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Freddie Redd

17 mars 2021
29 mai 1928, New York, NY - 17 mars 2021, New York, NY
© Jazz Hot 2021

«Vous ne savez jamais dans quelle ville vous allez le voir…
Freddie apparaît juste de temps en temps, comme un esprit merveilleux.
» 
                                                                                              Jackie McLean 

Freddie Redd, The Connection session, 15 février 1960, by Francis Wolff © Mosaic Images LLC
Freddie Redd, The Connection session, 15 février 1960, by Francis Wolff © Mosaic Images LLC

Freddie REDD

The Thespian and Jazz Wanderer*

«Quand on a l'impression qu'il est temps d'être ailleurs, on va ailleurs… J’aime bouger.
Le prix que j'ai payé pour être un franc-tireur était de vivre un style de vie qui n'a pas été particulièrement favorable.
Mais je n'ai aucun regret. Il y a beaucoup à découvrir, et parfois vous ne pouvez pas le faire en une semaine ou en un mois.»

 
Le pianiste, compositeur Freddie Redd, est décédé le 17 mars 2021, à New York, NY, la ville qui l'avait vu naître il y a près de 93 ans. Sa disparition vient s'ajouter à la longue liste de ces artistes de grand talent qui ont illuminé la création dans le jazz dès l'après Seconde Guerre mondiale, et dont le génie s'est parfois mis en marge d’une société américaine qui, paradoxalement, a permis l'éclosion d'aussi nombreux artistes mais les a aussi souvent contraints à des cheminements complexes, de la marge extrême (Giuseppi Logan, Henry Grimes…) jusqu'à des absences, des errances pour conserver la liberté dont a toujours besoin la création artistique: c'est le cas pour Freddie Redd, un globe-trotter du monde et de l'Amérique. Freddie Redd est l'un des héritiers les plus directs dans sa manière de Bud Powell  (1924-1966) son aîné de quatre ans (cf. «I'll Keep Loving You», une composition de Bud Powell interprétée sur Live at the Studio Grill1988).

Freddie Redd ne s'est consacré au piano que tardivement. Il possède l'intensité des pianistes de ce temps dans son expression, avec moins de virtuosité que Bud Powell
 mais il a su décliner un style très personnel, puissant, appuyé sur de réelles qualités de compositeur, talent au centre de sa notoriété, puisqu'il fut le compositeur de la musique alliant performance théâtrale et musique live de la pièce de théâtre The Connection, qu'il a interprétée sur scène avec Jackie McLean. Son œuvre mal connue mérite d'être (re)découverte: comme nous ne cesserons de le répéter, le jazz est une musique d'une richesse infinie, peuplée d'innombrables créateurs parce qu'elle née à l'époque de l'enregistrement et de la scène internationale, à l'apogée de l'approche démocratique planétaire.

Si le XXIe siècle et les années covid sont une régression des libertés et donc de la création dans des proportions abyssales, l'héritage créatif du XXe siècle, le jazz en particulier, est un trésor artistique sans équivalant. A nous d'honorer ces artistes qui, comme Freddie Redd, ont apporté au monde tant de beautés, avec autant de générosité, et de passer le message qui conserve toutes ces valeurs subversives et démocratiques, si on veut s'en pénétrer en profondeur (savoir qui sont les femmes et les hommes à l'origine de la création) plutôt que de le consommer sans curiosité.

* 
«The Thespian» est un thème de Freddie Redd en référence au réputé premier acteur et inventeur de la tragédie grecque, Thespis d'Icare (VIe siècle AV. J.-C.), et wanderer (vagabond) du jazz est une allusion à l'itinérance insatiable de Freddie Redd.


Hélène et Yves Sportis
Photos David Bouzaclou, Alain Dupuy-Raufaste, Mathieu Perez
et Francis Wolff © Mosaic Images LLC
(Visit www.mosaicrecordsimages.com for more Francis Wolff Blue Note photography)
Remerciements à Michael Cuscuna



«Je joue d’oreille, je suis autodidacte. J’écoutais, j’assimilais ce que j’écoutais simplement parce que je l’aimais. 
J’ai développé mon propre doigté, et je peux peut-être faire sur le piano des choses que d’autres,
qui ont étudié de façon plus orthodoxe, ne seraient peut-être pas à même de faire…  
C’est cette recherche qui est intéressante…
de faire vraiment passer à travers mes doigts ce que je désirais exprimer, plus peut-être qu’un musicien passé par le conservatoire…
»


Freddie Redd, Jazz à Foix 2008  © Alain Dupuy-Raufaste


Freddie Redd, Jazz à Foix 2008
© Alain Dupuy-Raufaste


Freddie Redd est né à l’Hôpital d’Harlem et a grandi avec sa mère, Helen Snipes, douée d'une belle voix, qui lui apprend à chanter à l’église et lui fait écouter Duke Ellington, Coleman Hawkins, Art Tatum, Billie Holiday, Lester Young… Une sœur de Freddie est également pianiste et chanteuse. Orphelin avant ses deux ans, son père, qui animait des house parties, lui laisse «son piano» en héritage. A 5 ans, un beau-père, également pianiste, et faisant partie d'une fratrie de 29 enfants, dont certains sont musiciens, favorise la vocation musicale, même si l'enfant et l'adolescent se décidera plus tard, car le sport (le hockey) est un rude concurrent. Freddie Redd note qu'avec une telle fratrie, il a toujours eu un oncle Bill ou une tante Cora quelque part. Il a grandi à Harlem au coin du Savoy Ballroom, non loin du Woodside Hotel où résidait l'orchestre de Count Basie (d'où le célèbre «Jumpin’ at the Woodside»). La musique est omniprésente dans la rue, et il n'est pas rare qu'on puisse enchaîner le show de l'Apollo Theater, Earl Hines et Count Basie, selon les jours.

Ils déménagent souvent, après Harlem où le gamin est confronté à une tension certaine, le Bronx à 13 ans, 
où il a pour copain d’enfance Julian Ewell (b), Long Island à l'adolescence où Freddie découvre la musique classique au contact de la communauté italienne, Brooklyn, le Queens et, malgré ces conditions de vie très modestes et itinérantes, il apprend, seul, à jouer du boogie, grâce à un environnement où la musique est partout présente. On le voit, sa propension au voyage a des racines certaines dans sa biographie. A 15 ans, suite à une mesure disciplinaire, il se retrouve chez un oncle en banlieue de New York, pour s'assagir et il découvre les chevaux, une passion qui explique peut-être le chapeau qui le suivra jusque dans les années 2000.

Puis il part pour sa période militaire (avril 1946-1949), direction le Japon, mais un typhon le détourne en Corée où sur un coup de cœur, il décide de s’impliquer professionnellement dans le jazz à 18 ans, en entendant «Shaw' Nuff» (Sure Enough) dans la version de Charlie Parker et Dizzy Gillespie: sa rencontre avec Gene Jones (g, 1925-2016) au début de sa conscription, leur permet de former un groupe de bebop qui sillonne les bases militaires pendant cette période de la guerre froide particulièrement instable et tendue, car il déteste recevoir des ordres. A défaut d’études académiques, il fait ses classes en mélodie, harmonie et composition en autodidacte dans ce contexte incertain qui finira d’ancrer en lui une forme de nomadisme de survie libre, habitant des péniches, des motels ou des mobile-home qui acceptent son chien, changeant de continents comme d’autres de quartiers, car la magie de l’inspiration vient pour lui de la découverte, de l’inconnu.

«Bud est le premier pianiste que j’ai entendu en disque, bien avant d’aller en club… il m'a vraiment permis de démarrer.
Je n'avais jamais entendu un pianiste jouer comme ça, les lignes simples remarquablement fluides et de beaux accords.
Thelonious Monk m'a aussi inspiré. J'ai été influencé par beaucoup de choses que j'ai entendues sur beaucoup d'instruments...
J’essaye de reconstituer ce qui stimule ma façon de ressentir les choses musicalement.
»


1951. Freddie Redd avec Tiny-Grimes, The Complete 1950-1954, Blue-Moon


Une fois démobilisé en mars 1949, il a trouvé un travail d'un trimestre dans un club de Pittsburgh tenu par le père d'un copain boxeur de l'armée. Il s’inscrit ensuite à la Greenwich House Music School où il ne reste qu’un mois car il est rapidement engagé pour jouer au Hy's Place à Syracuse, NY, les étés 1949 et 1950, avec Tina Brooks (ts); deux clubs plus loin, un autre trio joue: Philly Joe Jones, Ray Bryant et Jimmy Oliver. Grâce à l'un de ses oncles, Charly, gardien d'un entrepôt de pianos à queue, lui-même pianiste pour les séances de cinéma, il peut s'exercer.

Freddie enregistre pour la première fois en 1951 avec Tiny Grimes, et de 1951 à 1952, il tourne dans le Sud avec Cootie Williams et Red Prysock grâce à l'un de ses cousins, Gene Redd (tp, vib), qui est également le road manager de l'orchestre. Les tournées sont longues, en bus, mais Cootie Williams est plutôt un bon leader («Il n'élevait jamais la voix, il avait un rire incroyable et un gros rouleau de billets…»). Revenu à New York, il joue trois semaines en trio avec Oscar Pettiford au violoncelle et Charlie Mingus à la basse, mais il doit se satisfaire le plus souvent de jouer dans les bals du samedi soir ou du dimanche après-midi. Car en 1953, Freddie est déjà marié avec Valarie Lyons avec laquelle ils ont deux jeunes enfants, Stephanie et Freddie, Jr., et il prend des emplois alimentaires de déménageur pour nourrir sa famille. En parallèle, il essaie de maintenir une activité musicale, travaille en 1952-53 avec les Jive Bombers, avec Julian Ewell et Ron Jefferson en trio à la Composer’s Room, où Bernard Peiffer (p, 1922-1976) vient les voir jouer.

Début 1954, il intègre la formation de Charlie Singleton (ts), avec Henry Boozier (tp), Al Cotton (b) et Jimmy Cobb (dm), avec lesquels il tourne et fait un disque au studio Bellson de New York en avril pour quatre titres («Little Suede Shoes», «The Nearness of You», «There'll Never Be Another You» (le seul édité), «Salute to All», pour le label Sunset). Au hasard de ses déambulations sur la 52th Street, il croise Art Tatum, Erroll Garner, Thelonious Monk, Charlie Parker, Bud Powell, Tadd Dameron, Dizzy Gillespie: l’époque est faste pour le jazz et fertile en hasards. C’est ainsi que le 31 décembre 1955, Freddie se retrouve à jouer avec Bird et Ron Jefferson au Montmartre, après l’avoir rencontré au domicile d’un ami écrivain. Ils rejoueront ensemble les après-midis au Montmartre et à l’Open Door dans le Village et, plus tard, au Bop City à San Francisco. Dans l'intéressante interview de Will Thornbury du livret de coffret Mosaic, Freddie Redd se remémore la multitude des engagements, alimentaires ou très jazz, et de la gestion de l'agenda: «Tous les pianistes avaient le téléphone de dix ou quinze autres pianistes. Si on avait l'opportunité de jouer avec Coleman Hawkins, on appelait un collègue pour se faire remplacer… J'étais si heureux de faire partie de ce tout. J'apprenais ainsi en permanence…»

1954. Freddie Redd avec Joe Roland, Joltin’, Savoy


Freddie joue en effet avec Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Clifford Brown, Lou Donaldson, Jackie McLean, Art Taylor, et beaucoup d'autres, participe aux jams du lundi soir au Birdland, et se trouve inévitablement sur le chemin de dénicheurs de talents, pour eux-mêmes et souvent pour Blue Note depuis 1946: Art Blakey qui publie en 1954 A Night at Birdland, trois albums pour le label, et Horace Silver avec lequel il partage le piano sur l'enregistrement d'Art Farmer et Gigi Gryce, When Farmer Met Gryce (Prestige, 1955). Freddie a en effet commencé une série d’enregistrements en sideman, chez Savoy en 1954, pour Joltin’ de Joe Roland (vib) avec Oscar Pettiford, puis Quintette du même Joe Roland pour Bethlehem Records en 1955, avec qui il tourne jusqu'au Canada. Quand il revient à New York, il enchaîne avec Art Blakey, où il côtoie Gigi Gryce (as) avec qui il approfondit la relation. Toujours en 1955, il est au sein d’un Gene Ammons All Stars, pour le label Prestige, avec Art Farmer (tp, flh), Lou Donaldson (as), Addison Farmer (b) et Kenny Clarke (dm).

45t. 1956. Freddie Redd Trio, Metronome 217



S’il est déjà un sideman apprécié, il compose aussi depuis 1947, et il fait son premier album en leader début 1955 pour Prestige, Introducing Freddie Redd, avec John Ore (b) et Ron Jefferson (dm). Hasard de rencontre encore, Freddie part en Suède en 1956 avec Ernestine Anderson, une tournée bien remplie, où il fait plusieurs sessions d’enregistrements avec Tommy Potter (b), Rolf Ericson (tp), Benny Bailey (tp), Ernestine Anderson, mais aussi les musiciens locaux Lars Gullin (bar), Ake Persson (tb). C'est l'occasion d'enregistrer en leader, en juin et septembre 1956 à Stockholm, avec Tommy Potter (b) et Joe Harris (dm), la matière de trois 45t. repris dans le CD Lonehill (cf. Freddie Redd in Sweden, discographie).

De retour à New York, en octobre-novembre 1956, il joue dans les jams pour soutenir le candidat démocrate à la présidentielle Adlai Stevenson (qui perdra contre Dwight Eisenhower), aux côtés de Gerry Mulligan, Tony Scott, Helen Merrill, Oscar Pettiford, Zoot Sims, Bob Brookmeyer, parmi de nombreux autres musiciens dont Charlie Mingus avec lequel il part fin 1956 à San Francisco pour jouer dans son quintet –Willie Dennis (tb), Bunky Green (as), Dannie Richmond (dm)– mais après une discussion inquiétante avec Dannie Richmond au sujet de Charlie Mingus, aussi exigeant sur la musique que possessif et violent sur le plan de la relation avec ses musiciens, il décide de quitter le groupe pour rester en Californie et vivre sur un bateau à Sausalito, au nord de San Francisco, devenant pendant six mois le pianiste maison du Jimbo’s Bop City(1) où se retrouvaient tous les musiciens de passage (Dizzy Gillespie, Lee Morgan…).

1957. Freddie Redd Trio, San Francisco Suite, Riverside


Dans ce moment, Freddie compose beaucoup, en particulier la matière de son troisième enregistrement en leader pour Riverside, à New York, en hommage à Frisco, San Francisco Suite, avec George Tucker (b) et Al Dreares (dm) le 2 octobre 1957 (cf. discographie et vidéographie). Le retour à New York n'est pas sans problème, car Freddie Reed se fait arrêter en possession de marijuana et perd sa carte syndicale, indispensable pour jouer à New York, pour trois années. Heureusement, la scène des lofts lui offre une alternative: cette année-là, un nouveau lieu fait beaucoup parler de lui, le collectif du Jazz Loft avec le photographe W. Eugene Smith(2), qui rassemble tous ceux qui sont en train d’écrire l’Histoire du jazz, la real thing, au 821, 6th Avenue, au nord de Greenwich Village, une expérience de pratique libre du jazz sur des semaines de jams ou de répétitions sans contrainte, sans directive, sans obligation. Eugene Smith est un photographe engagé qui a découvert sa voie, aussi grâce à sa mère amatrice chevronnée de photo. Dans ces lofts, se côtoient des artistes de toutes les disciplines: peintres, sculpteurs, danseurs, photographes, etc., dans un moment unique de la création, parfois pour des performances mêlées mais pas nécessairement. La mixité y semble aussi de rigueur, ce qui fait également le caractère exceptionnel de ce moment.

1960. Freddie Redd Quartet With Jackie McLean, The Music From The Connection, Blue Note



Freddie Reed loue lui-même un de ces lofts, et sur ces scènes où les jams durent parfois plusieurs jours, Freddie fait des rencontres déterminantes et joue ainsi pendant presque deux ans sans s'inquiéter de sa carte syndicale. 
Non loin de là et du Five Spot (à son premier emplacement à Bowery-Greenwich Village), Freddie travaille à la (Jazz) Gallery et rencontre Gary Goodrow (acteur, scénariste 1933-2014) avec lequel il joue parfois en jam avec l’acteur au ténor. Celui-ci lui propose de  s’embarquer dans l’aventure (1959-1962) théâtrale de l’activiste-dramaturge Jack Gelber (1932-2003), pour The Connection, pièce «ancrée dans le réel». Il s’agit de montrer, sans fards, l’attente angoissée de leur dealer par un groupe de drogués à Greenwich Village, alors qu’un réalisateur et son assistant essaient de faire, sur eux et avec eux, un documentaire-vérité sur la dépendance, dans une situation qui va finalement leur échapper. Le jazz est une partie intégrante et non un élément de décor ou de fond sonore. Freddie Redd a connu les interdictions de jouer en club pour possession de drogue parfois supposée, parfois avérée, comme le contexte très tendu lié au racisme des arrestations et aux revendications du Mouvement des droits civiques en retour. Si le texte est joué et traduit dans plusieurs pays, reçoit de nombreux prix du fait de son réalisme décapant, il fait scandale aux Etats-Unis, tant sur le fond –la façon d’aborder le sujet aux antipodes de la pensée hypocrite d’alors– que la forme non académique (tournage, dialogues, plans, décors, lumières, musique live…). Mise en scène –première le 15 juillet 1959– par The Living Theatre de New York, à Greenwich Village, un groupe expérimental d’activistes ferraillant contre les artisans de la chasse aux sorcières depuis sa création en 1947, la pièce sera représentée plus de 700 fois off-Broadway, puis dans le pays et à l’étranger (deux ans à Londres, et à Paris), une véritable performance pour des musiciens apprentis-acteurs dont la troupe varie au fil des représentations.


Scene from The Connection, Larry Ritchie, Michael Mattos, Freddie Redd, Jackie McLean, by Francis Wolff © Mosaic Images LLC
Scene from The Connection, Larry Ritchie, Michael Mattos, Freddie Redd, Jackie McLean,
by Francis Wolff © Mosaic Images LLC


Devant ce succès inattendu de contre culture dans son rendu comme dans sa forme collective d’organisation, la pièce devient un film, tourné par Shirley Clarke(3), réalisatrice indépendante et créatrice d’une coopérative de cinéastes au début des années 1960: dix-sept mois avec les mêmes musiciens et pendant le tournage, le quartet de Cecil Taylor prend le relais au théâtre; le film, travaillé à la façon d’un  documentaire, est salué à sa sortie en France, auréolé du Prix de la Semaine Internationale de la Critique du Festival de Cannes en 1961 (créé à l’occasion de ce film), mais il est administrativement censuré aux Etats-Unis le jour de sa sortie en octobre 1962, et engendre de multiples batailles juridiques assez vaines. Les musiciens de jazz –24 ans avant l’expérience Dexter Gordon-Bertrand Tavernier pour Round Midnight– (re)présentent eux-mêmes leur vie et leur art. Ils sont très investis dans la pièce et le film: Freddie Redd a composé la musique et joue avec Jackie McLean (as), Larry Richie (dm), Michael Mattos (b). Tina Brooks remplace parfois Jackie. Quand la pièce sera donnée à Hollywood en 1960 pendant un an, Dexter Gordon(4) jouera le rôle de Jacky McLean, sa première grande aventure d’acteur. 

A Paris, la pièce est jouée en juin 1961 au Théâtre des Nations (un ancien nom du théâtre de la Ville) et au Théâtre du Vieux-Colombier, avec Kenny Drew à la place de Freddie Redd, et Cecil Payne à la place de Jackie McLean, puis au Théâtre de Lutèce, du 19 au 30 avril 1962, avec Jackie McLean et Duke Jordan à la place de Freddie. Ces expériences sont les bienvenues dans le théâtre en France qui est alors traversé par le TNP (Théâtre national populaire) dans sa période Jean Vilar (1951-1962), un passionné de Bertolt Brecht, le pourfendeur de l’illusion théâtrale. En plus de la pièce et du film, suivront deux albums, l’un, avec les mêmes musiciens, est enregistré par Rudy Van Gelder le 15 février 1960 pour Blue Note. L’autre, sous le nom d’Howard McGhee (tp), avec Tina Brooks (ts), Freddie Redd (alias I. Ching, p), Milt Hinton (b), Osie Johnson (dm), est gravé le 13 juin 1960 à New York chez Felsted. Il semble que ce second disque a été fait en dehors des accords contractuels avec Blue Note, et qu’il est à l’origine de la brouille entre Alfred Lion et Freddie Redd. Car, après The Connection, Freddie Redd enregistre encore deux autres albums pour Blue Note, et seul le premier, Shades of Redd, le 13 août 1960, avec Jackie McLean, Tina Brooks (ts), Paul Chambers (b), et Louis Hayes (dm) est publié; Redd’s Blues, enregistré le 17 janvier 1961, avec Benny Bailey (tp), Jackie McLean (as), Tina Brooks (ts), Paul Chambers (b), Sir John Godfrey (dm) ne sortira qu’en 1989, après le décès d’Alfred Lion en 1987, dans le coffret Mosaic, The Complete Recordings of Freddie Redd (cf. discographie), reprenant les trois sessions Blue Note de Freddie Redd. 


Freddie Redd et Paul Chambers, janvier 1961, session d'enregistrement, by Francis Wolff © Mosaic Images LLC
Freddie Redd et Paul Chambers, janvier 1961, session d'enregistrement, by Francis Wolff © Mosaic Images LLC


1971. Freddie Redd, Under Paris Skies, Futura


Après ces quinze années d’effervescence productive –Freddie Redd joue en particulier avec Sonny Rollins (1963), John Handy, Jon Hendricks, et son groupe comprend les réputés Walter Benton (ts) et Philly Joe Jones (dm), plus deux jeunes musiciens prometteurs, Eddie Henderson (tp) et Bob Maize (b)– et une fois le Jazz Loft fermé (1965), Freddie a besoin d’air et d’espace, il met le cap sur la Californie, repasse par New York à l’automne 1967 pour remplacer, au Kacy’s (Greenwich), Duke Pearson qui est recruté comme directeur artistique chez Blue Note aux côtés de Francis Wolff en remplacement d’Alfred Lion parti définitivement à la suite de la vente du label Blue Note à Liberty Records. Puis Freddie, comme nombre d'Afro-Américains, part à Londres début 1969 circule en Europe continentale –il n’aime pas le côté îlien du Royaume-Uni– en Scandinavie, Hollande, Allemagne où, ayant perdu son sens de l'orientation à Berlin, où il séjourne trois mois, il est brièvement accusé d'être un espion par la police de l'Est. Ses sympathies pour le «Black Power» le sortent d'affaire, avant de prudemment prendre la route pour Paris. Il retourne pour une année au Mexique, de l’hiver 1969 à l’hiver 1970, où il anime une émission musicale de télévision, et pose sa valise finalement à Paris pour environ deux ans, où il donne une interview à Jazz Hot début 1971 (cf. sources), et enregistre Under Paris Skies pour Futura Swing, le tout nouveau label de Gérard Terronès, avec Didier Levallet (b) et Didier Carlier (dm), fin juillet 1971, le premier disque depuis dix ans: tous deux (Freddie et Gérard) portent le chapeau des aventuriers car Gérard Terronès est aussi à un des tournants de sa vie: la fermeture du Gill’s Club et l’ouverture de sa boutique de disques, rue Clotaire (cf. sources). Cette errance politico-géographique post assassinats de Malcolm X (1965) et Martin Luther King (1968), guerre du Vietnam, fin de Blue Note indépendant (1965-1967) et décès prématuré de John Coltrane (1967), n’est pas rare dans les parcours des jazzmen aussi déstabilisés que l’Amérique (cf. Henry Grimes et Giuseppi Logan), oscillant entre paradis artificiels, recherche d’herbe plus verte, ou consommation de masse, pour trouver des remèdes au théâtre d’ombres, à la corruption et à la violence. En 1974 (Richard Nixon a été destitué fin 1973), Freddie rentre à Los Angeles et enregistre deux disques pour Interplay à Hollywood, Straight Ahead avec Henry Franklin (b) et Carl Burnett (dm), fin décembre 1977, et Extemporaneous, un album solo, en août et septembre 1978. A Jackson, dans le Mississippi, il est invité comme artiste en résidence pour un projet qui n’aboutira jamais mais cela lui permet de reprendre contact avec les Etats du Sud dont sa famille est originaire (Caroline du Nord).

1985. Freddie Redd, Lonely City, Uptown



On retrouve Freddie en 1984 sur la Côte Est, notamment à Washington, DC, où il joue avec Philly Joe Jones, Bill Hardman, un jazz messenger d’Art Blakey, et Junior Cook, qui a travaillé avec Louis Hayes. Cet engagement lui permet de travailler sur des compositions pour un nouveau projet et de renouer avec le studio de Rudy Van Gelder d’Englewood Cliffs, NJ, en janvier 1985, pour Lonely City, avec Don Sickler (tp, arr, un proche de Philly Jo Jones), Clarence C Sharpe (as), Clifford Jordan (ts), Gerry Cappuccio (bar), George Duvivier (b), Ben Riley (dm). L'orchestre est un véritable all stars, et Freddie Redd s'y trouve au sommet de son art pianistique, de compositeur (tous les thèmes sont de sa plume) et d'arrangeur, avec une section rythmique de haut niveau (George Duvivier et Ben Riley), et des cuivres comme Clifford Jordan, Clarence C Sharpe d'une inventivité toujours précieuse. «Lonely City» est une belle composition narrative, «Thespian» est une œuvre emblématique de Freddie Redd et l'album se conclut sur une révérence à Tadd Dameron («Had Tadd in Mind»), le salut d'un arrangeur à son aîné où Freddie Redd explore l'esprit intense des années 1950.


1990. Freddie Redd, Everybody Loves a Winner, Milestone



L’ambiance est plombée à New York en ce deuxième mandat de Ronald Reagan anti-droits civiques, anti-soins médicaux gratuits et pro-armes: il est temps pour Freddie de changer d’horizon, de repartir à Hollywood pour un contrat long au Studio Grill dont un album en trio sortira en mai 1988 chez Triloka, avec les excellents Al McKibbon (b) et Billy Higgins (dm),
Live at the Studio Grill, puis d’enchaîner un second enregistrement à Berkeley, CA, en octobre 1990, Everybody Loves a Winner, avec entre autres le bon Teddy Edwards (ts) et un formidable Curtis Peagler (as), pour le label  Milestone. Ces enregistrements sont particulièrement réussis et témoignent du talent très original de compositeur et d'arrangeur de Freddie Redd. Le trio (At Studio Grill) permet d'apprécier le pianiste original, toujours intense, amoureux de Bud Powell et Thelonious Monk, toujours présents dans son répertoire, un Freddie Redd qui ne dédaigne pas les standards qu'il aborde avec le respect du compositeur, car auteur de compositions à l'esprit particulier. En sextet (Everybody Loves a Winner), ses qualités d'arrangeur placent Freddie Redd dans un entre-deux Charles Mingus et Art Blakey, d'autant que la sensibilité, le feu des Teddy Edwards (ts), Curtis Peagler (aux allures d'Eric Dolphy) et Phil Ranelin (tb) rapprochent l'orchestre alternativement de Mingus et Blakey. Sur ce disque, Freddie Redd compose tous les titres, et les compositions donnent une touche très cinématographique et Côte Ouest à cet enregistrement («Melancholia»).



Freddie Redd et Reggie Johnson, Jazz à Foix, 2008 © Alain Dupuy-Raufaste
Freddie Redd et Reggie Johnson, Jazz à Foix, 2008 © Alain Dupuy-Raufaste


De la fin des années 1980 à 2013, Freddie Redd tourne en Europe, notamment en Allemagne, Pays Bas, Danemark, Suède, Royaume Uni, en Suisse et France notamment avec Reggie JohnsonIl n’enregistre qu’un seul disque à Stockholm en juillet 1991, Freddie Redd and His International Jazz Connection, pour Fairplay INJazz. Il s’occupe surtout de sa mère âgée jusqu’à son décès, en Caroline du Nord en 1990, année où Art Blakey décède. Il passe le tournant du siècle entre Mexique et Californie où, en mars 2005, il joue régulièrement à la Jazz Bakery de Los Angeles avec Wendell Williams (b) et Bill Madison (dm), en Europe, et à Pittsburg, PA, ville où le photographe W. Eugene Smith a réalisé un projet gigantesque de 1955 à 1958. Le Carnegie Museum of Arts de Pittsburg organise une exposition itinérante The Jazz Loft Project(2). La ville natale du meneur Art Blakey ou de Paul Chambers, décédé prématurément, de Mary Lou Williams, d'Erroll Garner, d'Ahmad Jamal, entre autres jazzmen de ce maillage informel mais éternel, Pittsburgh n’est donc pas un hasard mais un lieu rempli des esprits fondateurs pour Freddie, d’autant qu’en 2006, il perd son plus vieux compagnon, un frère, Jackie McLean, né comme lui à Harlem, de trois ans son cadet, d’une famille musicienne, un musicien de Blue Note jusqu’à sa vente effective (1967-1968), et comme lui, venu à la musique grâce à sa mère.


Freddie Redd, Jesse Davis, Reggie Johnson, Doug Sides, Jazz à Foix 2008 © Alain Dupuy-Raufaste
Freddie Redd, Jesse Davis, Reggie Johnson, Doug Sides, Jazz à Foix 2008 © Alain Dupuy-Raufaste


Le temps passe et Freddie éprouve le besoin de se recentrer encore davantage, entre Washington et Baltimore de 2009 à 2013, programmé aux Bohemian Caverns et Twins Jazz à Washington, DC(5), au An Die Musik et à Creative Alliance à Baltimore(6), et participant à l’Exposition African American Art: Harlem Renaissance, Civil Rights Era and Beyond au Smithsonian American Art Museum de la Capitale, le 19 juillet 2012, dans un hommage à Thelonious Monk –artiste découvert par Blue Note en 1947– avec Butch Warren (bassiste de Monk, 1939-2013), avec lequel ils se produisent depuis quelques années en quintet avec Brad Linde(7), leur directeur musical. Tous ces détails montrent l’extrême cohérence de la vie pourtant très itinérante de Freddie Redd, avant tout un homme vivant de liberté. Avant son départ de Baltimore, Brad Linde produit deux enregistrements live avec Freddie les 24 et 25 janvier 2013 à An Die Musik, d’une part avec Michael Formanek (b), Matt Wilson (dm), Brian Settles (ts) et Sarah Hughes (as,ss), pour l’album Reminiscing, et d’autre part, avec Butch Warren en coleader, Brad Linde (ts, prod), et Matt Wilson (dm) pour Baltimore Jazz Loft, les deux disques(8) étant édités par le label de Brad Linde, Bleebop Records, et sortent en février 2021, avant le décès de Freddie.


Freddie Redd au Sunset, Paris, 31 juillet 2013 © Mathieu Perez
Freddie Redd au Sunset, Paris, 31 juillet 2013 © Mathieu Perez


En 2013, Freddie Redd retourne définitivement à New York, son point de départ, où il revenait parfois jouer depuis 2011, au Smalls, au Fat Cat, et il fait cette année-là, une dernière tournée en Europe (cf. vidéographie). Entre novembre 2014 et février 2015, il enregistre deux disques pour SteepleChase, Music for You, avec Jay Anderson (b) et Billy Drummond (dm), puis With Due Respect avec la même rythmique, plus John Mosca (tb), Chris Byars (as, fl), James Byars (oboe, tr-2), Stefano Doglioni (bcl), exactement trente ans après avoir renoué avec sa Lonely City, New York. Il raconte le Jazz Loft dans le documentaire primé de Sara Fishko(2) et se produit à la Jazz Gallery (la nouvelle, créée en 1995) le 18 juillet 2015, avec la relève, Josh Evans (tp), Chris Byars (s), Ben Meigners (b), Keitha Balla (dm), pour un de ses derniers concerts: c’est à deux minutes à pied de son ancien Jazz Loft tant aimé, et cette enseigne de la «Jazz Gallery» lui rappelle sans aucun doute Joe Termini. Avec son frère Iggy, ils tenaient alors la Jazz Gallery historique ouverte en 1959 qui programmait John Coltrane et McCoy Tyner, et ils étaient également propriétaires du Five Spot (à côté), périmètre magique où le rideau s’était levé un jour de 1958 pour lui ouvrir les portes de son art. Joe avait amicalement surnommé Freddie «The Thespian», en référence à Thespis, le «premier» acteur (VIe siècle av. J.C.), justement à cause de sa performance dans The Connection, titre repris par le pianiste pour sa composition musicale en 1960, dans son album Shades of Redd. Car Freddie Redd avait rêvé de pouvoir composer sa musique en direct sur une scène de théâtre toute sa vie, ce qu’il fit en quelques sortes, en pointillés, dans des concerts sur la planète, sacrifiant la réussite à la découverte, préférant  l’aventure au chemin tracé. En 2016, Rudy Van Gelder disparaît: ils étaient parmi les derniers survivants d’une même aventure libre et sans concession.

Freddie Redd est décédé dans son sommeil dans une maison de retraite à Manhattan le 17 mars 2021, il était âgé de 92 ans. Il a été marié, veuf, et a eu deux enfants décédés avant lui. Seuls sa belle-fille et trois petits enfants lui survivent. Jazz Hot partage leur peine.


1. Jimbo’s Bop City

2. Jazz Hot n°651-mars 2010: The Jazz Loft Projet, W. Eugène Smith
- «Je pense que j'étais à mon apogée en tant que photographe en 1958 environ. Mon imagination et ma vision étaient toutes les deux… brûlantes… Partout où je regardais, chaque fois que je pensais, il me semblait acquérir, avec exubérance et justesse, une qualité de vision plus vraie. Mais ce fut l'un des moments les plus misérables de ma vie, car j'avais peu de temps pour en faire un usage réel.» W. Eugene Smith (1918-1978), cité par Sean O'Hagan, article dans The Guardian du 12 mai 2010
- Center for Creative Photography de l’University of Arizona, à Tucson
https://ccp.arizona.edu/events/3493-jazz-loft-project-photographs-and-tapes-w-eugene-smith-1957-1965

- Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, en Caroline du Nord https://nasher.duke.edu/exhibitions/jazz-loft-project-w-eugene-smith-new-york-city-1957-1965/
- Trailer du documentaire primé The Jazz Loft According to W. Eugene Smith (2015), de Sara Fishko: https://www.youtube.com/watch?v=BRHXDrOjCE4

3. Shirley Clarke (1919-1997)

4. «En revanche, au théâtre, j'ai joué un an à Hollywood dans la pièce de Jack Gelber, The Connexion, que le Living Theatre avait d'abord montée à New-York avec Jackie McLean.», interview Francis Marmande, Le Monde, 23 septembre 1986 à propos de Round Midnight de Bertrand Tavernier.

5. Washington, DC
Twins Jazz : club fermé fin août 2020 après 33 ans de programmation 
Bohemian Caverns (1926-2016)

6. Baltimore, MD

7. Brad Linde 

8. les deux derniers CDs de Freddie Redd parus de son vivant:


Fondation Artists Collective: Jackie McLean
Livret du coffret The Complete Blue Note Recordings of Freddie Redd, Mosaic Records MR3-124 (=CD MD2-124), avec une interview de Will Thornbury et les liner notes d'origine d'Ira Gitler, Nat Hentoff et Ben Sidran pour chacun des trois enregistrements Blue Note. Une discographie détaillée (1951-1985).
Autres sources en ligne: Washington Post, WBGO, NPR, New York Times, Billboard, BNF…

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DISCOGRAPHIE

1960-61. The Complete Blue Note Recordings of Freddie Redd, Mosaic Records


Leader-Coleader

LP  1955. Introducing… Freddie Redd, Prestige 197 (= CD Freddie Redd in Sweden, Lonehill 10299 et LP Freddie Redd-Hampton Hawes: East/West, Prestige 7067)
45t 1956. Freddie Redd Trio, Fishin’ in Stockholm, Metronome 216 (= CD Freddie Redd in Sweden, Lonehill 10299)
45t 1956. Freddie Redd Trio, With Tommy Potter, Joe Harris, Metronome 217 (= CD Freddie Redd in Sweden, Lonehill 10299)
45t 1956. Freddie Redd/Tommy Potter/Joe Harris, Metronome 218 (= CD Freddie Redd in Sweden, Lonehill 10299)

LP  1956. Get Happy With Freddie Redd, Nixa 19 (= 45t Metronome 216 & 217, = CD Freddie Redd in Sweden, Lonehill 10299)
LP  1957. Freddie Redd Trio, San Francisco Suite, Riverside 12-250 (= CD OJC 1748-2)
1955. Introducing… Freddie Redd, Prestige
1956. Freddie Redd Trio, Fishin’ in Stockholm, Metronome 2161956. Freddie-Redd Trio, Metronome 2171956. Freddie Redd Trio, Metronome 218














1956. Get Happy With Freddie Redd, Nixa1955-56. Freddie Redd in Sweden, Baybridge/Lonehill1957. Freddy Redd Trio, San Francisco Suite, Riverside/OJC
















LP  1960. Freddie Redd, The Music From "The Connection", Blue Note 4027
LP  1960. Howard McGhee, Music From 'The Connection', Felsted 7512/London 15221 (Freddie Redd, sous le pseudonyme de I Ching, est le leader effectif d’une séance parue à l’origine sous le nom d’Howard McGhee) (=CD Boplicity 019 et = CD Freddie Redd/Cecil Payne-Kenny Drew-Music From the Off-Broadway Play 'The Connection', Fresh Sound 629)
1960. Freddie Redd Quartet With Jackie McLean, The Music From the Connection, Blue Note1960. Howard McGhee (Freddie Redd), Music From the Connection, Felsted/London1960-61. Freddie Redd/Cecil Payne-Kenny Drew, "The Connection", Fresh Sound

















LP  1960. Freddie Redd, Shades of Redd, Blue Note 84045
LP  1960-61. The Complete Blue Note Recordings of Freddie Redd, Mosaic Records 3-124 (reprend en coffret les 3 enregistrements de 1960-61 de Freddie Redd pour Blue Note)
CD 1961. Freddie Redd, Redd's Blues, Blue Note 7243 5 40537 2 (inédit jusqu’à 1989)
1960. Shades of Redd, Freddie Redd Quintet, Blue Note1960-61. The Complete Blue Note Recordings of Freddie Redd, Mosaic Records1961. Freddie Redd, Redd’s Blues, Blue Note

















LP  1971. Freddie Redd, Under Paris Skies, Futura 03 (=CD Futura Swing 03)
LP  1977. Freddie Redd, Straight Ahead!, Interplay 7715
LP  1978. Freddie Redd, Extemporaneous, Interplay 9004
1971. Freddie Redd, Under Paris Skies, Futura1977. Freddie Redd, Straight Ahead!, Interplay1978. Freddie Redd, Extemporaneous, Interplay

















CD 1985. Freddie Redd, Lonely City, Uptown 27.30
CD 1988. Freddie Redd, Live at the Studio Grill, Triloka 182-2
CD 1990. Freddie Redd, Everybody Loves a Winner, Milestone 9187-2
CD 1991. Freddie Redd and his International Jazz Connection, Fairplay INJazz 1
1985. Freddie Redd, Lonely City, Uptown Records1988. Freddie Redd, Live at the Studio-Grill, Triloka1990. Everybody Loves a Winner, Milestone Records1991. Freddie Redd and His International Jazz Connection, Fairplay INJazz













CD 2013. Freddie Redd, Reminiscing, Bleebop Records 2119
CD 2013. Butch Warren & Freddie Redd, Baltimore Jazz Loft, Bleebop Records 2120
CD 2014. Freddie Redd, Music For You, SteepleChase 31796
CD 2014-15. Freddie Redd, With Due Respect, SteepleChase 31817
2013. Freddie Redd, Reminiscing, Bleebop Records2013. Butch Warren & Freddie Redd, Baltimore Loft Jazz, Bleebop Records2014. Freddie Redd, Music for You, SteepleChase2014-15. Freddie Redd, With Due Respect, SteepleChase













Sideman

CD 1951. Tiny Grimes, The Complete 1950–1954, Blue Moon 6007
LP  1954. Charlie Singleton, Sunset 1139/40 (avec Jimmy Cobb, «There Wille Never Be Another You» est le seul des 4 titres enregistrés à être édité)
LP  1954. Joe Roland, Joltin' Joe Roland, Savoy 12039
LP  1955. Joe Roland Quintette, Bethlehem Records 17
1951. Tiny Grimes, The Complete 1950-1954, Vol. 3 4 5, Blue Moon
1954. Joe Roland, Joltin’, Savoy1955. Joe Roland, Quintette, Bethlehem

















LP  1955. Art Farmer, When Farmer Met Gryce, Prestige 7085
LP  1955. Gene Ammons, All Star Sessions, Prestige 7050
CD 1956. Rolf Ericson & the American All Stars, Dragon 255
1955. Art Farmer, When Farmer Met Gryce, Prestige1955. Gene Ammons, All Star Sessions, Prestige1956. Rolf Ericson, the American All Stars, Dragon

















45t 1956. Tommy Potter, Metronome 239 (10/9)
45t 1956. Tommy Potter, Metronome 240 (10/9)
45t 1956. Tommy Potter, Metronome 241 (10/9)
1956. Tommy Potter, Metronome 2391956. Tommy Potter, Metronome 2401956. Tommy Potter, Metronome 241













45t 1956. Rolf Ericson, Metronome 245 (13/9)
45t 1956. Rolf Ericson, Metronome 246 (13/9)
45t 1956. Rolf Ericson, Metronome 247 (13/9)
1956. Rolf Ericson, Metronome 2451956. Rolf Ericson, Metronome 2461956. Rolf Ericson, Metronome 247













45t 1956. 
Rolf Ericson & Benny Bailey, Metronome 242 (=LP Get Happy With Freddie Redd, Nixa 19) (16/9)
45t 1956. Rolf Ericson & Benny Bailey, Metronome 243 (=LP Get Happy With Freddie Redd, Nixa 19) (16/9)
45t 1956. Rolf Ericson & Benny Bailey, Metronome 244 (=LP Nixa 19) (16/9)
1956. Rolf Ericson-Benny Bailey, Metronome 2421956. Rolf Ericson-Benny Bailey, Metronome 2431956. Rolf Ericson-Benny Bailey, Metronome 244













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VIDEOGRAPHIE

Freddie Redd, acteur et musicien dans The Connection, le film de Shirley Clarke (1961), Image extraite de la bande annonce-Vimeo
Freddie Redd, acteur et musicien dans The Connection, le film de Shirley Clarke (1961),
Image extraite de la bande annonce-Vimeo (cliquez sur l'image)  

Chaîne YouTube de Freddie Redd

1950. Freddie Redd, Tiny Grimes and His Rocking Highlanders, prob. Benny Golson (ts), Tiny Grimes (g), Ike Isaacs (b), Haji Baba (voc, aka George Grant), «I'm in Love With You Baby», unknown dm, Krazy Kat, Philadelphia, PA

1951. Freddie Redd, Tiny Grimes (g), Red Prysock (ts) unknown (b), prob. Jerry Potter (dm), «Rockin' the Blues Away», United, Chicago, IL, 27 novembre

1952. Freddie Redd, Otis Blackwell (voc), Sammy Watkins (tp), Frank "Floorshow" Culley (ts), Budd Johnson (bar), Rene Hall/Napoleon Allen (g), Gene Smith (b), Roland Jefferson (dm), «Please Help Me Find My Way Home», Victor, New York, 22 octobre

1954. Freddie Redd, album Joltin' Joe Roland (vib), Oscar Pettiford (b), Ron Jefferson (dm), «Indian Summer», «Garrity's Flight», Savoy, New York, 10 mai

1955. Freddie Redd, John Ore (b), Ron Jefferson (dm), «Debut», album Introducing Freddie Redd, Prestige, Hackensack, NJ, 28 février

1955. Freddie Redd, album Joe Roland Quintet (vib), Dick Garcia (g), Danny Martucci (b), Ron Jefferson (dm), «I Cover the Waterfront», Bethlehem, New York, 17-18 mars

1955. Freddie Redd, album When Farmer Met Gryce, Art Farmer (tp), Gigi Gryce (as), Addison Farmer (b), Art Taylor (dm), «Capri», «Infant’s Song», «Social Call», Prestige, Studio Rudy Van Gelder, Hackensack, NJ, 26 mai

1955. Freddie Redd, album Gene Ammons All Stars, Art Farmer (tp), Lou Donaldson (as), Gene Ammons (ts), Addison Farmer (b), Kenny Clarke (dm), «Juggernaut», Prestige, Studio Rudy Van Gelder, Englewood Cliffs, NJ, 15 juin

1956. Freddie Redd, album Rolf Ericson (tp) & The American All Stars, Lars Gullin (bar), Tommy Potter (b), Joe Harris (dm), Ernestine Anderson (vcl), «Oh, Lady Be Good», «A Foggy Day», «Love for Sale», «These Foolish Things», «A Night in Tunisia», Dragon/Fresh Sound, Värnamo Folkets Park, Stockholm, 30 juillet

1956. Album Freddie Redd Trio, Tommy Potter (b), Joe Harris (dm), «Dawn Mist», MEP (Suède), Stockholm, 5 septembre

1957. Freddie Redd, George Tucker (b) Al Dreares (dm), album San Francisco Suite, Riverside, New York, 2 octobre

1960-1961. Film The Connection, de Shirley Clarke, scénario Jack Gelber, musique Freddie Redd (comp.,p), Jackie McLean (s), Larry Ritchie (dm), Michael Mattos (b), production Lewis Allen et Shirley Clarke, photographie Arthur J. Ornitz, 1961 The Connection Company Distribution: Reading Bloom & Milestone Film, restauration Ross Lipman/UCLA Film & Television Archive (Martin Scorsese's Film Foundation),
- Album Music from «The Connection», Blue Note, Englewood Cliffs, NJ, 15 février, «Who Killed Cock Robin?», «O.D.», «Time to Smile.», «Wigglin'», «Theme for Sister Salvation» 

1960. Freddie Redd (as I. Ching), album The Connection, Howard McGhee (tp), Tina Brooks (ts), Milt Hinton (b), Osie Johnson (dm), Felsted, Nola Studios, New York, NY, 13 juin, NY

1960. Freddie Redd, Jackie McLean (as), Tina Brook (ts), Paul Chambers (b), Louis Hayes (dm), «The Thespian», «Blues-Blues-Blues», «Just a Ballad for My Baby», «Melanie», album Shades of Redd, Blue Note, Englewood Cliffs, NJ, 13 août

1961. Freddie Redd, Benny Bailey (tp), Jackie McLean (as), Tina Brooks (ts), Paul Chambers (b), Sir John Godfrey (d), album Redd's Blues (sorti seulement en 1988 chez Mosaic), Blue Note, Englewood Cliffs, NJ, 17 janvier

1971. Freddie Redd, Didier Levallet (b), Didier Carlier (dm), «Bleeker Street Blues», «You», album Under Paris skies, Futura Swing, Studio Europa Sonor, Paris, 26 et 29 juillet

1977. Freddie Redd,  Henry Franklin (b), Carl Burnett (dm), «Straight Ahaed», «Play Piano Play», «On Time», album Straight Ahead, Interplay, Hollywood, CA, 3 décembre

1978. Freddie Redd, solo, «Night Song», album Extemporaneous, Interplay, United Western Studio, Hollywood, CA, 14 août et 23 septembre

1985. Freddie Redd, Don Sickler (tp,arr), Clarence C. Sharpe (as), Clifford Jordan (ts), Jerry Cappuccio (bar), George Duvivier (b), Ben Riley (dm), album-titre «Lonely City», Uptown, Studio Rudy Van Gelder, Englewood Cliffs, NJ, 18-19-20 janvier

1988. Freddie Redd, Al McKibbon (b), Billy Higgins (dm), «I'm Gonna Be Happy», «I'll Keep Loving You», «’ Round Midnight», «Waltzin' in», «All the Things You Are», album Live at the Studio Grill, Triloka, Hollywood, CA, 19 et 26 mai

1991. Album Freddie Redd and His International Jazz Connection, Kristerr Andersson/Bernt Rosengren (ts), Ahmed Muvaffak Maffy Falay (tp), Anders Ullberg (g), Torbjorn Hultcrantz (b), Gilbert Matthews/Bengt Stark (dm), Fairplay INJazz, Stockholm, Suède, juillet

2008. Freddie Redd feat. Jesse Davis (as), Reggie Johnson (b), Doug Sides (dm), Duc des Lombards, Paris, 22 juillet

2010.Freddie Redd-Butch Warren Quintet, Brad Linde/Brian Settles (ts), Tony Martucci (dm), «I'll Remember April», «I Get A Kick Out Of You», «I Remember Monk», «Nica Steps Out», «Laura», «'Round Midnight», «All the Things You Are», «Barak Obama», «Melanie», «The Way I Feel», concert à domicile, 4 décembre, Concerts on the Hill, Boyds, MD

2011.Freddie Redd-Butch Warren Quintet, Brad Linde/Brian Settles (ts), Tony Martucci (dm), «Laura», «Take The A Train», «Nica Steps out», «I Hear You», «I Can't Get Started», Bohemian Caverns in Washington, DC, 11 février

2011. Freddie Redd, Josh Benko (as), Asaf Yuria (ts), Amanda Sedgwick (as,3), Ben Meigners (b), Phil Stewart (dm), «The Thespian», «’Round Midnight», «Blue’n  Boogie», «Now's the Time», «There Will Never Be Another You», «Rhythm Changes», «Melanie», «Prince Albert», «O.D.», «Time to Smile», «Who Killed Cock Robin?», Fat Cat, Greenwich Village, New York, 19 février

2011. Freddie Redd-Butch Warren Quintet, Brad Linde/Brian Settles (ts), John Kocur (as), James King (b), Nasar Abadey (dm), «O.D.» (comp.Freddie Redd), «I Remember Monk» (comp. Butch Warren), «Somewhere», Twins Jazz, Washington, DC, en hommage au Jazz Loft Project (1957-1965) du photographe W. Eugene Smith mettre le lien https://www.youtube.com/watch?v=BRHXDrOjCE4

2013- Freddie Redd, Brad Linde (ts,prod), Brian Settles (ts,1,2,4,6,7,8), Sarah Hughes (as,ss,3,5), Michael Formanek (b), Matt Wilson (dm), album Reminiscing, Bleebop, Live at An Die Musik, Baltimore, MD, 24-25 janvier, sorti le 2 février 2021

2013- Freddie Redd-Butch Warren, Brad Linde (ts,prod), Matt Wilson (dm), album Baltimore Jazz Loft, Bleebop, Live at An Die Musik, Baltimore, MD, 25 janvier, sorti le 16 février 2021

2013. Freddie Redd Colours Quartet - «Buckeye Blues» (comp. Bill Hardman), Tony Lakatos (ts), Dietmar Fuhr (b), Jean-Paul Höchstädter (dm), JazzKeller, Francfort, Allemagne, 27 juillet

2014. Freddie Redd, Jay Anderson (b), Billy Drummond (dm), album Music for You, SteepleChase, New York, «All the Things You Are», «I'll Remember April», novembre 

2014-2015. Freddie Redd, John Mosca (tb), Chris Byars (as,fl), James Byars (oboe,tr-2), Stefano Doglioni (bcl), Jay Anderson (b), Billy Drummond (dm), album With Due Respect, SteepleChase, New York, «Lady J Blues», novembre 2014 et février 2015

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