the Harmonica
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25 fév. 2010
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50 Years of Music and Cinema as experienced
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Par Franco De Gemini 260p. Cosi insegnai a Charles Bronson ad impugnare l’armonica…
Peu
de gens connaissent son nom. Pourtant c’est l’un des plus illustres musiciens
du cinéma. Il en est pour la bande son du western de Sergio Leone, Il était
une fois dans l’Ouest, comme pour celles du
Troisième Homme ou Un
homme et une femme, personne n’a pu éviter
de l’entendre. « L’homme à l’harmonica », qui a interprété et rendu
célèbre la musique d’Ennio Morricone, c’est lui, Franco de Gemini.Et
cet harmoniciste n’en était pas à son coup d’essai. Il avait déjà participé à
aux enregistrements des musiques d’Alessandro Cicognini, dans le film de Luigi Comencini, Pain amour et fantaisie, d’Ennio Morricone dans Pour une Poignée
de dollars de Sergio Leone et de Leonard
Bernstein dans West Side Story…
En cinquante ans de carrière qu’il a fêté l’an dernier, Franco de Gemini a
interprété plus de 800 partitions de musique de film ! La
carrière de Franco de Gemini, qui est né le 10 septembre 1928 à Ferrare
(Emilie-Romagne, Italie) ville où virent également le jour trois autres fortes
personnalités, Savonarole (XVème), Antonioni et Bassani (XXème),
a commencé modestement au lendemain de la Seconde guerre à… Turin encore sous
les décombres, où le jeune adolescent réfugié s’essaie à jouer de cet
« orgue de rue ». Réussissant au début à décrocher quelques gigs dans des orchestres d’occasion et des dancings
locaux, il parvint à se faire engager dans les formations locales, dont celles
de Cinico Angellini, qui depuis les années 1930 imitait les grandes formations
américaines, et de Berto Pisano, avec lequel il grave son premier disque.
Néanmoins, l’homme est ambitieux et l’artiste ne manque pas de culot qui fonde
le Club Armonicisti Torinesi,
dont il fut longtemps le seul professeur… sans élève, inventant et découvrant
seul sa technique instrumentale.Il
commence alors à travailler pour la RAI
et la télévision italienne, rencontrant les plus célèbres compositeurs
et chefs d’orchestre italiens de la seconde moitié du XXème siècle,
c’est-à-dire à l’Age d’or du cinéma italien : Comencini et Alessando Cicognini, Morricone et Leone, Trovajoli et De
Santis, Umiliani et Scattini, Micalizzi et Petri… Mais la notoriété dépassant
les frontières, il est déjà de la réalisation de West Side Story de Bernstein et Robbins en 1961.Cette
biographie est composée d’anecdotes, souvent amusantes, qu’il rapporte sur le
ton de la conversation, mais également d’expériences riches en émotions et en
savoirs. Rencontres et séances avec Berstein et Karajan, avec Savina, Moricone,
Rustichelli… circonstances et commentaires sur des sessions musicales
emblématiques de l’histoire du cinéma. Le tout est écrit avec beaucoup de
simplicité et d’humour, dans une langue colorée, Franco ne manquant jamais de faconde
pour dire les choses. L’ouvrage, qui est illustré d’une importante iconographie
et comporte de nombreux témoignages ainsi que le catalogue illustré de Beat
Records, est accompagné d’un CD regroupant une sélection de musiques de films.Mais
si la carrière artistique est le fil conducteur de ce parcours professionnel
hors du commun, eu égard au petit instrument pour lequel l’adolescent « se
croyait doué », plus impressionnante est la réussite professionnelle du
chef d’entreprise et de l’acteur économique qu’est Franco de Gemini. Sans jamais
s’étendre longuement sur le sujet, conservant à l’ouvrage son ton divertissant,
on apprend que l’homme ne s’est pas arrêté au Club Armonicisti Torinesi. En véritable capitaine d’industrie, il évoque la
création de Beat Records en 1968
(l’année d’Il était une fois dans l’Ouest) et en 1985 de Pentaflowers,
maison d’édition propriétaire des droits de la plupart (environ 1000) des
musiques du cinéma italien. Il nous raconte l’intégration progressive de ses
enfants dans l’entreprise familiale. Car, en contre plan, apparaît la famille,
avec une personnalité centrale dans cette saga, toujours discrète mais fortement
présente, Luciana, l’épouse sûre et fidèle sur laquelle l’homme s’est appuyé
avec une confiance étonnante.Car
l’individu ne s’en laisse jamais conter. Son talent d’organisateur, une fois
encore fait merveille, dans la période qui consacre la mondialisation des
activités culturelles dans les années 1990. Son investissement dans la défense
des droits d’auteurs et des artistes avec la création de la l’EMCA (European
Music Copyright Alliance) a été déterminante. Et c’est sur une anecdote en ce
domaine que s’arrête le récit de ce self made man à l’italienne.Les anecdotes, les histoires
rendent compte de l'atmosphère de moments artistiques et humains signifiants.
Néanmoins, on peut regretter que l’ouvrage se soit limité à l'aspect
public le plus apparent du métier. Car cette présentation de l'apparence ne
saurait suffire à traduire une réalité aussi confus qu’hétérogène, aussi
compliquée que composite. Le fond des choses suggéré dans le récit laisse
le lecteur sur sa faim. D’autant que l’auteur, se trouvant au lieu géométrique
d’un ensemble complexe, aurait pu fournir des informations indispensables à la
compréhension de la situation surprenante du monde de la musique. La
circulation de la musique et du cinéma ont été d’un poids considérable dans la
mise en place du processus de mondialisation des échanges, tant au plan
économique que comportemental des hommes, aboutissant à une transformation
profonde des mentalités. Le livre très amusant, par certains côtés, y
répond ; Franco de Gemini est un personnage haut en couleur et chaleureux.
Mais également Vice-Président de la SIAE, chargé des Relations avec les
sociétés d’auteurs du monde entier, il possède un savoir, une richesse, une intelligence des
choses que ses mémoires ne rendent que bien imparfaitement. Pour
le centenaire de Beat Records aurons-nous le droit, comme le suggère malicieusement
Franco à la fin de son propos, à un second ouvrage de réflexions sur le monde
de la musique et du cinéma, en Italie dont il a été un acteur majeur en cette
seconde moitié du XXème siècle mais également dans le monde, en tant
qu'artiste et musicien, en tant que producteur et acteur économique, en tant
qu'opérateur dans les relations internationales tant économiques que
politiques ? Félix
W. Sportis (info@beatrecords.it) CD. Isogni della musica,
Colonna sonora originale del libro : From Beat to Beat, Beat Records Company 001
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