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Fred Van Hove

13 jan. 2022
19 février 1937, Anvers, Belgique - 13 janvier 2022, prob. Anvers
© Jazz Hot 2022

2019. Fred Van Hove/Peter Brötzmann, Front to Front, Dropa Disc





Fred Van Hove, pianiste, accordéoniste, compositeur, est décédé le 13 janvier 2022 à l’âge de 85 ans.
Il est né en 1937 à Anvers, Belgique, où il a toujours vécu. De formation académique (Académie de Merksem), il va, dès le début des années 1960, s’affirmer comme un leader de la musique improvisée européenne, confondue alors dans le grand ensemble du free jazz, ce qui généra polémiques et incompréhensions. Fred Van Hove se disait en effet influencé par le son des cloches des églises de sa ville portuaire, bien plus que par Cecil Taylor.

Alors que John Coltrane triomphe au Festival de Comblain-la-Tour en 1965, le public découvre Fred Van Hove accompagné d’Irène Schweizer (p) et Peter Brötzmann (sax), puis l’année suivante, avec à nouveau le saxophoniste et le batteur Han Bennink. Il a entraîné à sa suite les adeptes d'une musique improvisée, proche de la musique contemporaine par l'esprit (musique expérimentale de système) qui s'affranchit paradoxalement (le choix du dérèglement est un système) de la plupart des contraintes tonales et scripturales traditionnelles, parmi eux Michel Portal, Misha Mengelberg, Steve Lacy, Albert Mangelsdorff, Alexander Von Schlippenbach, entre autres et à des degrés divers, car Steve Lacy garda un pied dans le jazz de culture américaine.

En 1973, avec Cel Overberghe (sax), Fred fonde le WIM (Werkgroep Improvisrende Musici) qu’il préside. Jusqu’en 2004, à Anvers, en parallèle du festival Jazz Middelheim, il organisa le Free Music Festival. Au Jazz à Liège de 1974, il joue du piano et de l’accordéon avec Fabrizio Cassol (as, Aka Moon) et le Suisse Pierre Favre (dm). Compositeur, il a écrit quelques musiques pour le cinéma et le théâtre (Requiem for Che Guevara).

De 1990 à 1992, il a enseigné l’improvisation à l’Université de Lille III.  

Jack Sels (ts), son concitoyen, me parlait de lui au début des années 1960 comme d’un «illuminé» incapable de jouer un blues en douze mesures. Ce qui était peut-être le cas, car le blues n'est pas sa culture, et ne l'empêcha pas, en 2010, de recevoir le prix du Musicien Confirmé décerné  par la SABAM, la société des auteurs, compositeurs et éditeurs en Belgique. 

«Fred Van Hove: une vie improvisée», un documentaire réalisé par Philippe Cortens en 2020 pour le Centre Flamand d’Etudes Musicales, reste le plus récent témoignage d’un musicien, libertaire dans l'attitude, qui a été une légende de la musique improvisée, critiqué par les uns, encensé par les autres, dans une époque de confusion de la critique et souvent des artistes eux-mêmes qui ont confondu le jazz et la musique improvisée européenne, deux musiques très différentes par la genèse, l'esprit et plus largement par la culture.

Fred Van Hove laisse une discographie respectable d'une quarantaine d'albums dont les derniers, Fred Van Hove at 80 et Van Hove/Brötzmann, Front to Front, parus chez Dropa Disc, sont très récents puisqu'ils ont été enregistrés juste avant un confinement qui n'a épargné personne, ni dans le jazz ni dans la musique improvisée.

On disait Fred Van Hove malade, il est parti silencieusement loin des orages qu’il avait déchaînés sur son piano, et des incompréhensions de plusieurs décennies, nées de la confusion abusive entre free jazz et musique improvisée.
Jean-Marie Hacquier


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