Louis Jessup Delsarte est un peintre, muraliste, graveur, illustrateur
particulièrement inspiré par le jazz, le blues, la danse et l’histoire
afro-américaines dont le mouvement pour les Droits civiques et Martin Luther
King, l’opéra, la comédie musicale et la culture africaine. Il a ainsi
notamment participé en 2001 à l’exposition itinérante (Etats-Unis) sponsorisée
par le Smithsonian Institute, intitulée «When the Spirit
Moves: African-American Dance in History and Art», elle-même tirée d’une
précédente exposition en 1999-2000 à Spelman College, à Atlanta, GA, intitulée «When the Spirit Moves1:
African American Art Inspired by Dance». C’est à Atlanta qu’il vivra les
dernières années de sa vie car il enseigne les beaux-arts au Morehouse Collège.
Toutes ses passions le feront connaître du public, des grands formats dans le
métro de New York (Church Avenue Station), à «Spirit of Harlem»
fresque monumentale en mosaïque de verre sur la 125e Rue en face
de l’Apollo, ou celle de Martin Luther King installée à Peace Place à Atlanta
en 2010, aux très petits formats, avec un timbre des Postes américaines
reproduisant son tableau (peint en 2000) sur la Marche de Selma à Montgomery, AL. La première femme
afro-américaine diplômée (PhD, 1951, Ohio State University) en art et histoire
de l’art, Samella Sanders-Lewis, artiste, activiste, historienne et
enseignante, née à New Orleans (27 février 1924), aujourd’hui âgée de 96 ans, l’a
inclus dans son ouvrage de référence paru en 1990 «African American Art and Artists»
https://www.ucpress.edu/book/9780520239357/african-american-art-and-artists
Né le 1er septembre 1944 à Brooklyn de parents (Louis et Llewellyn Johnston) tous deux
dans l’enseignement, son père dans le sport, sa mère assistante pédagogique, la
famille compte de nombreux artistes comme Lena Horne ou Langston Hughes parmi
les familiers, écoute et pratique le jazz; dès ses 9 ans, Louis est
inscrit par sa mère à des cours au Brooklyn Museum, toujours son carnet de
croquis et ses crayons à la main, une habitude qu’il ne perdra jamais. Il
fréquente le lycée du quartier historique de Flatbush, puis le Brooklyn College
et le Pratt Institute et part, comme beaucoup d’autres rêveurs Peace & Love déçus de l’Amérique des
années soixante-dix, en Californie et ensuite en Arizona où il fait un Master
of Fine Arts à l’Université de Tucson en 1977. Son œuvre «Spirit of
Harlem», représentant Count Basie et Cab Calloway, entre autres, a été
sauvée du béton et restaurée suite à des manifestations à Harlem car une
enseigne de chaussures l’avait recouverte. Il a produit de nombreuses œuvres,
participé à de multiples expositions et a été souvent sollicité dans le cadre
de commandes publiques. Son travail très coloré et rendu vivant par des
thématiques directement connectées à l’histoire afro-américaine le rend très
accessible à tous les publics.
Louis Delsarte s’est
marié deux fois et a eu quatre filles. En 1990, il part à Atlanta où un poste
d’enseignant l’attend au Morris Brown Collège puis il devient professeur au
Morehouse College en 2008. C’est pour cette ville qu’il conçoit son œuvre sur Martin Luther
King, y travaillant deux ans avec cent apprentis.
Il est décédé d’une
maladie cardiaque à 75 ans, le 2 mai 2020 à Atlanta, GA.
Fresque murale Martin Luther King source: copie d'écran YouTube
Sur son site, figure
une déclaration sur sa quête d’artiste:
«Je cherche
constamment un sens à ma vie en créant. Cette révélation, ou acte de découverte
par l'expérimentation, a été un processus de toute une vie. Mon travail est
vraiment spirituel dans le sens où je pense toujours à cette vie et à ce
qu'elle signifie vraiment. Comment documenter les expériences que vous vivez?
Comment documenter la vie, la mort, la tragédie, le bonheur, la tristesse et la
naissance? Librement, avec la joie et la passion du processus créatif, j'ai
découvert par essais et erreurs l'utilisation de la texture, de la couleur et
de la forme, et que l'abstraction de l'espace est peut-être plus importante que
le sujet. La figure est dans la composition un élément de forme. Dans mes
abstractions, les images se rapportent à la lumière et à l'espace; cependant,
le sujet, la matière, dépeignent souvent des thèmes afro-américains. Quand je
peins, je recherche la beauté dans mon travail. La peinture est une forme de
prière et me maintient connecté à Dieu. Depuis le début de ma carrière, j'ai
conservé ma vision du romantisme et de l'inconnu, surréaliste. La nature
inspire la création de masques suggérant l'universalité cachée des personnes de
toutes races. Je suis inspiré par des souvenirs du passé. Les âmes des proches
font partie intégrante de mes rêves et de mes visions. Les voix des ancêtres
parlent à travers moi. Mon travail est une interprétation de notre
communication. Cet esprit suscite en moi une énergie créatrice qui se meut avec
joie et passion, et voit à travers la vision inhabitée d'un enfant.»
Hélène Sportis
Sites https://www.louisdelsarte.net/drawings
https://www.blackartinamerica.com/index.php/2019/07/17/louis-delsarte-a-master-of-movement-and-color
Vidéos
https://www.youtube.com/watch?v=X_W2YBS2pAM
https://www.youtube.com/watch?v=U9EDihyN1gk
https://www.youtube.com/watch?v=zycwU-oHP5k
https://www.youtube.com/watch?v=hlzqQqYcoOg
Interview
https://web.archive.org/web/20070831215946/http://www.union.edu/PUBLIC/ECODEPT/kleind/artists/louis_delsarte.htm
Informations
complémentaires expositions
African American
Visual Artists Database: http://216.197.120.164/artistbibliog.cfm?id=669
1. Le titre de ces expositions fait
directement référence au travail de Mura Ziperovitch Dehn (1905-1985, danseuse
russe) «Spirit Moves» qui, la première, a filmé les danses
afro-américaines à titre conservatoire. Mura a été liée à Jazz Hot par Sonia
Delaunay (russe comme elle), car son mari Adolf Dehn (1895-1958), peintre
américain, qu’elle a épousé lors de leur rencontre à Paris (1920-1929), côtoyait
la famille Delaunay de retour d’Espagne après la Première Guerre Mondiale;
le couple, déjà lié à Nijinsky et Serge de Diaghilev (Ballets russes) rencontré
à Madrid, travaillait pour les costumes et décors de ballets et avait donc
la danse en commun avec elle. Mura Dehn écrira donc très naturellement des
articles pour Jazz Hot sur la danse afro-américaine (Jazz Hot n°59-1951, n°60-1951, n°70-1952, n°158-1960).«Spirit Moves»:
https://www.youtube.com/watch?v=WjguncQiw70
https://www.youtube.com/watch?v=yHf4tBmAlpI
In a Jazz Way: A Portrait of Mura Dehn, dir. Louise Ghertler/Pamela
Katz; performed by Mura Dehn, New York, NY: Filmakers Library, 1986, 28 min.:
https://search.alexanderstreet.com/preview/work/bibliographic_entity%7Cvideo_work%7C1664135
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