Charnett Moffett et Wallace Roney, Marseille 1994
© Ellen Bertet



En 1993, Charnett Moffett débute une collaboration avec Pharoah Sanders (il sera sur le disque du saxophoniste Message From Home, 1996, Verve) et enregistre avec le General Music Project, un collectif réunissant son père, Kenny Garrett, Geri Allen et Cyrus Chestnut, un premier disque éponyme pour Evidence. Durant ces années 1990, le bassiste apparaît sur de très nombreux disques en sideman, notamment auprès de Sonny Sharrock, Sonny Simmons, Mulgrew Miller, Ronnie Burrage, Harry Connick Jr. et, en 1996, Ornette Coleman (Sound Museum: Hidden Man et Sound Museum: Three Women, Harmolodic/Verve). Il poursuit également l’aventure de la Moffett Family et publie quelques projets sous son nom, comme le superbe Acoustic Trio avec Mulgrew Miller et Louis Hayes (1997, Sweet Basil). Il devient en outre membre, en remplacement d’Eddie Gomez, du Manhattan Jazz Quintet comprenant Lew Soloff (tp), Andy Snitzer (ts), David Matthews (p) et Victor Lewis (une douzaine albums entre 1993 et 2007). Parallèlement, il participe à plusieurs bandes originales de films comme The Score (2001, Frank Oz).



Les années 2000, également très actives, sont marquées par un long compagnonnage avec McCoy Tyner auquel il avait rendu hommage dans Jazz Hot lors de sa disparition en 2020.

< Charnett Moffett et Eric Harland
balance du concert McCoy Tyner à Vienne, juillet 2002 © Pascal Kober

v McCoy Tyner, Bobby Hutcherson et Charnett Moffett,
Festival Jazz Baltica, Salzau, 5 juillet 2002, image extraite de YouTube

Pour autant, le rythme des enregistrements en sideman faiblit, car après le boom des rééditions sur support CD des années 1980 et 1990, les majors, pour optimiser leur rentabilité, réduisent les opportunités données aux musiciens d’enregistrer. Dans ce contexte, et pour cette même raison de courses aux profits qu’en 1965-1970, de nouveaux labels indépendants portés par des musiciens voient le jour comme Motéma fondé en 2003 par la guitariste et chanteuse Jana Herzen. A partir de 2008, Motéma, installé dans la Bay Area(3), où Charnett Moffett a vécu avec ses parents et où il finira ses jours, devient son port d’attache. Le label publiera désormais ses albums en leader (cf. discographie) à commencer par The Art of Improvisation où, entre jazz électrique et acoustique, mainstream et free, influences asiatiques et moyen-orientales, la musique reste une affaire de famille avec le fils du bassiste, Max (ou Charnett-Max), batteur comme son grand-père, et sa femme Angela Greenwood, actrice d'origine londonienne, qui est ici récitante. On la retrouve au tamboura sur Treasure (2009) et au chant avec leur fille Amareia sur Spirit of Sound (2013), deux disques toujours dans cette veine mêlant jazz, free, fusion et world music. Il réalise même le rêve d’un disque en solo avec The Bridge: Solo Bass Works (2011-12).

Endeuillé par la disparition d’Angela en 2016, Charnett poursuit néanmoins son parcours avec un enregistrement live, Music From Our Soul (2017), recentré sur le jazz et réunissant un prestigieux casting: Pharoah Sanders, Stanley Jordan, Cyrus Chestnut, Victor Lewis et Jeff Tain Watts. New Love (2019) est son dernier album en leader; Jana Herzen, devenue sa compagne en 2018 et sa seconde épouse en 2020, y participe comme elle l’a souvent fait, en plus de superviser la production.

Hélène Sportis et Jérôme Partage

Photos Ellen Bertet, Pascal Kober, Carol Friedman by courtesy of Blue Note

Images extraites de Youtube, avec nos remerciements

CHARNETT MOFFETT & JAZZ HOT

Jazz Hot n°461, 1989 (article «Le bop nouveau est arrivé»)

Jazz Hot n°640, 2007 (interview, discographie)