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Gérard Badini

25 oct. 2025
16 avril 1931, Paris 10e - 25 octobre 2025, Equemauville, Calvados
© Jazz Hot 2025

Gérard Badini, Vienne, 1987 © Pascal Kober
Gérard Badini, Vienne, 1987 © Pascal Kober

Gérard BADINI

 La Force du Destin

                                «Je suis né à Paris en 1931. Mon père était professeur de chant à la Scala de Milan. A trois ans, je
                                connaissais tous les opéras. J'ai découvert le jazz à dix-sept ans et par Bechet… 
En janvier 1950,
                                j'ai réuni tout ce que j'avais reçu comme étrennes. Hélas! Je n'avais
pas de quoi m'acheter une
                                trompette… J'ai tout juste pu faire l'acquisition d'une vieille clarinette…»
                                                                                                                                    (Gérard Badini, Jazz Hot n°140, 1959)

Gérard Badini est parti rejoindre les spirits du swing et du son le 25 octobre 2025. Dire qu’il a connu et travaillé avec des centaines de musiciens (cf. *Dans JAZZ HOT, infra) sur les deux rives de l’Atlantique, en Afrique, n’est pas exagéré. Comment un tel appétit lui est-il venu? Par l’immersion… sans s’en rendre vraiment compte dans la petite enfance par le chant, puis à 14 ans car le jazz est partout répandu dans l’espace et sur les ondes avec le label «liberté», puis par la curiosité attisée chez un disquaire; enfin par une véritable extase, quasi religieuse, communiquée par les vibrations du «Summertime» de Sidney Bechet (www.youtube.com/watch?v=_sy_
OcEXxgo), il a 18 ans. Car si Gérard voit les orchestres de jazz liés à la notion de «Libération» de Paris, entre Glenn Miller (cf. vidéographie 1991) et Benny Goodman, écoute la radio de l'American Forces Network (AFN), les disques de Louis Armstrong, Barney Bigard, Earl Hines, Sid Catlett, Mezz Mezzrow, Erroll Garner, Coleman Hawkins…, c’est en effet au Festival de Paris, salle Pleyel le 8 mai 1949, avec Charlie Parker et Sidney Bechet, qu'il est profondément touché par LE «Summertime» de celui qui vient de choisir la France, pour la seconde fois, et pour y finir sa vie dix ans plus tard, l’année triste (1959: décès de Lester Young, Sidney Bechet, Boris Vian, Billie Holiday): chacune de ses notes vibre de lyrisme et de sacré dans l’âme de Gérard, rappelant les opéras de son père et sa chorale d’enfance de Saint François de Sales. Devenu clarinettiste de jazz en autodidacte, de surprises parties privées en Kentucky Jazzclub et autres petits lieux parisiens dédiés, trois ans plus tard (avril 1952), Gérard fait la première partie du concert de Sidney Bechet à Pleyel, un engagement gagné lors du Tournoi des amateurs de Charles Delaunay par l'orchestre de Michel Attenoux (ss). La première photo de Gérard dans Jazz Hot date d’octobre 1953; c’est une publicité pour un facteur d'instruments, qui avait alors l'élégance de rendre à Jazz Hot ce que Jazz Hot a apporté au jazz et à son commerce, marque pour qui il travaillera 25 ans plus tard!
En 1954, avec Sidney Bechet et toujours dans la formation de Michel Attenoux alors composée de Guy Longnon (tp), Raymond Fonsèque, Bernard Zacharias (tb), André Persiany (p), Buddy Banks (b), Jacques David (dm), Gérard tourne avec celui qui a transformé son projet de vie, parcourant la France, la Belgique, et la République fédérale d'Allemagne (cf. vidéographie 1954). A Paris, le jeune orchestre s'installe aux Trois-Mailletz et se régale de pouvoir accompagner des talents d'Amérique: Peanuts Holland (tp,1910-1979), Jimmy Archey (tb,1902-1967), Lil Armstrong (p,voc,1898-1971), Bill Coleman (tp,1904-1981), Benny Carter (cf. vidéographie 1994), Nelson Williams (tp,1917-1973), Zutty Singleton (dm,1898-1975) notamment. Depuis sa révélation au jazz en mai 1949, Gérard campe «Chez Maud» avenue de Villiers, une disquaire qui étanche sa passion pour Duke Ellington et Don Byas (ts,1912-1972), ses maîtres, le premier en orchestration, le second en son au point de l’attirer au sax ténor en 1958 avec son envoûtant «Laura» (www.youtube.com/watch?v=f-vgA3V8O30) et son lyrisme si proche de la tradition du chant, si déterminante également dans l'héritage italien. Don Byas lui aussi, habite Paris depuis 1946 où il est arrivé avec Don Redman pour une tournée européenne et il s'y est installé; étant sur place, Don est engagé par l'orchestre en tournée de Duke Ellington en avril 1950… Gérard Badini est d'ailleurs, par la sonorité et l'ancrage dans le jazz de la tradition des ténors, l’un des héritiers les plus plus remarquables de ce grand oublié qu'est Don Byas.



La Forza del destino aurait dit Giuseppe Verdi! Gérard abandonne ses études de droit et sa carrière d'avocat ambitionnée par sa maman, pour apprendre le jazz tout seul! Autodidacte invétéré, Gérard jouera aussi du piano, de la flûte, du sax alto et C-Melody, maîtrise la lecture à vue des partitions en formation accélérée en 1955 avec Jean Lixi, soliste de la Garde Républicaine. Ses atouts ancrés dans le chant, ses capacités d'adaptation instrumentales, la patience d’apprendre la vie et l’histoire du jazz et de l’Afro-Amérique, la soif de jouer, et son énergie feront de lui un musicien complet, prisé, occupé, avec des activités et des projets sans cesse renouvelés. Du music-hall aux compositeurs-pianistes classiques Claude Debussy et Alexandre Scriabine, il mettra le son et le swing du jazz partout dans sa musique et sa vie.

En 1955, Claude Bolling lui propose de jouer pour une première musique de film, puis ils travailleront ensemble du trio au big band, du cross over à la variété et au jazz, des studios radio, TV, cinéma, disques, aux tournées internationales jusqu'en 1976: un apprentissage indispensable tout terrain du quotidien d'un musicien et de la formation d'un leader, des aspects qu'il creusera aussi chez Jack Diéval avec lequel il aura une longue conversation musicale (1958-1994). Parmi ses autres rencontres du début tracées dans le temps discographique, rappelons entre autres Michel Attenoux (1952-1976), Raymond Fonsèque (1952-1973), André Persiany-i (1953-1976), Georges Arvanitas (1955-1962), Claude Gousset (1955-1980), Jean-Claude Naude (1956-1976), Geo Daly (1958-1962), Jacques Denjean (1958-1964), Dany Doriz (1962-1976), Pierre Sellin (1962-1976), François Guin (1962-1973), Cat Anderson (1965-1977), Sam Woodyard (1965-1980), Paul Gonsalves (1965-1969).


1954. Sidney Bechet avec Michel Attenoux et son Orchestre, Bruxelles 1954, Vogue1961. I Giganti Del Jazz Vol. 90, Curcio (1 titre avec Gérard Badini Big Band, sorti en compil. en 1982)1963. Duke Ellington and Alice Babs, Serenade to Sweden, Telestar1964. Memphis Slim, Clap Your Hands, Fontana

                
                «Il (Duke Ellington) est arrivé avec son élégance légendaire… Il est venu saluer chacun de nous, 
                on avait l'impression de se connaître depuis toujours… Quand je me suis retrouvé sur le trottoir
                de l'avenue Hoche, 
c'était comme si je venais de vivre un rêve (ndlr: à propos de l'album Serenade
                to Sweden en 1963)… 
J'ai aussi participé aux séances pour la musique du film Paris Blues sous la
                direction du Duke et de Bill Byers(1)»
                                                                          (Gérard Badini, Jazz Hot n°415, 1984)


Pour réaliser ses rêves de jouer avec Sidney Bechet, Duke Ellington, Don Byas, Paul Gonsalves, Sam Woodyard, Eddie Lockjaw Davis…, Gérard Badini a rapidement acquis les moyens techniques pour se concentrer sur les apprentissages d'expression en live par transmission orale du son et du swing, grâce à une immersion culturelle, d'abord au contact des Américains de Paris puis au pays natif du jazz (1972-1979); sans doute sa culture italo-musicale a-t-elle joué un rôle important dans cette envie de voyages en Amérique et dans sa capacité à investir un nouvel univers.

En octobre 1958, Gérard grave à la clarinette son premier album en leader chez Pretoria à Paris: Gérard Badini et ses Swingers avec Claude Gousset (tb), Geo Daly (vib), Georges Arvanitas (p), Jean-Pierre Sasson (g), Charlie Blareau (b), Marcel Blanche (dm). Le mois suivant, il fait partie de l’orchestre de la TV française qui accompagne les dernières notes bleues parisiennes de Billie Holiday, un instant de magie dont il ne reste aucune trace sonore semble-t-il.

Gérard enregistre beaucoup en sideman, mais il attendra quinze ans, en décembre 1973 à son second retour de Newport où il a puisé un surplus de confiance en lui dans la fraternité et la reconnaissance new-yorkaise, pour faire son deuxième disque en leader Gérard Badini and the Swing Machine avec Xavier Chambon (tp), Marc Hemmeler (p), Jack Sewing (b), Michel Denis (dm) remplacé pour la deuxième session en février 1974 par Bobby Durham (dm), chez le jeune label Black & Blue (cf. Jean-Pierre Tahmazian,* Dans JAZZ HOT, infra).


1965. Cat Anderson/Claude Bolling & Co, Philips1969. Paul Gonzalves/François Guin, Avec Les Swingers et Les Four Bones, Riviera1974. Major Holley, Mule!, Black & Blue1974. Helen Humes, Sneaking Around, Black & Blue


Pour sa deuxième expédition américaine à l'été 1973, Gérard n'avait pas oublié son ténor, très impatient de faire des jams, in the tradition!


                 … J'ai eu plusieurs occasions de jouer dont une avec Roy Eldridge au Jimmy Ryan’s… Je m'attendais
                 à ne trouver que de la musique très moderne. En fait, ce fut plutôt 
le contraire, et je me suis aperçu
                 qu'un musicien comme Illinois Jacquet, jouant douze 
mesures au Radio City Music Hall devant 7000
                 Noirs, cassait la baraque comme vingt ans auparavant… 
J'étais invité à des parties avec Ray Bryant,
                 Tommy Bryant, Oliver Jackson, Panama Francis, Paul Quinichette, etc. 
C'était formidable d'être du
                 jour au lendemain mêlé à tous ces gens tellement simples et enthousiastes… 
Disons que Paul (Gonsalves)
                 et Lockjaw (Eddie Davis) sont les deux saxophonistes qui m'ont le plus impressionné, b
ien que pour moi,
                 je le dis à nouveau, le Maître, le Professeur, c'est Don Byas! C'est lui qui surclasse tous les autres.»
                                                                                                                            (Gérard Badini, Jazz Hot n°329, 1976)


Au Jimmy Ryan’s, Roy Eldridge, avec lequel il avait déjà partagé la scène en 1970 à Antibes, lui présente Major Holley (b,1924-1990), Jimmy Rowles (pianiste de Billie Holiday et Ella Fitzgerald), Al Grey (tb), Eddie Locke (dm). Ils jouent devant le Count Basie Orchestra venu en spectateur; Freddie Green, le recruteur de la formation propose à Gérard de remplacer Eddie Lockjaw Davis qui part, mais Gérard n'accepte pas car il doit jouer à Pescara le lendemain avec François Guin et Les Swingers. En Europe, entre 1973 et 1976, Gérard joue et enregistre avec des Américains en visite: Helen Humes, Major Holley, Gerry Wiggins (p), Ed Thigpen (dm), Milt Buckner, Jimmy Woode, Jo Jones, Earl Hines, Buddy Tate, Lionel Hampton, Cootie Williams et avec le pianiste chicagoan Eddie Higgins début 1974. Aux Etats-Unis, le jazz est affaire de terroirs, de familles…

En mai de cette année 1974, Duke Ellington et Paul Gonsalves décèdent, deux ans après Don Byas; à l'été, Gérard participe à la première Grande Parade du Jazz à Nice de George Wein et Simone Ginibre qui programment un grand nombre de musiciens américains(2) où Gérard fait partie le 18 juillet aux Arènes de Cimiez du Tribute to Count Basie avec Wallace Davenport, Ruby Braff, Bill Coleman (tp), Vic Dickenson (tb), Buddy Tate, Eddie Lockjaw Davis (ts), George Wein (p), James Leary (b), Panama Francis (dm), Willie Mabon (voc), un live enregistré chez RCA. George Wein reprendra Gérard en 1975 et 1976 à Nice, l'incitant à partir aux USA.


1974. Collectif, Tribute to Count Basie, RCA1975. Milt Buckner/Gérard Badini/Jimmy Woode/Panama Francis/Sam Woodyard, A Night at The Popcorn, Black & Blue1976. Lionel Hampton, Ring Dem Bells, Blue Star1977. Cat Anderson, Cat Speaks, Black & Blue


Après un printemps triste et un été de rêve, le 15 septembre 1974, l'attentat antisémite du Drugstore Publicis, situé au coin du boulevard Saint-Germain et de la rue de Rennes, fait deux morts et plus de trente blessés. Ce point de rencontre, surnommé par les jazzmen américains depuis son ouverture en 1965 la Green Star, à cause de l'enseigne de la pharmacie visible à ce carrefour, est très fréquenté par les cats pour sa galerie marchande ouverte toute la nuit sur cette Rive Gauche des clubs. Suivent lors de cet automne endeuillé, de nombreux remous sociaux, ce qui finit de paralyser l'activité du pays, dont le jazz: Gérard Badini décide alors de retourner aux Etats-Unis pour la troisième fois en quête de ferveur jazzique. En octobre à New York, il fait partie d'un big band pour l’hommage à Duke Ellington comprenant plusieurs de ses anciens musiciens, dont Aaron Bell (b,1921-2003), Sam Woodyard (dm) que Gérard retrouve avec une joie intense après six ans sans nouvelles du batteur depuis 1968 (l'année de l'assassinat de Martin Luther King, Jr.), Francis Williams (tp,1910-1983), Russell Procope (s,cl,1908-1981), Ray Copeland (tp,1926-1984)… et Randy Weston au piano. En novembre à Chicago où il s’est fait un nouveau réseau grâce à Eddie Higgins, il joue avec Bobby Hackett et le Dave Remington Big Band.

Au retour de cette Amérique agitée par la démission de Nixon suite au Watergate, Gérard arrête son activité en studio dans les big bands de Michel Legrand, Vladimir Cosma, Jacques Denjean, Jean-Claude Naude, Claude Bolling et Ivan Jullien pour relancer sa propre formation, ayant encore pris de la graine aux USA; la Swing Machine repart de plus belle début 1975 avec Sam Woodyard que Gérard a ramené à Paris; il s'adjoint aussi Raymond Fol (p) et Michel Gaudry (b) avec lequel il travaille de 1961 à 1994; «une des meilleures rythmiques de ma carrière!» dira-t-il. Se succèderont au sein de la Swing Machine, Claude Gousset (tb), Alain Jean-Marie, Hervé Sellin (p), Jean Bardy (b), Sonny Payne, Philippe Combelle, François Laudet (dm).


                           «Ce sont les musiciens américains qui m'ont révélé à moi-même et je veux le dire haut et fort… 
                           Ce sont Lionel Hampton, Benny Carter, Duke Ellington, Roy Eldridge, Clark Terry qui ont cru en
                           moi 
et qui m'ont encouragé, qui m'ont fait comprendre par leur attitude que je faisais partie de
                           la famille… 
Elle (Helen Humes) me disait: "Tu joueras un peu; ça te fera 100 dollars!"»
                                                                                                          (Gérard Badini, Jazz Hot n°583, 2001)


De nouveau, les répercussions négatives de la crise pétrolière de 1973 sur l'activité en France font que Gérard se décide à repartir une quatrième fois le 6 juin 1977 pour l'été, avec quelques solides points d'appui sur place: George Wein (qui le programme à Newport 1977), Helen Humes, Scott Hamilton, Buddy Tate, et un contrat pour les Highlights in Jazz de Jack Kleinsinger, l’ami de George Wein. En parallèle, Gérard forme une Swing Machine made in USA avec Gerry Wiggins, Norman Simmons, Dick Katz, Hank Jones (p), Major Holley, Reggie Workman (b, Jazz Hot n°672, 2015) et Ronnie Cole, Clyde Lucas, Oliver Jackson (dm). Comme on s'en doute, avec un tel all stars, la mayonnaise prend, et Gérard reste plus de deux ans! Embauché comme enseignant d'histoire du jazz à l'Artists for Environment Foundation de Columbia, NJ, il s'intègre facilement dans les parties privées des musiciens et noue une amitié avec Ruth Ellington, la sœur de Duke qui a conservé le piano blanc du Maestro; Sonny Greer, Eddie Barefield, Zoot Sims, Lee Konitz, Phil Woods, Clark Terry, Andy LaVerne viennent encore élargir son éventail professionnel. Puis il y a ceux qui souhaitent aussi avoir son avis à propos des saxophones Selmer(4), comme entre autres Stan Getz, Sonny Rollins, Sonny Stitt, Illinois Jacquet, Dexter Gordon, Johnny Griffin, Art Pepper, Richie Cole, Arnett Cobb, Chico Freeman… Ce qui lui crée un poste de conseiller technique jazz effectif chez le facteur d'instruments à son retour en France et jusqu'en 1987 où Michel Leeb propose à Gérard un contrat long avec sa Super Swing Machine. Chez Selmer, Gérard organisera aussi des cours collectifs et particuliers; à presque 50 ans, il est temps de transmettre!

Rentré en 1979 pour éviter les problèmes de visas, Gérard reforme la french Swing Machine et sort l'album French Cooking, à partir d'un programme initialement élaboré pour la fondation du New Jersey. C’est le premier des deux albums avec ce titre –en clin d'œil du gourmand gourmet– gravé chez Vogue en 1980 avec Alain Jean-Marie (p, Jazz Hot n°681, automne 2017), Michel Gaudry (b), Philippe Combelle (dm), Gérard Badini assurant le ténor et la percussion africaine car il revient du Sénégal où il a joué avec Manu Dibango; puis Gérard reprend ses habitudes à la Grande Parade de Nice…

D'octobre 1982 à juillet 1983 surtout, où il voit l'orchestre de Woody Herman composé de jeunes pousses à Nice, Gérard décide de s'entourer de la nouvelle génération, et de monter avec elle un big band: il recrute Hervé Sellin, le fils de son compagnon de pupitre Pierre Sellin (tp,1930-1998), Denis Leloup (tb), Antoine Illouz (tp), Jean Bardy/Riccardo Del Fra/Hélène Labarrière/ Pierre Boussaguet (b), Eric Barret (ts), Dominique Vernhes (acc,s,cl,fl,kb), François Laudet, et s'entoure d'André Villéger (as), François Biensan (tp,comp,arr) et Philippe Laudet (comp,arr). La Super Swing Machine nait à la Saint-Valentin 1984 au New Morning, un rêve qui vient du continuum Ellington-Basie-Hampton-Thad Jones/Mel Lewis. La formation s'installe une fois par mois au Petit Journal Montparnasse dès son ouverture en septembre 1985.


Gérard Badini, Vienne, 1987 © Pascal Kober



Gérard Badini, Vienne, 1987 © Pascal Kober



Mr. Swing Is Still Alive est donc enregistré chez Arpej fin 1985 sous le nom de «Gérard Badini & The Super Swing Machine» qui rassemble Christian Martinez, Philippe Slominski, Eric Mula, François Chassagnite, François Biensan (tp), William Trève, Michel Camicas, Jean-Louis Damant, Daniel Landréat, Jacques Erard, Marc Steckar (tb), Eric Barret, François Debrincon (ts), André Villéger (ss,as,ts), Jean Etève (cl,as), Claude Tissendier (bar), Alain Bernard (p), Pierre Boussaguet (b), François Laudet (dm), Vincent Cordelette (perc), François Biensan (arr), Gérard Badini étant à la direction d'orchestre. A l'été 1986, la formation est programmée à La Grande Parade du Jazz à Nice.

«Paris 11 juillet 1987. Alors que je joue à la Chapelle des Lombards pour un concert de bienfaisance au bénéfice de Clifford Jordan, Sam se joint à nous pour deux fantastiques morceaux. Ce sera la dernière fois…», extrait de l’hommage pour Sam Woodyard écrit par Gérard Badini dans Jazz Hot n°457, 1988: un texte rempli d'émotion, d'admiration et de gratitude.

Avec sa Super Swing Machine dont les participants tournent (Guy Bodet, Louis Vezant, tp, Sylvain Beuf, Hervé Meschinet, Carl Schlosser, s, Michel Goldberg, ts, Jean Aldegon, as, Richard Foy, ts, Philippe Milanta, p, Christophe Le Van, b), Gérard enregistre Certains Leeb Jazz pour Michel Leeb en 1987 avec un engagement à long terme de l'humoriste-chanteur.

En février 1991, sort chez Mantra Gérard Badini Super Swing Machine Meets Claude Debussy, Gérard mène plusieurs vies musicales de front. L’été, Gérard continue ses petits plaisirs en festivals jouant avec Wild Bill Davis, Illinois Jacquet, Benny Carter (Antibes 1994), et alterne ses deux formations: la petite avec Philippe Milanta/Stan Laferrière (p), Christophe Le Van et Michel Denis, et la grande, pour accompagner Nicole Croisille, Dee Dee Bridgewater, Ray Charles, ou jouer au Festival de Munster avec Michel Hausser, menant ce train jusqu'à fin 1995 où Gérard apprend qu'il a un cancer du larynx. Un an plus tard, Gérard achète un Gaveau du début XXe siècle, travaille le piano pour reprendre le chemin des concerts en jouant d’un instrument en plus de la direction d’orchestre. En vue du centenaire de Duke Ellington (avril 1999), il compose, toujours inspiré par les spirits du Duke, de Billy Strayhorn et de Sam Woodyard, de Claude Debussy et Maurice Ravel, sa suite To Duke With Love qu’il gravera dans French Cooking (le second album de ce nom) en 2002.

Sur plus d'une centaine d'albums jazz, Gérard en fera une dizaine en leader, dont les trois derniers seront espacés par ses problèmes de santé: en 1994, Gérard Badini (ts,cl) Swing Machine, Swingin' Marilyn, avec Stan Laferrière (p,voc,arr), Christophe Le Van (b), Michel Denis (dm); en novembre 2002, French Cooking où Gérard, chef d'orchestre, ne joue plus de ténor, avec Sacha Bourguignon, Sylvain Gontard, Fabien Mary, Eric Poirier (tp), Jerry Edwards, Michael Joussein (tb), Stéphane Chausse (cl,s), Dominique Mandin (as), Thomas Savy (ts), Carl Schlosser (ts,fl), Philippe Chagne (bar), Pierre Christophe (p), Brahim Haiouani (b), Robert Ménière, Stan Laferrière (dm), les deux chez Nocturne; et en 2005, Scriabin's Groove-Gérard Badini Super Swing Machine featuring Igor Tchetuev (p) avec Brice Moscardini, Franck Delpeut, Franck Guichard, Sylvain Gontard (tp,flh), Jean-Claude Onesta, Jerry Edwards, Michael Joussein, Pascal Koscher (tb), André Villéger (ss,ts,cl), Olivier Zanot (as), Claudio De Queiroz (as,fl), Michel Pastre (ts), Philippe Chagne (bar), Pierre Christophe (p), Brahim Haiouani (b), Robert Ménière (dm), Stan Laferrière (arr) chez Super Bad Trax, le label de son fils Jérôme, producteur et saxophoniste(3).

En 2001, Gérard avait fait la couverture de Jazz Hot (n°583) et raconté sa vie avec force détails en deux temps, en 1996 puis 2001: car conter était un autre de ses talents vocaux qu’il avait dû aussi réapprivoiser à force d’exigence. On y apprend que le joli coin Trouville-Deauville tient une place particulière dans son histoire familiale et qu'il s'y installe à son retour de New York en 1980 pour fuir les mondanités parisiennes, avec La Mer de Debussy en tête.


                                            «… J'avais découvert une autre mentalité à New York; une véritable fraternité 
                                            entre musiciens, malgré la concurrence terrible qu'ils se livrent…»
                                                                                                               (Gérard Badini, Jazz Hot n°583, 2001)


En 2005, le Festival de Big Bands de Pertuis qui avait déjà programmé Gérard Badini en fait son parrain du festival(5pour son plus grand plaisir comme celui de Léandre Grau, l'animateur de la formidable équipe de bénévoles dévoués au jazz de Pertuis. Nous l'y avons rencontré chaque année, fidèle à ses amitiés et au jazz, toujours disponible pour une conversation et pour transmettre son expérience et sa passion du jazz et de la musique en général. Malgré ses problèmes de santé, Gérard continue sa musique, à se produire, la source de sa bonne humeur et de son caractère épanoui. Il écoute ses disques de piano classique et se régale de nouvelles découvertes.

1994. Gerard Badini, Swingin-Marilyn, Nocturne
Gérard est décédé en établissement de soins à Equemauville(6) non loin de son domicile, à l'âge de 94 ans, après une belle vie, remplie d'énergie, de gentillesse, de rire, de peines, d’aventures, de rencontres, de projets réalisés, parfois bien au-delà de ses rêves d'adolescence dont Marilyn Monroe était un autre joyau et à laquelle il avait rendu hommage en 1994:

«J'ai ainsi été amené, en 1960, à faire partie de l'orchestre d'Yves Montand 
(ndlr: orchestre
en majeure partie d'origine italienne!)… Il connaissait 
mon admiration pour Marilyn. Un soir,
vers huit heures, il m'a téléphoné: 
"Viens dîner, j'ai une surprise pour toi". J'arrive Place
Dauphine. Je sonne, 
on m'ouvre la porte… Marilyn. Elle m'a accueilli avec un "Haiiii Girard"
à faire 
fondre un iceberg… "Vous êtes jazzman? J'aadôre le jazz, les saxophonistes, surtout
les ténors… 
mon regret est de ne pas avoir été Billie Holiday". Tu imagines un peu le choc!…»
                                                                                          (Gérard Badini, Jazz Hot n°512, 1994)


L'équipe de Jazz Hot partage la peine de sa famille et de ses proches.

Hélène Sportis
Photos Pascal Kober
Image extraite de YouTube
Avec nos remerciements

1. Paris Blues de Martin Ritt, 1961
www.youtube.com/watch?v=iBNH4ScPbqU
www.imdb.com/fr/title/tt0055278/fullcredits

2. La Grande Parade du Jazz de Nice:
Simone Ginibre, Jazz Hot Tears n°683, 2018
George Wein, Jazz Hot Tears 2021

3. Jérôme Badini et le label Super Bad Trax,
www.discogs.com/fr/label/19419-Super-Bad-Trax

4. Gérard contribue à développer de nouveaux saxophones dont le
Super Action 80.

5. Gérard Badini, parrain du Festival de Big Bands de Pertuis:
www.festival-jazz-bigband-pertuis.com/35-vu-lu-entendu/vu-2018
www.festival-jazz-bigband-pertuis.com/presentation/g-badini-parrain-du-festival
Comptes rendus * Dans JAZZ HOT, infra

6. www.maisonmerlette.fr/avis-de-deces/avis-de-deces-de-monsieur-gerard-badini-equemauville-25102025


Jazz Hot n°583-2001


GERARD BADINI &
JAZZ HOT


* Dans JAZZ HOT:
• Rubrique «Recherches dans Jazz Hot»: pour connaître les archives sur les musiciens et autres acteurs du jazz cités, les références données dans le présent article n’étant que parcellaires…
https://www.jazzhot.net/PBCPPlayer.asp?ID=2429560
• Table des numéros de Jazz Hot par année:
https://www.jazzhot.net/PBSCCatalog.asp?CatID=692881
• Index alphabétique des Tears en ligne:
https://www.jazzhot.net/PBCPPlayer.asp?ADContext=1&ID=2202601
Table des index de Jazz Hot par rubrique:
https://www.jazzhot.net/PBCPPlayer.asp?ADContext=1&ID=2429540




n°81, octobre 1953: photo de l'orchestre Michel Attenoux (Benny Vasseur, Gérard Badini, Gil Thibaut), publicité Selmer
n°140, février 1959: En Badinant avec Gérard Badini par Philippe Kœchlin
n°177, juin 1962: photo Georges Arvanitas/Gérard Badini/Jean-Pierre Sasson/George Lucas/Peter Giger
n°181, novembre 1962: Jazz à la carte, Dany Doriz Quintet/Gérard Badini/Bill Coleman
n°259, mars 1970: Les musiciens ont la parole: Le Free par Michel Peynet avec Gérard Badini, Georges Locatelli, Jacques Thollot, René Thomas
n°264, septembre 1970: Swingers/Four Bones de François Guin/Gérard Badini
n°299, novembre 1973: photo René Thomas et Gérard Badini
n°303, mars 1974: comptes rendus concerts: Gérard Badini Quintet à l'ORTF
n°318, juillet-août 1975: Gérard Badini et Sam Woodyard au Musée d'Art moderne
n°329, juillet-août 1976: Gérard Badini: To Swing or not to Swing par Jean-Pierre Daubresse, photo Gérard Badini/Eddie Lockjaw Davis
n°394, avril 1982: Gérard Badini Swing Machine à Radio-France
n°396, septembre-octobre 1982: En bref: France: Gérard Badini Swing Machine
n°415 novembre 1984: Les débuts du big band de Gérard Badini par Philippe Bourdin; photo Gérard Badini et Chico Freeman
n°420, avril 1985: Gérard Badini Super Swing Machine à l'Alcazar
n°440, avril 1987: Gérard Badini, 35 ans de swing par Noël Balen
n°457, novembre 1988, Tears: Sam Woodyard 1925-1988 hommage de Gérard Badini
n°489, mai 1992: CD Carl Schlosser Quartet/Gérard Badini, Texas Sound, Timing Show 770292-2
n°512, juillet-août 1994: Gérard Badini rencontre Marilyn Monroe chez Yves Montand par Félix W. Sportis;  
CD Gérard Badini, Swingin' Marilyn, Nocturne 311
n°581, juin 2001: 70 ans et 50 ans de carrière de Gérard Badini au Petit Journal Montparnasse
n°583, septembre 2001, Couverture: Gérard Badini/Jean-Claude Fohrenbach, Gérard Badini, French Cookin’ par Félix W. Sportis (discographie), photos collection Gérard Badini
n°591, juin 2002: Gérard Badini/Stan Laferrière/Louis Mazetier au Jazz Club Lionel Hampton
n°592, juillet-août 2002: CD Gérard Badini/Gilles Thibaut, What Did I Do to Be so Black & Blue, Millenium Jazz 940 574
n°603, septembre 2003: CD Gérard Badini, A Night at the Popcorn, Black & Blue 966.2
n°604, octobre 2003: CD Gérard Badini, French Cooking, Nocturne 335
n°608, mars 2004: CD Gérard Badini, The Swing Machine, Gitanes Jazz/EmArcy 018 417-2
n°614, octobre 2004: Gérard Badini Super Swing Machine au Festival de Big Band de Pertuis
n°615, novembre 2004: CD Gérard Badini, And the Swing Machine, Black & Blue 974.2
n°625, novembre 2005: Gérard Badini au Festival de Big Band de Pertuis
n°628, avril 2006: Gérard Badini, interview sur l'album Scriabin’s Groove par Félix W. Sportis
n°647, novembre 2008: Gérard Badini Super Swing Machine, au 10e Festival de Big Band-Pertuis
Jazz Hot Tears: 2010: Hank Jones; 2015: Clark Terry, Phil Woods; 2018: Michel Camicas, Randy Weston; 2019: Michel Gaudry; 2020: Lee Konitz, Claude Bolling, Manu Dibango, Roger Paraboschi; 2021: Norman Simmons; 2022: Claude Gousset, Jean-Pierre Tahmazian (Black & Blue); 2024: Michel Hausser, Philippe Combelle, Charles Lolo Bellonzi

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DISCOGRAPHIE

1985. Gérard Badini Super Swing Machine, Mr. Swing Is Still Alive, Arpey1991. Gérard Badini Super Swing Machine, Mister Swing Meets Claude Debussy, Mantra1992. Collectif, Blowin' at The District, Hot Club du Gâtinais (1 titre avec Gérard Badini-Carl Schlosser Trio)




1994. Gérard Badini Super Swing Machine, Swingin' Marilyn, Nocturne2002. Gérard Badini Super Swing Machine, French Cooking, Nocturne2005. Gérard Badini Super Swing Machine featuring Igor Tchetuev, Scriabin's Groove, Super Bad Trax

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VIDÉOGRAPHIE

Gérard Badini Super Swing Machine avec Benny Carter en 1994 à Antibes-Juan les Pins, image extraite de YouTube
Gérard Badini Super Swing Machine avec Benny Carter en 1994 à Antibes-Juan les Pins, image extraite de YouTube


Chaînes YouTube de Gérard Badini
Bernard Zacharias (tb), André Persiany (p), Buddy Banks (b), Jacques David (dm), «Summertime», live à Sarrebruck en R.F.d'Allemagne/novembre, et le 7 mars à Bruxelles pour «Society Blues» et «On the Sunny Side of the Street», Vogue
https://www.youtube.com/watch?v=GPrkmbxga-k
https://www.youtube.com/watch?v=DkbPhT63Pi4
https://www.youtube.com/watch?v=uXswgryff68

1957. Gérard Badini (cl), Claude Bolling (p) et son Orchestre, Bernard Hulin (tp), Claude Gousset (tb), Pierre Gossez (ts), 
Pierre Michelot (b), Arthur Motta (dm), «Jive at Five», «Frankie and Johnny», «Jammin' the Blues», Archives INA, 12 septembre
https://www.youtube.com/watch?v=ftEwPSuuodA
https://www.youtube.com/watch?v=gyQCWBL4OoE
https://www.ina.fr/video/I09244516

1958. Gérard Badini (solo cl), Claude Bolling (p) et son Orchestre: 1er rang (de gauche à droite) Robert Fassin, Henri Van Haeke (solo), Roger Guérin, 2e rang René Léger, Maurice Thomas (tp), Gaby Vilain, André Paquinet, Benny Vasseur (tb), 
Jo Hrasko, René Nicolas (as), Marcel Hrasko, Pierre Gossez (ts), Armand Migiani (bar), Géo Daly (vib), Alphonse Masselier (b), Arthur Motta (dm), «High Society», émission Jazzorama, réal. Jean-Christophe Averty, RTF-Studio 4, Paris (rectifications des noms des musiciens par rapport au générique), 16 mai
https://www.youtube.com/watch?v=JLcGwM9vg2Y

1958. Gérard Badini (cl, soliste dans la seconde partie), Claude Bolling (p), Sidney Bechet (ss), Simone Alma (voc) et Robert Fassin, Henri Van Haeke, Roger Guérin, René Léger, Maurice Thomas (tp) Benny Vasseur, Gaby Vilain, André Paquinet (tb), 
Jo Hrasko, René Nicolas (as), Marcel Hrasko, Pierre Gossez (ts) Armand Migiani (bar) Claude Bolling (p) Pierre Cullaz (g) 
Alf Masselier (b) Arthur Motta (dm), «Saint Louis Blues», émission Jazzorama, réal. Jean-Christophe Averty, archives INA, 
RTF-Studio 4, Paris (rectifications des noms des musiciens par rapport au générique), 16 mai
https://www.youtube.com/watch?v=4nSvxeekz9c

1991. Gérard Badini Super Swing Machine, "In the Mood" (Glenn Miller), Antenne2, émission Double jeu, Archives INA, 
28 décembre
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i08149179/badini-super-swing-machine-in-the-mood

1991. Gérard Badini Super Swing Machine avec Michel Hausser, 4e Festival de Munster
https://www.youtube.com/watch?v=QB6BGP4ZMEQ

1994. Gérard Badini Super Swing Machine avec Benny Carter à Antibes-Juan les Pins
https://www.youtube.com/watch?v=9KD8p-jkDF0
https://www.dailymotion.com/video/x7z6o3b

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