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Reggie Johnson

11 sep. 2020
13 décembre 1940, Owensboro, KY - 11 septembre 2020, Berne, Suisse
© Jazz Hot 2020


Reggie Johnson, Marseille, Club le Pelle-Mêle, 14 avril 2005 Tournée des 70 ans de Jazz Hot © Ellen-Bertet



Reggie Johnson, Marseille, Club le Pelle-Mêle, 14 avril 2005
Tournée des 70 ans de
Jazz Hot
© Ellen-Bertet



Reggie JOHNSON

L’art de la section rythmique



Rares sont les musiciens qui ont porté l’art de l’accompagnement au service d’une musicalité aussi exemplaire donnant ainsi au soliste une dimension si singulière. Reginald Volney Johnson, Reggie Johnson de son nom d'artiste, en fait partie au même titre que ses contemporains Rufus Reid, Ray Drummond ou Buster Williams dont il est l’aîné.
Son récent décès, le 11 septembre 2020, chez lui, à Berne, en Suisse, nous rappelle avec tristesse la disparition actuelle d’une génération d’artistes qui a côtoyé le meilleur du jazz de culture, et dont la transmission se poursuit encore aujourd’hui à travers des musiciens tels que Peter Washington, Christian McBride, Reginald Veal ou Rodney Whitaker.
A la première écoute, se dégage une forme de sérénité dans son jeu solide, à la belle sonorité ample et boisée, issu de la tradition inspirée par Ray Brown pour sa capacité à swinguer et de ne jouer que les notes essentielles quel que soit le contexte. Il n’est pas insensible également aux apports de Ron Carter pour sa capacité à faire durer la note dans un jeu plus libre.
Il a aussi permis à beaucoup de leaders de briller, des pianistes réputés comme Hank Jones, Walter Bishop Jr., Horace Parlan, Kenny Barron, Cedar Walton, Monty Alexander, Stanley Cowell…, des saxophonistes Harold Land, Steve Grossman, Sonny Stitt, Booker Ervin, Marion Brown, Frank Wess sans oublier quelques monuments tels que Mingus, Blakey ou Bobby Hutcherson et Kenny Burrell. La diversité des contextes dans lesquels il a évolué lui a permis de s’affranchir des idiomes pour se consacrer uniquement à la musique passant d’un concert avec Roland Kirk à l’ensemble de Sun Ra sans oublier Archie Shepp ou le Mingus Dynasty. Sa discographie en sideman est simplement impressionnante!
Il avait participé avec brio au trio de Michel Sardaby (p) en 2005 lors de la tournée de neuf dates qui célébraient le 70e anniversaire de la revue Jazz Hot en France et en Belgique, en compagnie des batteurs Doug Sides, John Betsch ou Donald Edwards selon les dates. Un prolongement de cet événement reste le superbe disque Night in Paris Live du trio de Michel Sardaby enregistré à L’Archipel. Reggie Johnson faisait de son osmose avec le batteur –Alvin Queen l'évoque dans son hommage après la vidéographie– le fondement d'une certaine idée du jazz, et le moins qu'on puisse dire, c'est que le résultat était au niveau de son ambition.
Reggie Johnson est un musicien de culture à la connaissance encyclopédique du jazz, au sens le plus large, à l’image de son immense carrière et des nombreuses collaborations avec toutes les sensibilités du jazz qui ont construit sa personnalité musicale avec toujours ce souci de swinguer quel que soit le contexte, avec beaucoup de retenue, de justesse, doublé d’une forme de sophistication à la Ron Carter lorsqu’il joue plus mainstream.

David Bouzaclou
Photos Ellen Bertet



Né le 13 décembre 1940 à Owensboro, dans le Kentucky, Reggie Johnson est très tôt en contact avec la musique par le biais de l’Eglise et du chant, comme beaucoup d'autres dans la communauté afro-américaine. A l’adolescence, il fait partie d’un marching band, jouant également dans divers orchestres du trombone, son premier instrument qu’il apprend au lycée. Un professeur grand amateur de jazz lui fait découvrir également la contrebasse et l’initie avec une méthode de la Berklee School. Il faut dire que l’instrument convient à merveille à la personnalité plutôt réservée du jeune Reggie Johnson et de cette impression de force tranquille qu’il véhicule. Il acquiert ainsi de solides bases qu’il va perfectionner lorsqu’il arrive à New York en étudiant auprès de Ron Carter pour le jazz et de Robert Granam pour les bases classiques. 

Il fait ses débuts dans l’armée en Corée en jouant professionnellement avant de débuter à la fin de l’année 1961 et au début de 1962 avec les saxophonistes Bill Barron et Archie Shepp. Il participe à la «révolution d’octobre» au Cellar Café de New York en 1964 autour de Bill Dixon, jouant une musique plus libre sur le plan de la structure et dont la dimension politique correspondait à l'esprit de l’époque. Durant cette période très riche, il est présent sur les fameuses sessions de l’album Fire Music d’Archie Shepp sur le label Impulse!, s’immergeant dans l’univers du free jazz en collaborant avec les saxophonistes Marion Brown et Giuseppi Logan (cf. Jazz Hot 2020) lui permettant de cultiver sa formation musicale auprès de Roland Kirk et durant deux ans avec Sun Ra.

Il ne faut pourtant pas limiter la carrière de Reggie Johnson ni son esthétique aux formes libres du jazz, car il passera également l’année 1965 et 1966 chez les Jazz Messengers d’Art Blakey en remplacement de Victor Sproles. Une expérience unique avec notamment une série de concerts au fameux Five Spot Café en décembre 1965, puis un séjour en Californie avec un concert au Lighthouse d’Hermona Beach un mois plus tard qui donne l’album Buttercorn Lady (cf. vidéographie) où l’on retrouve Chuck Mangione en tant que trompettiste, mais aussi compositeur, le saxophoniste ténor Frank Mitchell et le jeune pianiste Keith Jarrett. On peut dire que c’est la seule production discographique de Reggie Johnson avec les Jazz Messengers, car Hold On, I’m Coming, réalisé en mai 1966, est un projet sous le nom d’Art Blakey uniquement autour de la soul et du blues, dans un répertoire où l’on retrouve Sam and Dave, Isaac Hayes, Muddy Waters. Il est entouré dans ce projet original des arrangeurs et trombonistes Tom McIntosh et Melba Liston, des Messengers du moment et surtout du guitariste Grant Green.

Il fait partie à cette époque (1967) du beau projet de brass band de Booker Ervin Booker ‘n’ Brass sur Pacific Jazz avec, entre autres, Kenny Barron (p), Lenny McBrowne (dm), et, parmi les cuivres, une section
 magistrale de trombones et de trompettes, composée de Benny Powell, Bennie Green, Britt Woodman, Garnett Brown (tb), Richard Williams, Freddie Hubbard, Charles Tolliver, Johnny Cole, Ray Copeland, Martin Banks (tp), l'ensemble dirigé par le saxophoniste Teddy Edwards (cf. vidéographie).

C’est pourtant sa collaboration avec Bobby Hutcherson qui le marque en cette fin des années 1960 comme il le confie à Jazz Hot en 2004 (n°607): «C’était une expérience plus intellectuelle. On jouait des harmonies spéciales. Il m’a vraiment fallu reformer mon oreille pour trouver quelles notes jouer, comment utiliser la force, ne pas être seulement là pour faire le travail ordinaire. J’ai vraiment appris avec lui, un enseignement ininterrompu pendant six mois.» Il en résulte l’excellent album Total Eclipse avec Harold Land, Chick Corea, Joe Chambers avant de récidiver avec quasiment la même équipe sur Head On puis Medina en 1969 toujours sur Blue Note. On a la chance de le découvrir en France en 1967 et 1969 à Antibes avec respectivement le trompettiste mingusien Ted Curson puis avec le quintet de Bobby Hutcherson et d’Harold Land, avant qu’il ne fasse partie brièvement du Jazz Composer’s Orchestra Association (JCOA), sorte de collectif de musiques improvisées autour de Mike Mantler et Carla Bley.

Il retourne à New York au début des années 1970 où il travaille surtout comme free lance. Il collabore ainsi avec Sonny Rollins, Frank Wess (ts, as), Don Friedman (p) et devient le contrebassiste régulier de la formation de Kenny Burrell. Il enregistre quatre superbes albums avec le guitariste de Detroit dont ‘Round Midnight avec le pianiste Richard Wyands. Sonny Stitt fait également appel à lui pour deux albums So Doggone Good et Goin’ Down Slow en compagnie du pianiste Hampton Hawes. On retient ses nombreuses rencontres donnant ses lettres de noblesse au sideman auprès d’Art Pepper, Clark Terry, Blue Mitchell, Walter Bishop Jr., the Crusaders qui saluent tout ensemble son sens du tempo, sa maîtrise des différents idiomes, sa belle sonorité ronde et boisée, sa disponibilité et sa bienveillance.


Michel Sardaby, Reggie Johnson, Doug Sides, Marseille, Club le Pelle-Mêle, 14 avril 2005, Tournée des 70 ans de Jazz Hot © Ellen-Bertet
Michel Sardaby, Reggie Johnson, Doug Sides, Marseille, Club le Pelle-Mêle, 14 avril 2005, Tournée des 70 ans de Jazz Hot © Ellen-Bertet


En ce début des années 1980, il est aux côtés du pianiste Horace Parlan avec Alvin Queen sur le très bon Pannonica chez Enja Records et il récidive avec le même trio sur le disque d’Eddie Lockjaw Davis, Jaws Blues, mais aussi sur des projets autour de Johnny Coles et Frank Wess. Il travaille également sur le répertoire de Charles Mingus au sein du Mingus Dynasty dans le courant des années 1980, pour un véritable collectif d’anciens partenaires de Charles Mingus tels que Sir Roland Hanna, Ricky Ford, Jimmy Knepper et Richard Williams. De cette collaboration sortent quatre disques (cf. discographie ci-dessous) chez Soul Note, le label italien, repris dans un coffret Soul Note/Black Saint), et le disque Epitaph, chez Columbia. Il est aussi au cœur du remarquable disque d’Al Haig, Blue Manhattan, en trio aux côtés du rare et précieux Frank Gant aux baguettes.

Il déménage en Europe à la fin des années 1980, s’installant à Berne, en Suisse, où il partage son rôle de free lance avec sporadiquement quelques master-classes, habitant dans un petit appartement au dessus d’un club de jazz. Il devient ainsi le compagnon idéal de toute section rythmique, une sorte d’assurance qualité du swing, du son, lui permettant de collaborer avec Johnny Griffin, Alvin Queen, Jerome Richardson, Tete Montoliu, Jessie Davis, Tom Harrell, Freddie Redd, George Robert, Panama Francis, Bob Wilber ou Benny Bailey. Bien que peu connu du grand public, il était d'un nombre incalculable de all stars de passage en Europe. C'est ainsi qu'il nous fit l'honneur d'être le bassiste permament du trio de Michel Sardaby qui participa à la tournée du 70e anniversaire de la revue, avec alternativement à la batterie, Doug Sides, John Betsch et Donald Edwards.

Andy McGee-/Dusko Goykovich/Dado Moroni/Reggie Johnson/Peter Schmidlin, A Tribute to Jimmy Wwoode


Comme beaucoup de grands contrebassistes et batteurs du jazz, Reggie Johnson n’a pas cultivé une carrière de leader malgré un excellent disque en sextet sorti en 1985, First Edition. Sa personnalité l'inclinait au collectif, en particulier le rôle de la section rythmique dans le jazz dont il parle savamment dans l'interview accordée à Jazz Hot.

En 2005, dans 
Tribute to Jimmy WoodeReggie participe en coleader à l'hommage à un autre contrebassiste de talent du jazz de Philadelphie, qui fit, lui aussi, une partie importante de sa vie musicale en Europe (Duke Ellington Orchestra, Lionel Hampton Big Band, Clarke/Boland Big Band…), et qui n'enregistra également qu'un seul disque en leader.

Reggie Johnson donnait, toujours dans cette interview à Jazz Hot, une définition du jazz qui lui correspond, solide, claire et tranquille: «Le jazz vous permet de vous exprimer plus librement, sans les restrictions du classique; c’est la liberté d’expression avec une bonne harmonie que les gens peuvent chanter en rentrant chez eux.»

L'équipe de Jazz Hot partage la peine de sa famille et de ses proches.




REGGIE JOHNSON & JAZZ HOT: n° 607-2004

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DISCOGRAPHIE 

Reggie Johnson, First Edition



Leader-coleader
LP 1985. Reggie Johnson, First Edition, The Jeremiah Robinson Company 19,000
CD 2005. AndyMcGee/Dusko Goykovich/Dado Moroni/Reggie Johnson/Peter Schmidlin,
A Tribute to Jimmy Woode: Live at the Alhambra Theatre, Geneva, Sound Hills 8131


Sideman
CD 1965. Archie Shepp, Fire Music, Impulse! 11582
CD 1965. Burton Greene, Live at the Woodstock Playhouse 1965, Porter Records 4040
CD 1965. Marion Brown, Marion Brown Quartet, ESP Disk 4011
CD 1965. Giuseppi Logan, More, ESP Disk 1013
CD 1965. Art Blakey, Hold On I’m Coming, Limelight Records 9735
CD 1965-66. Marion Brown, Capricorn Moon to Juba Lee Revisited, HatHut/Ezz-thetics 1102
CD 1966. Art Blakey & The New Jazz Messengers, Buttercorn Lady, Limelight 90319
CD 1966. Valdo Williams, New Advanced Jazz, Savoy Jazz 50614
CD 1966. Marion Brown, Juba-Lee, Fontana 1007
LP  1967. Rashied Ali Quintet, First Time Out : Live At Slugs 1967, Survival 551
CD 1967. Booker Ervin, Booker ‘N’ Brass, Pacific Jazz 7243 4 94509 2
CD 1967. Wes Montgomery Quartet/Booker Ervin Quartet With Chick Corea, Live at Newport ‘67, Paradox 630930
CD 1968. Bobby Hutcherson, Total Eclipse, Blue Note 7 84291 2
CD 1968. Bobby Hutcherson, Spiral, Blue Note 50280/Blue Note LT 996
CD 1968. The Jazz Composer’s Orchestra, JCOA Records 1001/2/841 124–2
CD 1968. Alan Shorter, Orgasm, Verve 314 557 094-2
CD 1968-69. Bobby Hutcherson, Medina, Blue Note 7243 4 97508 2
CD 1969. Bobby Hutcherson/Harold Land Quintet, Blow Up, Jazz Music Yersterday 1005-2
CD 1971. Bobby Hutcherson, Head On, Blue Note 5 17464 2
CD 1971. Harold Land, Choma (Burn), Mainstream 037/Solid 45237
CD 1971. Rudolph Johnson, Spring Rain, Real Gone Music/Black Jack 1172
CD 1971. Walter Bishop Jr., Coral Keys, Real Gone Music/Black Jack 1081
CD 1972. The Crusaders, Hollywood, Motown/MoJazz 31453/0306-2
CD 1972. John Klemmer, Constant Throb, Impulse! 154
CD 1972. LaMont Johnson, Sun, Moon and Stars, Mainstream 069/Solid 45269
CD 1972. Kenny Burrell, ‘ Round Midnight, Original Jazz Classics 990-2/Fantasy 9417
CD 1973. Sonny Stitt, So Doggone Good, Prestige 60149
LP  1973. Kenny Burrell, Both Feet on the Ground, Fantasy 9427
CD 1973. The Creators, Bill Evans/Bobby Hutcherson/Karin Krog/Archie Shepp/Harold Land/Eddie Gomez, Live at the Festival, Enja 2030-2
LP  1977. Walter Bishop Jr., Bish Bash, Xanadu 114
CD 1977. Kenny Burrell, Tin Tin Deo, Concord 4045
CD 1977. The Harold Land/Blue Mitchell Quintet, Mapenzi, Concord 4044
CD 1978. Dick Spencer, Shining Hour, Discomate 5012
CD 1978. Kenny Burrell, Handcrafted, Muse/32Jazz 32186
CD 1980. Al Haig, Blue Manhattan, Bopland, Interplay 30377 
CD 1981. Eddie Lockjaw Davis, Jaw’s Blues, Enja 3097-2
CD 1981. Horace Parlan Trio, Pannonica, Enja 4076-2
CD 1982. Johnny Coles, New Morning, Criss Cross Jazz 1005
CD 1982. The Mingus Dynasty, Reincarnation, Soul Note 1042 (=4CDs 1982-88. Mingus Dynasty Big Band Charlie Mingus, The Complete Remastered Recordings on Black Saint & Soul Note, Black Saint/Soul Note 1040)
LP  1982. Glenn Zottola, Secret Love, Famous Door 141
CD 1982. Bob Wilber and the Bechet Legacy, Special Guest Vic Dickenson, Ode to Bechet, Jazzology 142
CD 1982-86. Marc Hemmeler/Herb Ellis, Anniversary in Paris, Phoenix 2003
CD 1983-88. Frank Wess/Johnny Coles, Two at the Top, Uptown  27.69/70
CD 1985. Monty Alexander, Friday Night, Limetree 022/Solid 6414/Timeless Jazz Masters 114
CD 1985. Monty Alexander, Saturday Night, Limetree 024/Solid 6423/Timeless  Jazz Masters 123 
CD 1985. Monty Alexander, Sunday Night,Solid 6424/Timeless 124
CD 1987. George Robert/Tom Harrell Quintet, Sun Dance, Contemporary 14037-2
CD 1987. The Mingus Dynasty, Mingus’ Sounds of Love, Soul Note 121 142-2 (=4CDs 1982-88. Mingus Dynasty Big Band, Black Saint/Soul Note 1040) 
CD 1987. Tom Harrell, Visions, Contemporary 14063-2
CD 1987-2002. Willi Johanns, Scattin’, TCB 28702
CD 1988. Tete Montoliu Trio, Barcelona Meeting, Fresh Sound 5060
CD 1988. Jerome Richardson, Groovin’ High in Barcelona , With The Tete Montoliu Trio, Fresh Sounds 5065
CD 1988. Big Band Charlie Mingus, Live at the Théâtre Boulogne-Billancourt Paris Vol.1, Soul Note 121 192-2 (=4CDs 1982-88. Mingus Dynasty Big Band, Black Saint/Soul Note 1040)
CD 1988. Big Band Charlie Mingus, Live at the Théâtre Boulogne-Billancourt Paris Vol.2, Soul Note 121 193-2 (=4CDs 1982-88. Mingus Dynasty Big Band, Black Saint/Soul Note 1040)
CD 1989. George Robert/Tom Harrell Quintet, Lonely Eyes, GRP 1002
CD 1989. George Robert Quartet, Looking Ahead, TCB 22132
CD 1989. Moncef Genoud Trio, Waiting For Birth, Nilva Records/Sound Hills 4014
CD 1989. Robin Kenyatta, Blues For Mama Doll, Live at Cully, Jazz Dance Records
CD 1990. Mingus, Epitaph, CBS 466631-2
CD 1990. Oliver Jones, Live in Baden Switzerland, Justin Time 243-2
CD 1991. Steve Grossman, Do It, Dreyfus Jazz 36550-2
CD 1991. André Villeger, Connexion, Jazz Aux Remparts 39.641-2
CD 1991. Robin Kenyatta, Ghost Stories, ITM Pacific 970060
CD 1991. Walter Bishop Jr., Midnight Blue, Red Records 123251-2
CD 1992. Steve Grossman Quintet Feat. Harold Land, I’m Confessin’, Dreyfus Jazz 36902-2
CD 1992. George Robert/Tom Harrell Quintet, Cape Verde, Mons 1898
CD 1994. Barbara Sutton Curtis, Solos & Duets: Ralph Sutton/Reggie Johnson/ Jake Hanna, Sackville 2027
CD 1994. George Robert Quintet, Tribute, Jazz Focus 004
CD 1995. Panama Francis, Savoy 4 Live in Switzerland, Volume 1, Squatty Roo 0251
CD 1996. Benny Bailey Quintet, Peruvian Night, TCB 96102
CD 1997. Michel Sardaby, Intense Moment, Sound Hills 8080
CD 1997. Vince Benedetti Trio, JHM Records 3632
CD 1998. Ann Malcolm, R.S.V.P, Mons Records 874-301
CD 2000. Bob Lalemant Trio, Love For Sale, Autoproduction/SOAP 001
CD 2001. Bobby Shew/George Robert Quintet, Live in Switzerland, TCB 22142
CD 2002. Claudia Carbo, After Dark, C.C. Bee Music (autoproduction)
CD 2004. Joe Haider Trio, Feat. Dusko Goykovich, One For Klook, Sound Hills 8127
CD 2004. Stewy Von Wattenwyl, Dienda, Brambus 200496-2
CD 2005. Michel Sardaby Trio, Night Iin Paris, Universal Music Jazz France 983-646-1

DVD 1989. Charles Mingus, Epitaph, Eagle Vision 39171-9

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VIDEOGRAPHIE

1986. Reggie Johnson au sein d'un All Star avec Johnny Griffin, Woody Shaw, John Hicks, Alvin Queen, au Subway, Cologne © YouTube
1986. Reggie Johnson au sein d'un All Star avec Johnny Griffin, Woody Shaw, John Hicks, Alvin Queen,
au Subway, Cologne © YouTube (cliquer sur l'image)


1966. Reggie Johnson (b), Keith Jarrett (p), Frank Mitchell (ts), Chuck Mangione (tp), album-titre Art Blakey (dm, lead) & The New Jazz Messengers-Buttercorn Lady (Mercury-Limelight), live au Lighthouse, Hermosa Beach, CA, janvier
https://www.youtube.com/watch?v=n9F-qZPcpbA
https://www.youtube.com/watch?v=f1iwxovFgHY
https://www.youtube.com/watch?v=ZF50AOWF3wc
https://www.youtube.com/watch?v=1HpSeZX8XgU
https://www.youtube.com/watch?v=XCnkkgIYmlM
https://www.youtube.com/watch?v=ad8sqFQ_RO0

1967.Reggie Johnson (b),Booker Ervin (ts),Teddy Edwards (arr,lead), Kenny Barron (p), Lenny McBrowne (dm), Freddie Hubbard, Johnny Coles, Martin Banks, Ray Copeland, Richard Williams (tp), Bennie Green, Britt Woodman, Garnett Brown (tb), Benny Powell (btb), album Booker Ervin–Booker ’n' Brass, (Pacific Jazz),Webster Hall, New York, NY, 12-13-14 septembre
https://www.youtube.com/watch?v=5ttj2SN5bOw
https://www.youtube.com/watch?v=fCWPCvb0gmo&list=PLyHn3f7-9IULJ3w8PqZyuOPhF0LbtOY4O
https://www.youtube.com/watch?v=fCWPCvb0gmo
https://www.youtube.com/watch?v=xKE5vuY_EzI
https://www.youtube.com/watch?v=eOPZWDLGg-w
https://www.youtube.com/watch?v=VPLg_ShBWtE
https://www.youtube.com/watch?v=RGDRd_HlTyQ
https://www.youtube.com/watch?v=_-0ZRUKsG6w
https://www.youtube.com/watch?v=pWR40sdasQ4
https://www.youtube.com/watch?v=QZ65SRkFIpI
https://www.youtube.com/watch?v=Awq6JVZRRy8

1969. Bobby Hutcherson (vib), Harold Land (ts), Stanley Cowell (p), Reggie Johnson (b), Joe Chambers (dm), «Blow Up», «Oleo», Molde Jazz Festival, Norvège
https://www.youtube.com/watch?v=hEG2HHAVqPg

1969. Reggie Johnson (b), Bobby Hutcherson (vob), Harold Land (ts), Stanley Cowell (p), Joe Chambers (dm), Festival de jazz d’Antibes-Juan-les-Pins, 25 juillet
https://www.youtube.com/watch?v=4J6c0g2CyzM

1978. Kenny Burrell (g), David Fathead Newman (ts), Hank Crawford (as), Reggie Johnson (b), Sherman Ferguson (dm), «Take The A Train», «Don’t Get Around Much Anymore» Nice, France. Produit pour FR3 par Jean-Christophe Averty

1986. Woody Shaw (tp), Johnny Griffin (ts), John Hicks (p), Reggie Johnson (b), Alvin Queen (dm), Subway Club à Cologne/Dieter Hens, Allemagne
1986. Dizzy Gillsepie (tp), Clifford Jordan (ts), Horace Parlan (p), Reggie Johnson (b), Sangoma Everett (dm), «Round About Midnight/Now’s The Time», «Caravan», Subway Club, Cologne/Dieter Hens, Allemagne

1990. Tete Montoliu (p), Reggie Johnson (b),  Idris Muhammad (dm), TV3, Andorra Jazz Escaldes-Engordany

1994. Johnny Griffin (ts), Horace Parlan (p), Reggie Johnson (b), Alvin Queen (dm), «Hot Saki», «The Jamfs Are Coming»,  Subway Club à Cologne/Dieter Hens, Allemagne

1996. Doc Cheatham (tp), Charlie Gabriel (cl, ts), Red Richards (p), Reggie Johnson (b), Alvin Queen (dm), Marciac, France, le 16 août, Harlem Legacy © Jean-Marc et Lisiane Laplace.

1997. Vladimir Maricic (p), Reggie Johnson (b), Alvin Queen (dm), «Whiskey Night In Duke’s Street»

1999. Lee Konitz (as), Martial Solal(p), Reggie Johnson (b), Daniel Humair (dm), «What Is This Thing Called Love/Subconscious Lee», Berlin, Allemagne

2002. Alvin Queen (dm) Vince Benedetti (p), Reggie Johnson (b), «So What», «Night In Tunisia», Springtime Jazz Fever 2002, BP Club Zagreb, Croatie ©Mario Alojzije Lub

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Reggie Johnson, tournée Anniversaire des 70 ans de Jazz Hot Marseille, Club le Pelle Mêle, 14 avril 2005 © Ellen Bertet



Reggie Johnson, tournée Anniversaire des 70 ans de
Jazz Hot
Marseille, Club le Pelle Mêle, 14 avril 2005 © Ellen Bertet




Reggie JOHNSON

I remember REGGIE
l'hommage d'Alvin Queen


Le batteur talentueux, Alvin Queen, expatrié comme lui en Europe, a partagé à plusieurs reprises les scènes et les studios avec son ami Reggie Johnson que ce soit avec Horace Parlan, Tete Montoliu, John Hicks, Woody Shaw, Johnny Griffin, Jérôme Richardson, Eddie Lockjaw Davis… Alvin Queen connaissait Reggie depuis le début des années 1960 à New York et il témoigne de son admiration pour un contrebassiste d'un talent exceptionnel… un grand ami aussi avec lequel il a connu des moments intenses en Europe, musicaux et humains.





Reggie Johnson was a very good friend of mine until his death. 
I first met Reggie when he was still in the American army, I believe he was stationed at Fort Dix, in New Jersey. I was 12 years old at the time. It was 1962 some 58 years ago when they had the Gretsch Drum Night at the famous jazz club, Birdland which was located on 52nd street and Broadway.
Reggie used to sneak off of the army base and come into Manhattan to listen to some great jazz performer all dressed up in his military uniform. He could not have been older than 22 years old.
Reggie, was always a very quiet person and agreeable on helping and making the music happen. Out of the 58 years that I knew him, I never really saw him upset about anything.
Reggie always played the bottom of the Bass, He always loved such greats as Paul Chambers, Ray Brown, Ron Carter, NHØP, Ben Tucker, Richard Davis and many more. He loved to talk to all the Bass players and learn whatever he could get from them.
We didn’t grow up at that time with the ego attitude. We always tried to learn how to play together on the bandstand as a group and not to show off in trying to prove to the audience about what we could do better than the other. We would always learn how to share the groove with each other instead.
After coming out of the military, Reggie began to work around the NYC area in the early 60’s in such places as the Five Spot and the Doom which was across the street. I saw Reggie in the late 60’s playing with Tony Scott at the Doom along with Walter Bishop, Jr. on piano and Dick Berk on drums. Reggie also spent a lot of time performing at the famous club Slug’s, in the East Village, playing with many of the free jazz musicians such as Archie Shepp, Rashied Ali, Frank Wright, Sunny Murray, Cecil Taylor, Albert Ayler. Reggie was definitely a special person. He could play free music, but also bebop and swing you under the table. He knew how to fit in any situation regarding the music on the bandstand.
I remember when Reggie disappeared from the East coast New York jazz scene in 1967. He and Walter Bishop Jr. drove together to Los Angeles, on the West coast. He stayed out there for many years doing a lot of movie soundtracks and studio work. This is where he connected with Bobby Hutcherson and Harold Land Quintet, along with Shelly Manne, playing at the famous jazz club Shelly’s Manne-Hole. After this period, I lost connection with Reggie for a good while.
After he left NYC in 1967, I joined the Horace Silver Quintet taking Billy Cobham place in 1969. Then, I spent some time with George Benson. I first came to Europe in 1971 with Charles Tolliver Music Inc. I returned to live permanently in Switzerland in 1979 because I was offered such great opportunities and the Europeans appreciated American music so much and with such great respect for their art work, which was the same reason why Reggie stayed here in Europe.
I lost track of Reggie for more than 18 years. And the last thing I knew he was in Los Angeles, California. I remember we reunited in Bern, Switzerland. At the time, I was performing there with Harry Sweets Edison and Plas Johnson, Ray Bryant and Jimmy Woode. Someone mentioned to me that Al Grey and Buddy Tate group was going to open up in Bern at a club called Jaylin’s located in the Schweizerhof hotel the following week. On Bass they had a guy named Reggie Johnson. That’s when I said I know that name and that was in 1985 which was the beginning of our reunion after 18 years.
Reggie decided to stay in Switzerland from 1985 which offered him great opportunity of working with some of the older musicians such as: Sammy Price, Red Richards, Ruth Brown, Joe Newman, as well as  Warren Vaché, Scott Hamilton, Harry Allen and John Adler, just to name a few. I remember the recording date that we did with Eddie Lockjaw Davis entitled: Jaws Blues,
Enja records had contacted me for this date and asked me who could I recommend for the bass player. I suggested Reggie Johnson. This is also where the recording comes from with the Horace Parlan trio on Enja record label. They have also just released a new recording which we did together in Barcelona in 1988 with Tete Montoliu some 30 years ago. We also did a recording with Jerome Richardson at the same time which has not been release as of now. I can remember a European tour which Reggie and I did for Wim Wigt –the booking agency in Holland– which was with Pharoah Sanders and Kirk Lightsey. That was one week before the concert we did at the Subway Club in Koln, Germany, in 1986, with Woody Shaw and Johnny Griffin featuring John Hicks. These were great moments. Reggie also joined me on a trio tour in Japan with the great Horace Parlan on piano. This was during the earthquake in Tokyo, in 1995.
I would just like to say Reggie Johnson was one of the greatest bassists that ever lived on this earth. He will definitely be missed! 

Reggie Johnson a été un très bon ami jusqu'à sa disparition.
J'ai rencontré Reggie pour la première fois quand il était encore dans l'armée américaine, je crois qu'il était en poste à Fort Dix, dans le New Jersey. J'avais 12 ans à l'époque. C'était en 1962, il y a 58 ans, quand ils ont organisé la Gretsch Drum Night au célèbre club de jazz, le Birdland, situé sur la 52e Rue et Broadway. Reggie avait l'habitude de se faufiler hors de la base militaire et de venir à Manhattan pour écouter les grands artistes de jazz encore dans son uniforme militaire; il ne devait pas avoir plus de 22 ans.
Reggie était une personne très calme et toujours disponible pour la musique. Durant les 58 années où je l'ai connu, je ne l'ai jamais vraiment vu contrarié par quoi que ce soit.
Reggie a toujours joué le fond de la basse, il a toujours aimé les grands comme Paul Chambers, Ray Brown, Ron Carter, NHØP, Ben Tucker, Richard Davis et bien d'autres. Il adorait parler avec tous les bassistes et apprendre d'eux tout ce qu'il pouvait.
A l'époque où nous avons grandi, nous n'avions pas un ego disproportionné; nous avions toujours dans l'idée d'apprendre à jouer la musique comme un groupe. Nous n'essayions pas de prouver au public que nous pouvions faire mieux que l'autre; nous apprenions toujours à partager le groove les uns avec les autres.
Après être sorti de l'armée, il a commencé à travailler dans la région de New York au début des années 1960, dans des endroits tels que le Five Spot et le Doom qui se trouvait de l'autre côté de la rue. Je l’ai souvent entendu en club à cette époque. A la fin des années 1960, il jouait avec Tony Scott au Doom, Walter Bishop, Jr. au piano et Dick Berk à la batterie. Reggie a également passé beaucoup de temps à se produire dans le célèbre club de l’Est Village, le  Slug’s, avec de nombreux musiciens de free jazz tels qu’Archie Shepp, Rashied Ali, Frank Wright, Sunny Murray, Cecil Taylor et Albert Ayler. En fait, c’était une personne singulière car il pouvait jouer de l’avant-garde, mais aussi du bebop et swinguer comme personne; il savait comment s'adapter à toutes les situations concernant la musique et le jazz en particulier.
Je me souviens quand Reggie a disparu de la scène jazz new-yorkaise de la Côte Est en 1967. Lui et Walter Bishop, Jr. sont partis ensemble vers la Côte Ouest à Los Angeles, et il est resté là-bas pendant de nombreuses années à faire beaucoup de bandes son de films et de travail en studio. C’est là-bas qu'il a collaboré avec Bobby Hutcherson et le Harold Land Quintet, avec Shelly Manne, jouant au célèbre club de jazz, le Shelly’s Manne-Hole; après cette période, je l’ai perdu de vue  pendant un bon moment.
Pendant ce temps, après avoir quitté New York en 1967, j’ai rejoint le Horace Silver Quintet en prenant la place de Billy Cobham en 1969; puis, j'ai travaillé un moment avec George Benson. Je suis arrivé en Europe pour la première fois en 1971 avec Music Inc., la formation de Charles Tolliver. Je suis allé vivre de façon permanente en Suisse en 1979, car on m' offrait plus d'opportunités de jouer.  Vous savez, tant les Européens appréciaient la musique américaine et la respectaient, la considérant comme un art à part entière; c’est ce qui a poussé également  Reggie Johnson à venir s’installer en Europe.
J'ai perdu de vue Reggie pendant plus de 18 ans, et aux dernières nouvelles, il vivait à Los Angeles, en Californie. Je me souviens encore de nos retrouvailles à Berne, en Suisse en 1985. A l'époque,  je jouais là-bas avec Harry Sweets Edison, Plas Johnson, Ray Bryant et  Jimmy Woode. Quelqu'un m'a dit que le groupe d’Al Grey et Buddy Tate allait jouer la semaine suivante à Berne dans un club, le Jaylin's, situé à l'hôtel Schweizerhof. A la contrebasse, il y avait un gars nommé Reggie Johnson. Nous sommes restés en contact depuis.
Reggie a décidé de rester en Suisse à partir de l'année 1985, ce qui lui offrait une excellente occasion de travailler avec certains des musiciens plus âgés tels que Sammy Price, Red Richards, Ruth Brown, Joe Newman, mais aussi Warren Vaché, Scott Hamilton, Harry Allen, John Adler, pour en nommer quelques-uns. Je me souviens particulièrement de l'enregistrement de Jaws Blues que nous avons fait avec Eddie Lockjaw Davis. Enja Records m'avait contacté et m’avait demandé qui je pouvais recommander en tant que bassiste; j'ai suggéré Reggie Johnson; c'est aussi de là que vient l'enregistrement Pannonica avec le trio Horace Parlan sur le même label. Ils viennent également de sortir un nouvel enregistrement que nous avons fait ensemble à Barcelone en 1988 avec Tete Montoliu, il y a une trentaine d'années. Nous avons également fait un enregistrement avec Jerome Richardson.
Je me souviens encore d'une tournée européenne que Reggie et moi avons faite pour Wim Wigt –le tourneur Hollandais (fondateur du label Timeless Records, ndlr)– avec Pharoah Sanders et Kirk Lightsey,  juste une semaine avant le concert que nous avons fait au Subway Club, à Cologne en Allemagne, en 1986, avec Woody Shaw, Johnny Griffin et John Hicks (cf. vidéographie). C'étaient de grands moments. On a également joué ensemble pour une tournée en trio au Japon avec le grand Horace Parlan au piano lors du tremblement de terre de Tokyo en 1995.
Je voudrais juste dire que Reggie Johnson était l'un des plus grands contrebassistes qui aient vécu sur cette terre. Il nous manquera, c'est sûr!

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