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Pharoah Sanders

24 sep. 2022
13 octobre 1940, Little Rock, Arkansas - 24 septembre 2022, Los Angeles, CA
© Jazz Hot 2022

Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers © Jacky Lepage
Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers © Jacky Lepage
 
Pharoah SANDERS

Jazz, Blues & Spiritual

«Je me souviens que mon saxo était en mauvais état. J’avais mis des bandes adhésives tout autour.
La réparation m’aurait coûté plus que je pouvais payer. Je n’avais même pas de quoi prendre le métro.
Je marchais du Village jusqu’à la 90e Rue, la tête dans les nuages, à contempler les buildings, fasciné.
Les gens n’avaient pourtant rien de particulièrement sympathique.[…]
Il m’a fallu m’habituer à tout cela et survivre au jour le jour.»
Pharoah Sanders se souvient en 1995 des années 1962-1964 à New York (Jazz Hot n°524)

«John m'a influencé bien avant que je ne joue avec lui. […]
nous sommes tous deux des musiciens naturels.
» (Jazz Hot n°239)



L’ombre de John Coltrane s’estompe un peu plus avec la disparition de  Pharoah Sanders le 24 septembre 2022, un autre compagnon de route de la formation du légendaire saxophoniste disparu prématurément en 1967; Pharoah Sanders est l'artiste qui, avec McCoy Tyner disparu en 2020, a le plus contribué à immortaliser l’esprit, les valeurs et les recherches de John Coltrane.
Jouant en principal des mêmes instruments que son inspirateur, le saxophone ténor et soprano, Pharoah Sanders était le prolongement le plus naturel et culturel d’un versant essentiel de la personnalité de John Coltrane, la spiritualité, avec pour ces deux musiciens une dimension mystique et religieuse déterminante de leur art, même si dans les années 1960, où leurs routes se sont croisées, il existait également une dimension de cris, de larmes et de colère liée à la période, aux assassinats qui frappaient la communauté afro-américaine dans le contexte de lutte pour les Droits civils. 
La volonté partagée d’obtenir la dignité et l’égalité pour lesquelles est mort Martin Luther King en 1968, et qui fait toujours autant débat en 2022 sur le plan social, humain, en raison d’une inégalité jamais aussi marquée, et d’un racisme toujours aussi virulent, même si la perversité de notre époque en cache la vraie dimension, les nouvelles apparences, accrue quoi qu’en disent les médias et les politiques. Le monde n’a jamais été aussi inégal qu’en 2022, et le racisme qui se cache parfois sous les traits de la xénophobie, de l'exclusion sociale, en France et en Europe aussi, est un des outils les plus actifs, effectifs de l’inégalité.
Pharoah Sanders n’a pas fait que partager le blues, les idées et la spiritualité de son inspiration qu’il a intensément fréquentées de 1965 à 1967: il les a développées, portées à un niveau d’accomplissement artistique qui font du regretté Pharoah un grand classique de l’histoire du jazz. L’émotion que génère son expression portée par un son sans pareil, est aussi intense que celle soulevée par John Coltrane et les grands ténors fondateurs du jazz, Coleman Hawkins, Ben Webster, Lester Young, Sonny Rollins… Pharoah Sanders est en effet un artiste qu’on identifie à l’oreille, comme aux premiers jours du jazz, et qui inspire des milliers d’artistes actuels, même s’ils n’en comprennent pas toujours le fondement culturel, même s’ils n’en connaissent pas la source. La beauté suffit parfois à faire des émules par ricochets.
Hélène et Yves Sportis
Photos par Umberto Germinale, Pascal Kober, Jacky Lepage
Images extraites de YouTube
Avec nos remerciements


Pharoah Sanders, Vienne 2017 © Pascal Kober

Pharoah Sanders, Vienne 2017
© Pascal Kober



Quand il naît à Little Rock, capitale de l’Arkansas, le 13 octobre 1940, Farrell Sanders, enfant unique, est déjà imprégné du blues du Mississippi qui borde l’Etat, il y insiste lui-même dans l’interview qu’il nous a accordée en 1995 (Jazz Hot n°524). Toute la famille chante, et son père, professeur de mathématiques, enseigne aussi la musique, joue à l'église et le chœur de l'église compte aussi la mère de Farrell dans ses rangs. Mais Farrell ne suit pas pour autant d’enseignement académique hors des possibilités familiales. Il s’essaye avec succès en autodidacte sur divers instruments, la clarinette, la flûte et la batterie au lycée, où il reçoit un enseignement complémentaire d’un professeur, Jimmy Cannon, trompettiste originaire de Memphis, Tennessee. Il pratique la clarinette en métal en soliste à l’église, achetée 17,5 dollars et payée à raison de 20 cents par semaine, et le ténor en clubs dans des orchestres de danse de l’époque, du rhythm and blues, se souvient-il. Il écoute tout ce qui lui est possible, Sidney Bechet, Benny Goodman, Artie Shaw, Charlie Parker, etc., et sa première influence au saxophone est Gilbert Capers, un ténor local doué dans sa mémoire d’une belle sonorité. Il écoute et accompagne en particulier des musiciens de blues, des guitaristes surtout avec son ami pianiste, Art Porter, qui fait partie du groupe. Il a ainsi côtoyé dans son adolescence B. B. King et Bobby Blue Bland qui sont passés par Little Rock, car Memphis et Little Rock sont deux villes liées par le Mississippi, la musique et le blues. 
Pour Pharoah Sanders, le jazz n’est alors qu’une étiquette: il pratique la musique de sa culture à laquelle il ne donne pas de nom, entre blues, spiritual et les nouveautés apportées par les tournées et les disques. Il conservera sa vie durant une distance volontaire avec toutes formes d’étiquettes, de classement commercial ou critique, ne reconnaissant pas ces frontières étranges entre jazz, blues et spiritual, un tout dans son art. La musique est pour lui l’expression de Dieu dont il est le médium, et il a gardé toute sa vie cette conviction qu’on entend si clairement dans sa manière de jouer si intériorisée et si extatique.

Elevé dans l’église baptiste qu’il a fréquentée en famille par le chant et la pratique musicale, une église qu’il a quittée plus tard en devenant un croyant «non aligné» (cf. Jazz Hot n° 524), il a conservé cet ancrage dans la spiritualité religieuse et une ferveur qui dominent, avec le blues, aussi bien chez lui que chez John Coltrane, et qui établit cette connexion étroite entre des artistes comme John Coltrane, Albert Ayler, Pharoah Sanders au cours de ces années 1950-60.

Ses premières écoutes marquantes à l’adolescence ont été James Moody et Count Basie grâce aux disques et parfois dans les concerts, au même titre que Duke Ellington et Clifford Brown que lui fait découvrir son prof’ de lycée. Il se passionne enfin dans ces années 1950, si généreuses en matière de ténors, pour Sonny Rollins, Teddy Edwards et John Coltrane à travers Blue Train. Gene Ammons et Thelonious Monk sont enfin parmi les autres musiciens qu’il mentionne dans ses interviews.

Lors son adolescence, se déroule à Little Rock un épisode capital de la lutte pour les Droits civils, connu sous le nom de «The Little Rock Nine». Malgré les «défauts» de jeunesse que Pharoah se reconnaît («j'étais hip…») dans son interview à Jazz Hot, Farrell en a été probablement marqué. Suite à la décision Brown vs. Board of Education of Topeka, le tribunal a ordonné que toutes les écoles publiques des Etats-Unis soient déségréguées. Orval Faubus, gouverneur démocrate de l'Arkansas, s'oppose à la décision du tribunal et tente, le 4 septembre 1957 avec le soutien de la Garde nationale, d'empêcher neufs étudiants afro-américains d'entrer au Central High School de Little Rock. Le président Eisenhower envoie les troupes fédérales pour protéger l'entrée des neuf étudiants qui devient effective, une victoire majeure dans le cours de la lutte pour les Droits civils. Charles Mingus a immortalisé ce moment de lutte par sa composition «Fables of Faubus» en 1959.

Après un diplôme au Lycée Jones de Little Rock, à la fin des années 1950, il part étudier à 19 ans au Junior College d’Oakland, CA, une école communautaire peu coûteuse, où il poursuit des études d’art, car, depuis son enfance, il est passionné par la peinture qu’il pratique également avec conviction. Comme Charles Delaunay, il hésite entre la peinture et la musique, avant que la réalité ne décide pour lui: «Mon oncle m’a acheté un saxophone de 500 dollars, que je lui ai remboursés intégralement. C’était une grosse somme pour moi. Je n’avais pas assez de ressources pour me payer des outils pour la peinture, et le saxophone m’est alors apparu comme un moyen d’expression plus pratique. […] Lorsque vous êtes jeune, et si vous connaissez le blues, vous trouvez toujours un job, surtout si vous êtes capable d’utiliser n’importe quelle tonalité.»

Sur la Côte Ouest, Smiley Winters (dm), Sonny Simmons (s), Robert Porter (tp) et Ed Kelly (p) le préparent au grand voyage de New York qui est déjà le rêve de Farrell devenu Pharoah par homophonie entre son prénom et son surnom en raison de la prononciation. Avec eux, il approfondit aussi bien le blues que les standards et se frotte aux compositions du jazz les plus exigeantes, les plus contemporaines. Il est très concentré sur son apprentissage, apprend le piano, pratique le chant, travaille son instrument avec assiduité, renforce sa maîtrise de la théorie musicale et de l’improvisation, vécue comme une libération de son imagination. 

Il est certain aussi que ses activités musicales et les multiples rencontres en Californie ont inspiré son souhait de rejoindre New York. A court de ressources dans la région d’Oakland-San Francisco, il franchit le pas et part en stop vers New York à l’automne 1962, où il arrive en novembre, une «terre promise» mais pas accueillante où il va zoner pendant deux années, sans domicile fixe: «J’allais dans les buildings et je dormais sous les escaliers avec mon saxophone. Je m’allongeais sur mon manteau. D’autres fois, je passais la nuit dans le métro. La journée, je traînais autour de Washington Square Park. Une fois j’ai vu un endroit où l’on pouvait donner son sang pour 5 dollars, j’y suis allé. Avec l’argent, je me suis acheté une part de pizza à 15 cents et des sucreries. Et j’ai recommencé: je suis retourné donner mon sang. Je ne m’attendais pas à vivre ainsi

Pharoah Sanders, 1994 © Umberto Germinale
Pharoah Sanders, 1994 © Umberto Germinale

Il accepte toutes sortes de boulots à Greenwich Village. C’est ainsi qu’il «travaille» sans être payé dans les cuisines au sous-sol du Playhouse où se produit l’Arkestra de Sun Ra, afin de pouvoir au moins se nourrir et se faufiler à l’étage auprès des musiciens pour implorer John Gilmore d’intercéder auprès du leader pour les remplacements dans l’orchestre. Ils ont été rares, mais Sun Ra a obtenu de le faire travailler à l’étage où joue l’orchestre et a laissé une forte impression chez le jeune musicien: «J'allais dans son appartement où il possède tous ces livres que je n'avais jamais vus auparavant, des vieux bouquins sur l'histoire et d'autres sujets. J'ai beaucoup appris de lui.»

En 1995, la mémoire d’une précision incroyable de Pharoah Sanders se souvient de ses premières rencontres avec John Hicks (p), Billy Higgins (dm), LaMont Johnson (p), et C. Sharpe (Clarence Hardy, 1931-1990, ts) et du montant (35 dollars) de son premier engagement avec son groupe au Speakeasy, non loin du Playhouse, avec Hicks, Higgins et Henry Grimes. «Il ne me restait plus rien, mais mon but était de jouer.» Les artistes de jazz connaissent cette histoire. C’est lors de cet engagement, probablement au début de l’année 1964, qu’il retrouve Eric Dolphy et John Coltrane –croisés à San Francisco en 1959-60– venus écouter le quartet qui joue «inside» selon l’expression de Pharoah (un répertoire, des harmonies et une structure). John Coltrane se produit alors au Half Note et a baptisé Pharoah du surnom de «Little Rock» ou «Rock». Ce n’est pas encore la fin de la vie difficile, et dans son interview déjà mentionnée, Pharoah raconte dans le détail ses errances dans la rue, où il croise d’autres compagnons, artistes d’infortune, comme Joe Chambers, à la recherche comme lui de musique pour l’âme et aussi pour subvenir à l’essentiel, manger, dormir à l’abri, ce qui n’est pas le cas tous les jours. La pratique de la musique est donc littéralement vitale.

1966-68. John Coltrane-Alice Coltrane, Cosmic Music, Coltrane Records 5000



Il doit au hasard –une inconnue rencontrée et un engagement de Don Cherry– de ne pas sombrer, et à John Coltrane de rentrer parfois au Half Note où se produit le déjà célèbre saxophoniste. En 1964, il rentre voir sa famille dans l’Arkansas, ratant la première invitation de John Coltrane à un enregistrement. C’est finalement à San Francisco, où il est retourné en 1965 pour un engagement au Jazz Workshop avec Philly Joe Jones et Vi Redd (as), que John Coltrane lui rend visite lors de sa tournée sur la Côte Ouest. Les deux saxophonistes débutent alors leur collaboration, en 1965. Pharoah intègre l'orchestre, en même temps que Carlos Ward (as), et reste durablement avec la formation de John Coltrane jusqu’à son décès en juillet 1967. Les derniers enregistrements inédits datent de juin 1967 avec Pharoah, Alice (p) et John Coltrane, Jimmy Garrison (b), Rashied Ali (dm) et Algie DeWitt (dm). Après Los Angeles, Seattle, Philadelphie, le groupe de John Coltrane retrouve New York puis enchaîne vers le Japon. Des enregistrements en live retracent une partie de ces étapes (cf. discographie). 

Avec John Coltrane, Pharoah se souvient de ses grandes discussions sur les embouchures et les anches de saxophones, sur les astres, sur les philosophies orientales, sur la nourriture naturelle («les gens mangent un tas d'ordures») et sur la pratique du yoga, tous ces éléments lui semblant aussi indispensables à leur musique. Pharoah reste impressionné par le son et l'énergie –deux qualités essentielles pour lui– que dégage le grand saxophoniste, par son jeu en accords. Pharoah raconte aussi qu’il passe des heures à travailler le son avec l’embouchure, pas vraiment la musique, les accords, mais le son: «En fait, tout est dans l'embouchure. Beaucoup de gens devraient y travailler beaucoup plus.»[…] Oui, vous devez arriver à contrôler votre embouchure, complètement au point où vous pouvez tirer toute la musique que vous voulez… ou plutôt tout y mettre… […] Chaque note doit être façonnée. C'est différent du fait de jouer en suivant une partition par exemple (Jazz Hot n° 239)

Pharoah participe à de nombreux enregistrements de John Coltrane entre 1965 et 1967 (cf. discographie), avec Dave Burrell, Don Cherry, Ornette Coleman, et lui-même a déjà enregistré ses premiers disques en leader, d’abord pour ESP-Disk (Pharaoh/First Album, 1964), label dont il ne conserve pas un bon souvenir (cf. Jazz Hot n°239 et 524): «N'en parlons pas […] vous savez, quand on veut être dans le coup, les cravates et tout le reste…». Après avoir enregistré avec John Coltrane, il intègre Impulse!, le label de son leader, et enregistre, deux ans après, le second disque en leader, Tauhid (Impulse!, 1966), puis Izipho Zam (Strata-Est, 1969) et une longue série pour le label Impulse!: Karma (1969), Summum Bukmun, Umyun (1970), Thembi (1970), Black Unity (1971), Village of the Pharoahs (1971-73), Wisdom Through Music (1972), Elevation (1973), Love in US All (1973)…

Jazz Hot n°239, mars 1968, p17, ouverture de l'interview de Pharoah Sanders interview par Elizabeth Van Der Mei, photos par Guy Kopelowicz
Jazz Hot n°239, mars 1968, p17, ouverture de l'interview de Pharoah Sanders
interview par Elizabeth Van Der Mei, photos par Guy Kopelowicz


Cette période est aussi marquée par l’approfondissement, au cœur de son expression, d'une spiritualité qu'il partage avec John Coltrane, mais aussi avec l’ensemble de la communauté afro-américaine. Après la mort de John Coltrane, il poursuit sa découverte d’autres philosophies, d’autres cultures d’Asie et d’Afrique, dont on trouve la résonance dans sa musique et dans les enregistrements pour Impulse!. L’ensemble de la communauté musicale afro-américaine, confronté à un réel, en tension permanente, est traversée par cette quête. Sonny Rollins l’a évoqué:  la radicalité de ce temps, les combats, les drames, la survie, la recherche de paix, tout concourt à cet état d'esprit. Dans ces moments de grande tension de la société des Etats-Unis, souvent dramatiques, certains artistes disparaissent pour des périodes plus ou moins longues, parfois définitivement. Pour Pharoah Sanders, la spiritualité a certainement été le moyen de traverser ce temps avec une certaine distance par rapport à la dureté du réel, et de ce fait de mieux s'y adapter. Un article de Jazz Hot n°246 traduit le comportement «absent» de Pharoah Sanders quand il se retrouve confronté à ses contemporains, qu'on attribue à la timidité, mais qui correspond peut-être à une distance volontaire établie par le saxophoniste. D’autres compagnons comme Henry Grimes, Albert Ayler, Giuseppi Logan, n'ont pas fait ce choix…

En 1968, Pharoah Sanders est la curiosité du Festival de Jazz d'Antibes-Juan-les-Pins, et, après les événements de Mai 68, la revue Jazz Hot fait un commentaire très élogieux de son concert du 20 juillet, des jam sessions au Early Bird –club de strip-tease en temps ordinaires– des 21 et 22 juillet, qui occupent la nuit grâce au ténor. Pharoah Sanders confie même au rédacteur de Jazz Hot qu'il s'installerait volontiers en France s'il y trouvait du travail (cf. jazz Hot n°242)...

Dans le courant des années 1970-80, les labels India Navigation, Theresa/Evidence, puis Timeless, Soul Note en Europe, Venus Records au Japon, prennent le relais d’Impulse!, et lui offrent un cadre d’expression au-delà des scènes qui se sont raréfiées aux USA avant de se redévelopper dans les festivals en Europe et au Japon. Pharoah Sanders fait une apparition à Paris, au Studio 104 de l'ORTF le 17 novembre 1975, et sa formation reçoit un accueil mitigé de la critique mais enthousiaste du public (cf. Jazz Hot n°322). Pour trancher, il faut écouter l'enregistrement qui nous en est parvenu (cf. la discographie et la vidéographie). Dans ces enregistrements de 1975 à 1995, son inspiration retourne alternativement vers son répertoire personnel qu'il retravaille sans cesse, le répertoire coltranien qu'il honore et celui du jazz de culture (Duke Ellington…) ou des standards, de longues improvisations où la sonorité devient la matière d’un message porté par la spiritualité, jouant comme il le dit inside et outside selon son inspiration, ses rencontres, ses musiciens, croisant en 1991 la route des recherches africaines de Randy Weston (cf. Jazz Hot n°576, n°673 et n°685), des musiciens du Maroc (1994), toujours avec sa manière très «spiritual» de s’inspirer d’autres cultures et un son à nul autre pareil, si ce n'est sans doute une proximité réelle avec John Coltrane, car il a mûri son expression au cœur de la période d'accomplissement de l'art coltranien.


William Henderson et Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers © Jacky Lepage
William Henderson et Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers
© Jacky Lepage


Mais Pharoah affirme  toujours le souci de se différencier de son inspiration, de rester lui-même et le besoin de travailler sans arrêt, de découvrir ce qu’il ne sait pas encore avec beaucoup de simplicité, se reprochant même d'être trop sédentaire. Il a poursuivi curieusement, malgré la crise qui frappe le jazz et de nombreux artistes à partir de 1965, un chemin modeste et prudent, sans trop de problèmes, avec une notoriété certaine mais sans vedettariat, avec son tempérament tranquille, «casanier» comme il le dit, enregistrant régulièrement, invité par Max Gordon au Village Vanguard, mais sans aucune boulimie de tournées, de scènes, présent notamment en Europe mais sans excès jusqu’aux années 1990. Sa musique est dans le cœur des amateurs une vraie extension de celle de John Coltrane, dans sa dimension spirituelle, autant par le répertoire que par la manière et la sonorité. Pharoah Sanders lui apporte sa forte personnalité, sa propre empreinte. La colère, le cri y semble plus rare dans les années 1980-90 que dans les années 1960-70; le spirituel, la recherche de la paix sont devenus omniprésents. Il a d’abord poursuivi une collaboration avec Alice Coltrane jusqu’au début des années 1970, puis il a maintenu des années 1970 aux années 1990 d’autres fidélités avec le monde de John Coltrane comme McCoy Tyner, Elvin Jones avec lesquels il ne manque pas d’honorer la musique et la mémoire de l'aîné révéré: Blues for Coltrane, avec McCoy Tyner, Cecil McBee, Roy Haynes, David Murray, obtient un grammy award en 1987… Dans son orchestre, il avait ses complicités avec les pianistes William Henderson, John Hicks, les bassistes Cecil McBee, Walter Booker, le batteur Idris Muhammad…


Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers © Jacky Lepage



Pharoah Sanders au Festival Jazz Middelheim, août 2008, Anvers
© Jacky Lepage



Dans les années 1990, il ressent le besoin de reprendre une activité plus soutenue. Il se fait plus aventureux avec des musiciens des générations suivantes (David Murray, Khalil El’Zabar…), souvent de sensibilité avant-gardiste, qui l’invitent et se montrent naturellement curieux de ce personnage qui a su rester si 
outside en devenant un classique, un vieux sage, toujours modeste mais imposant, éternellement moderne par son art naturel. 

C’est pour accompagner Bheki Mseleku qu’il quitte Richmond et réintègre New York, où l’activité est plus intense, et il avoue candidement en 1995: «J’ai le sentiment de ne pas avoir assez joué.[…] J’adorerais pouvoir jouer avec Kenny Barron.» Pharoah continue ses tournées avec son fidèle William Henderson au cours des années 2000, portant toujours son message de spiritualité, de paix et sa belle musique méditative qui saisit et bouleverse à peu près tous les publics doués de sensibilité, quand elle est jouée dans un cadre propice à l’écoute et à l’intériorisation des émotions, ce qui n'est pas toujours le cas avec les trop grandes scènes.

Pharoah se prête à des recherches les plus étranges, parfois loin du jazz (Pharoah Sanders & Primative Jupiter Underground, en 2013 à Lisbonne), ce qui souligne son refus de toujours des étiquettes figées. Sa sonorité, sa spiritualité font merveille, son feeling blues, son phrasé, son étirement sans limite du temps colorent tous les contextes de la force de sa personnalité artistique, car son expression, une des voix du jazz, ne change pas, y compris dans ce qui reste son dernier message: l’enregistrement à l’automne 2019 de Promises avec le London Symphony Orchestra, une musique tout entière dédiée à ce son magique, devenu la voix interstellaire de Pharoah Sanders, une voix à nulle autre pareille. Pharoah avait perdu en 2019 son fidèle pianiste William Henderson III.(*)

Pharoah Sanders nous disait en 1995 : «J’ai trois fils et une fille (Naomi Sanders). Ils adorent la musique, mais aucun n’est dans la musique. L’un d’eux est acteur.» Depuis, l’un de ses fils, Tomoki Sanders, est aujourd’hui saxophoniste ténor, comme son père. Fin août 2022, ils étaient encore ensemble sur la scène d'un festival du Royaume uni (cf. vidéographie) ou Tomoki démontrait que «bon sang ne saurait mentir»… 

Jazz Hot partage la peine de la famille et des proches de Pharoah Sanders.

William Henderson III ©photo X, by courtesy of William Henderson
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William (Bill) Sidney Henderson III (1945-2019), aka Umoya Kemang Sunduza, (p, synth, clav, ss, fl, b, dm, vib, comp, arr) a accompagné régulièrement Pharoah Sanders depuis le début des années 1980. Dans un style lyrique inspiré de McCoy Tyner, il a été, selon les mots de Pharoah, l'alternative pianistique dans l'esprit «outside» à John Hicks pour la partie «inside». Il est l'auteur de belles compositions, comme «Softly for Shyla», caractéristiques de l'univers de Pharoah Sanders. Il a accompagné par ailleurs Harold Land, Bobby Hutcherson, Terry Gibbs, Billy Higgins, Hugh Masekela, The Afro Blues Quintet Plus One, un groupe fondé en 1963 par Joe DeAguero, et le Thomas Tedesco Ensemble où il a côtoyé Garnett Brown

William Henderson III
© photo X, by courtesy of William Henderson




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Jazz Hot n°246-1969Jazz Hot n°275-1971Jazz Hot 524-1995
















PHAROAH SANDERS & JAZZ HOT
n°239-1968: Les confessions de Pharoah, interview réalisée peu avant le décès de John Coltrane
n°242-1968: compte rendu du Festival d'Antibes-Juan-les-Pins où est invité Pharoah Sanders
n°246-1969: couverture et article: Pharoah Sanders
n°275-1971: couverture, Pharoah Sanders à Nice
n°280-1972: Note sur le discours mystique; reportage photo des cérémonies de la disparition de John Coltrane en 1967
n°524-1995: couverture, interview et discographie détaillée
Illustrant ces articles, de nombreuses photos évoquent l'artiste dans son environnement aux différentes périodes de sa vie.
On se reportera utilement aux nombreux articles consacrés à la galaxie John Coltrane: Jazz Hot n°280, n°491, n°492, n°Spécial 1998, à Sun Ra: Jazz Hot n°362, et plus généralement à ces années 1960-70 qui ont vu l'éclosion et la maturation de l'art de Pharoah Sanders.



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DISCOGRAPHIE

1992. Pharoah Sanders Quartet, Crescent With Love,  Evidence 22099-2

Leader-coleader
LP  1964. Pharoah Sanders, Pharaoh, ESP-Disk 1003
LP  1966. Pharoah Sanders, Tauhid, Impulse! AS-9138
LP  1968. Pharoah Sanders, The Jazz Composer’s Orchestra, JCOA 1001/2
CD 1968-71. Pharoah Sanders and Alice Coltrane, Antibes 68/New York 71, The Radio Broadcasts, Fat Alberts Bag 007
1964. Pharoah Sanders, Pharaoh, ESP-Disk 10031966. Pharoah Sanders, Tauhid, Impulse! AS-91381968. Pharoah Sanders, The Jazz Composer’s Orchestra, JCOA 1001/21968-71. Pharoah Sanders and Alice Coltrane, Antibes 68/New York 71, The Radio Broadcasts, Fat Alberts Bag 007













LP  1969. Pharoah Sanders, Izipho Zam (My Gifts), Strata-East 19733
LP  1969. Pharoah Sanders, Karma, Impulse! AS-9181
LP  1969. Pharoah Sanders, Jewels of Thought, Impulse! AS-9190
LP  1970. Pharoah Sanders, Summun Bukmun Umyun, Impulse! AS-9199
1969. Pharoah Sanders, Izipho Zam (My Gifts), Strata-East 197331969. Pharoah Sanders, Karma, Impulse! AS-91811969. Pharoah Sanders, Jewels of Thought, Impulse! AS-91901970. Pharoah Sanders, Summun Bukmun Umyun, Impulse! AS-9199













LP  1970-71. Pharoah Sanders, Thembi, Impulse! AS-9206
LP  1971. Pharoah Sanders, Black Unity, Impulse! AS-9219
LP  1971-73. Pharoah Sanders, Village of the Pharoahs, Impulse! AS-9254
LP  1971. Pharoah Sanders, Live at the East, Impulse! AS-9227
LP  1970-71. Pharoah Sanders, Thembi, Impulse! AS-92061971. Pharoah Sanders, Black Unity, Impulse! AS-92191971-73. Pharoah Sanders, Village of the Pharoahs, Impulse! AS-92541971. Pharoah Sanders, Live at the East, Impulse! AS-9227













LP  1972. Pharoah Sanders, Wisdom Through Music, Impulse! AS-9233
LP  1973. Pharoah Sanders, Elevation, Impulse! AS-9261
LP  1973. Pharoah Sanders, Love in Us All, Impulse! AS-9280
LP  1975. Pharoah Sanders, Live in Paris, Transversales Disques 15
LP  1972. Pharoah Sanders, Wisdom Through Music, Impulse! AS-92331973. Pharoah Sanders, Elevation, Impulse! AS-92611973. Pharoah Sanders, Love in Us All, Impulse! AS-92801975. Pharoah Sanders, Live in Paris, Transversales Disques 15













LP/CD 1976. Pharoah Sanders, Pharoah, India Navigation 1027
LP  1977. Pharoah Sanders, Love Will Find a Way, Arista 4161
LP  1978. Pharoah Sanders & Norman Connors, Beyond a Dream, Arista 3021
LP  1978. Ed Kelly & Pharoah Sanders, Theresa 106 (=CD Evidence 22056-2)
1976. Pharoah Sanders, Pharoah, India Navigation 10271977. Pharoah Sanders, Love Will Find a Way, Arista 41611978. Pharoah Sanders & Norman Connors, Beyond a Dream, Arista 30211978. Ed Kelly & Pharoah Sanders, Theresa 106













LP  1980. Pharoah Sanders, Journey to the One, Theresa 108-109 (=CD Evidence 22016-2)
LP  1981. Pharoah Sanders, Rejoice, Theresa 112-113 (= CD Evidence 22020-2)
LP  1981. Pharoah Sanders, Shukuru, Theresa 121 (=CD Evidence 22022-2)
LP  1982. Pharoah Sanders, Heart Is a Melody, Theresa 118 (=CD Evidence 22063-2)
1980. Pharoah Sanders, Journey to the One, Theresa 108-109 (=CD Evidence 22016-2)1981. Pharoah Sanders, Rejoice, Theresa 112-1131981. Pharoah Sanders, Shukuru, Theresa 1211982. Pharoah Sanders, Heart Is a Melody, Theresa 118













LP  1982. Pharoah Sanders, Live, Theresa 116 (=CD Evidence 22223-2)
LP/CD 1987. Pharoah Sanders, Africa, Timeless SJP 253
LP/CD 1987. Pharoah Sanders/McCoy Tyner/David Murray/Cecil McBee/Roy Haynes, A Tribute to John Coltrane/Blues for Coltrane, Impulse! 255 392
LP  1987. Pharoah Sanders, Oh Lord, Let Me Do No Wrong, Dr. Jazz 40952 (=CD Zillion 261054 2)
1982. Pharoah Sanders, Live, Theresa 1161987. Pharoah Sanders, Africa, Timeless SJP 2531987. Pharoah Sanders/McCoy Tyner/David Murray/Cecil McBee/Roy Haynes, A Tribute to John Coltrane/Blues for Coltrane, Impulse! 255 3921987. Pharoah Sanders, Oh Lord, Let Me Do No Wrong, Dr. Jazz 40952













LP  1987. Pharoah Sanders, A Prayer Before Dawn, Theresa 127 (=CD Evidence 22047-2)
LP/CD 1989. Pharoah Sanders, Moon Child, Timeless SJP 326
LP/CD 1990. Pharoah Sanders, Welcome to Love, Timeless SJP 358 (=CD Evidence 22137-2)
CD 1992. Pharoah Sanders/John Hicks/Richard Davis/Tatsuya Nakamura, New York Unit, Over the Rainbow, King Records 136 (= Naima, Evidence 22107-2)
1987. Pharoah Sanders, A Prayer Before Dawn, Theresa 1271989. Pharoah Sanders, Moon Child, Timeless SJP 3261990. Pharoah Sanders, Welcome to Love, Timeless SJP 3581992. Pharoah Sanders/John Hicks/Richard Davis/Tatsuya Nakamura, New York Unit, Over the Rainbow, King Records 136













LP/CD 1992. Pharoah Sanders Quartet, Crescent With Love, Venus 19058/79001 (=CD Evidence 22099-2)
CD 1993. Album collectif: Red Hot+Cool: Stolen Moments, GRP 97942 (1 titre)
CD 1994. The Trance of Seven Colors, Axiom 314 524 047-2
CD 1994. Franklin Kiermyer & Pharoah Sanders, Solomon’s Daughter, Evidence 22083-2
CD 1995. Pharoah Sanders, Message From Home, Verve 529578-2
1992. Pharoah Sanders Quartet, Crescent With Love, Venus 19058/790011994. The Trance of Seven Colors, Axiom 314 524 047-21994. Franklin Kiermyer & Pharoah Sanders, Solomon’s Daughter, Evidence 22083-21995. Pharoah Sanders, Message From Home, Verve 529578-2













CD 1998. Pharoah Sanders, Save Our Children, Verve 557297-2
CD 1998. Pharoah Sanders, Great Moments With, World Wide Jazz Series 3005
CD 1998. Pharoah Sanders/Hamid Drake/Adma Rudolph, Spirits, Meta 004
CD 2003. Pharoah Sanders, The Creator Has a Master Plan, Venus 35321
1998. Pharoah Sanders, Save Our Children, Verve 557297-21998. Pharoah Sanders, Great Moments With, World Wide Jazz Series 30051998. Pharoah Sanders/Hamid Drake/Adma Rudolph, Spirits, Meta 0042003. Pharoah Sanders, The Creator Has a Master Plan, Venus 35321













CD 2003. Pharoah Sanders/Graham Haynes, With a Heartbeat, Douglas AD-01/Evolver 2015-2
LP  2013. Pharoah Sanders & Primative Jupiter Underground Chicago/São Paulo, Pharoah & the Underground, Clean Feed 300
LP  2013. Pharoah Sanders & Primative Jupiter Underground Chicago/São Paulo, Pharoah & the Underground, Clean Feed 301
LP  2019. Pharoah Sanders & the London Symphony Orchestra, Floating Points: Promises, Luaka Bop 6 80899 0097-2  (enregistré à l’été 2019, Los Angeles)
2003. Pharoah Sanders/Graham Haynes, With a Heartbeat, Douglas AD-01/Evolver 2015-2
2013. Pharoah Sanders & Primative Jupiter Underground Chicago/São Paulo, Pharoah & the Underground, Clean Feed 3002013. Pharoah Sanders & Primative Jupiter Underground Chicago/São Paulo, Pharoah & the Underground, Clean Feed 3012019. Pharoah Sanders & the London Symphony Orchestra, Floating Points: Promises, Luaka Bop 6 80899 0097-2



















DVD 1981-82.  Pharoah Sanders, Live in San Francisco, Theresa-Evidence 30182
(Pharoah Sanders, John Hicks, Walter Booker, Idris Muhammad)
(cf. Jazz Hot n°651-2010)








Sideman

LP  1964. Juan Amalbért/The Latin Jazz Quartet feat. Pharoah Sanders, Oh! Pharoah Speak, Mercury 5016/Trip 8008
LP  1964. Sun Ra and His Arkestra, Featuring Pharoah Sanders & Black Harold, Saturn 165
LP  1965. Dave Burrell, High, Douglas 798
LP  1965. Ornette Coleman, Chappaqua Suite, CBS 62 896/62 897
1964. Juan Amalbért/The Latin Jazz Quartet feat. Pharoah Sanders, Oh! Pharoah Speak, Mercury 50161964. Sun Ra and His Arkestra, Featuring Pharoah Sanders & Black Harold, Saturn 165 1965. Dave Burrell, High, Douglas 7981965. Ornette Coleman, Chappaqua Suite, CBS 62 896/62 897













LP  1965. John Coltrane, Ascension, Impulse! AS-95
LP  1965. John Coltrane, Live in Seattle, Impulse! AS-9202
LP  1965. John Coltrane, OM, Impulse! AS-9140
LP  1965. John Coltrane, Kulu Sé Mama, Impulse! AS-9106
 1965. John Coltrane, Ascension, Impulse! AS-951965. John Coltrane, Live in Seattle, Impulse! AS-92021965. John Coltrane, OM, Impulse! AS-91401965. John Coltrane, Kulu Sé Mama, Impulse! AS-9106













LP  1965. John Coltrane, Selflessness, Impulse! AS-9161
LP  1965. John Coltrane, Meditations, Impulse! AS-9110
LP  1966. John Coltrane, The Mastery of John Coltrane/Vol. III "Jupiter Variation", ABC-Impulse! IA 9360
LP  1966. John Coltrane, Live at the Village Vanguard Again!, Impulse! AS-9124
 1965. John Coltrane, Selflessness, Impulse! AS-91611965. John Coltrane, Meditations, Impulse! AS-91101966. John Coltrane, The Mastery of John Coltrane/Vol. III "Jupiter Variation", ABC-Impulse! IA 93601966. John Coltrane, Live at the Village Vanguard Again!, Impulse! AS-9124













LP  1966. John Coltrane, Concert in Japan, Impulse! 9246-2
LP  1966. John Coltrane, Second Night in Tokyo, ABC/Impulse! 8508-09-10
LP  1966. Don Cherry, Symphony for Improvisers, Blue Note 4247
LP  1966. Don Cherry, Where Is Brooklyn?, Blue Note 84311
1966. John Coltrane, Concert in Japan, Impulse! 9246-21966. John Coltrane, Second Night in Tokyo, ABC/Impulse! 8508-09-101966. Don Cherry, Where Is Brooklyn?, Blue Note 843111966. Don Cherry, Symphony for Improvisers, Blue Note 4247













LP  1966-68. John Coltrane-Alice Coltrane, Cosmic Music, Coltrane Records 5000/Impulse! AS-9148
LP  1967. John Coltrane, Expression, Impulse! AS-9120
LP  1968. Alice Coltrane, A Monastic Trio, Impulse! AS-9156
LP  1968. Gary Bartz, Another Earth, Milestone 9018
1966-68. John Coltrane-Alice Coltrane, Cosmic Music, Impulse! AS-91481967. John Coltrane, Expression, Impulse! AS-9120 1968. Alice Coltrane, A Monastic Trio, Impulse! AS-91561968. Gary Bartz, Another Earth, Milestone 9018













LP  1969. Leon Thomas, Spirits Known and Unknow, Flying Dutchman 115 (Pharoah Sanders est sous le nom de "Little Rock")
LP  1968. Dave Burrell, High Won, High Two, Arista 1906
LP  1970. Alice Coltrane, Ptah, the El Daoud, Impulse! AS-9196
LP  1970. Alice Coltrane, Journey in Satchidananda, Impulse! AS-9203
1969. Leon Thomas, Spirits Known and Unknow, Flying Dutchman 1151968. Dave Burrell, High Won, High Two, Arista 1906 1970. Alice Coltrane, Ptah, the El Daoud, Impulse! AS-91961970. Alice Coltrane, Journey in Satchidananda, Impulse! AS-9203













LP  1973. Larry Young, Lawrence of Newark, Perception 34
LP  1978. Hilton Ruiz, Fantasia, Denon YX-7548-ND
LP  1980. Idris Muhammad, Kabsha, Theresa 110 (=CD Evidence 22096-2)
LP  1982. Elvin Jones/McCoy Tyner Quintet, Love & Peace, Trio Records 25023 (=CD Evidence 22087-2)
1973. Larry Young, Lawrence of Newark, Perception 341978. Hilton Ruiz, Fantasia, Denon YX-7548-ND1980. Idris Muhammad, Kabsha, Theresa 1101982. Elvin Jones/McCoy Tyner Quintet, Love & Peace, Trio Records 25023













LP  1983. Benny Golson, This Is for You, John, Timeless SJP 235
LP  1986. Art Davis, Life, Soul Note 1143
CD 1991. Randy Weston, The Spirits of Our Ancestors, Verve 511 857-2
CD 1991. Sonny Sharrock, Ask the Ages, Axiom 422-848 957-2
1983. Benny Golson, This Is for You, John, Timeless SJP 2351986. Art Davis, Life, Soul Note 11431991. Randy Weston, The Spirits of Our Ancestors, Verve 511 857-21991. Sonny Sharrock, Ask the Ages, Axiom 422-848 957-2













CD 1993. Sonny Sharrock Quintet Feat. Pharoah Sanders, Washington 93-the World Jazz Broadcast, Fat Alberts Bag 012

CD 1993. Bheki Mseleku, Timelessness, Verve 521 306-2
CD 1994. Steve Turre, Rhythm Within, Antilles 527 159-2
CD 1996. Wallace Roney, Village, Warner Bros. 9362-46649-2
1993. Sonny Sharrock Quintet Feat. Pharoah Sanders, Washington 93-the World Jazz Broadcast, Fat Alberts Bag 0121993. Bheki Mseleku, Timelessness, Verve 521 306-21994. Steve Turre, Rhythm Within, Antilles 527 159-21996. Wallace Roney, Village, Warner Bros. 9362-46649-2













CD 1997. Bill Laswell, Arcana, Arc of the Testimony, Axiom 314-524 431-2
CD 1998. Randy Weston,  Khepera, Verve 314 557 821-2
CD 1999. The Alex Blake Quintet feat. Pharoah Sanders, Now Is the Time, Bubble Core 030
CD 1999. Kahil El'Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders: Africa N'da Blues, Delmark 519
1997. Bill Laswell, Arcana, Arc of the Testimony, Axiom 314-524 431-21998. Randy Weston,  Khepera, Verve 314 557 821-21999. The Alex Blake Quintet feat. Pharoah Sanders, Now Is the Time, Bubble Core 0301999. Kahil El'Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders: Africa N'da Blues, Delmark 519













CD 2000. Kahil El’Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders, Ooh Live!, Bright Moment 10051
CD 2001. Tisziji Munoz, Divine Radiance, Dreyfus FDM 36706
CD 2003. David Murray & the Gwo-Ka Masters Featuring Pharoah Sanders, Justin Time 200-2
CD 2003. Phil Ranelin, Inspiration, P-Vine 23557 (=LP Wide Hive 0258-1, un titre)
CD 2019. Joey DeFrancesco, In the Key of the Universe, Mack Avenue 1147
2000. Kahil El’Zabar's Ritual Trio Featuring Pharoah Sanders, Ooh Live!, Bright Moment 100512001. Tisziji Munoz, Divine Radiance, Dreyfus FDM 367062003. David Murray & the Gwo-Ka Masters Featuring Pharoah Sanders, Justin Time 200-22003. Phil Ranelin, Inspiration, P-Vine 235572019. Joey DeFrancesco, In the Key of the Universe, Mack Avenue 1147












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VIDEOGRAPHIE

Norris Jones aka Sirone (b), Majeed Shabazz (dm), Pharoah Sanders (ts), Antibes-Juan-les-Pins, 20 juillet 1968 image extraite de YouTube
Norris Jones aka Sirone (b), Majeed Shabazz (dm), Pharoah Sanders (ts), Antibes-Juan-les-Pins, 20 juillet 1968
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Chaînes YouTube de Pharoah Sanders

1964. Pharaoh Sanders (comp,s), Jane Getz (p), Stan Foster (tp), William Bennett (b), Marvin Pattillo (perc), album Pharaoh, ESP-Disk, New York, 10 septembre

1965. Album A Love Supreme, Live in Seattle, John Coltrane/Pharaoh Sanders (ts,perc), McCoy Tyner (p), Carlos Ward (as), Donald Rafael Garrett/Jimmy Garrison (b), Elvin Jones (dm), The Penthouse, Seattle, WA, 2 octobre

1966. Pharoah Sanders (comp,ts,as,picfl,voc), Dave Burrell (p),  Henry Grimes (b), Sonny Sharrock (g), Roger Blank (dm), Nat Bettis (perc), album Tauhid, abc Impulse!, studios Rudy Van Gelder, Englewood Cliffs, NJ, 15 novembre

1968. Pharoah Sanders (ts,perc),  Lonnie Liston Smith (p), Norris Sirone Jones (b), Majeed Shabazz (dm), Jazz à Antibes-Juan-les-Pins, 20-22 juillet

1970. Alice Coltrane, documentaire, National Education Television's Black Journal, Collection of the Smithsonian National Museum of African American History and Culture, Gift of Pearl Bowser

1975. Album Live in Paris 1975, Pharoah Sanders, Danny Mixon (p,org), Calvin Hill (b), Greg Bandy (dm), Grand Auditorium-Studio 104, Maison de la Radio-ORTF, INA/ Transversales Disques

1978. Pharoah Sanders & Starship Orchestra, Norman Connors (dm,perc), Duke Jones (tp), Buzzy Jones (ts,fl), Bobby Lyle/Billy McCoy (p),  Jacques Burvick (kb), Greg Hill (g), Alex Blake (b), Petro Bass/Lawrence Killian (perc), Live at Montreux Jazz Festival, RaiTre, 22 juillet

1985-1995. Pharoah Sanders, parole et musique, John Hicks (p), Walter Booker (b),  Idris Muhammad (dm), NBC-TV et Great American Music Hall, San Francisco, CA
Walter Booker, Pharoah Sanders, Idris Muhammad, San Francisco
Image extraite de YouTube

1986. Pharoah Sanders, John Hicks (p), KongressHalle, Francfort, République Fédérale d’Allemagne, 15 février 
https://www.youtube.com/watch?v=NiICgp-JPhM

1999. Pharoah Sanders, Jean-Paul Bourelly (g), William Henderson (p), Alex Blake (b), Trilok Gurtu (dm,perc), Warsaw Summer Jazz Days, Sala Kongresowa, Varsovie, Pologne, 27 juin

1999. Pharoah Sanders, William Henderson (p), Alex Blake (b), Hamid Drake (dm), «The Creator Has a Master Plan», Leverkusen JazzTage, République Fédérale d’Allemagne, 19 octobre

2002. Pharoah Sanders (ts,voc), William Henderson (p), Jeffrey Littleton (b), John Betsch (dm), Mediawave Fesztivál, Synagogue de Györ, Hongrie, 28 avril

2004. Pharoah Sanders, Anthony Wonsey (p), Nat Reeves (b), Joe Farnsworth (dm), «It's Easy to Remember, Body and Soul», Jazz in Marciac, Mezzo/Telescope

2011. Pharoah Sanders, William Henderson (p), Miles Danso (b), Antoine Banville (dm), Jazz Café, Londres, 8 décembre

2013. Pharoah Sanders, William Henderson (p), Dennis Carrol (b), George Fludas (dm), Iowa City Jazz Festival, Jazz 88.3 KCCK, 7 juillet

2015. Pharoah Sanders, William Henderson (p), Nat Reeves (b), Joe Farnsworth (dm), Dizzy’s Club, Jazz at Lincoln Center, 1er février

2016. Pharoah Sanders NEA Jazz Master, paroles de musiciens

2022. Pharoah Sanders, Tomoki Sanders (s), Davis Whitfield (p), Oli Hayhurst (b), Gene Calderazzo (dm), We Out Here Festival, Abbots Ripton, Cambridgeshire, Royaume Uni



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