Alex Layne est l’un des nombreux musiciens de jazz
américains que le Covid-19 a emportés. Il est mort le 31 mars 2020 à New York à
l’âge de 80 ans. Avec lui, c’est toute une mémoire de Harlem qui disparaît. Ces
dernières années, on pouvait le retrouver les lundis soir, avec son éternel
sourire et cette fierté de jouer, à la jam session de la Jazz Foundation au
syndicat des musiciens, Local 802. Il faisait partie de l’un des deux orchestres-maison
avec Ed Stoute (p), Leroy Williams (dm) et
parfois Michael Howell (g), Mike Camoia (as), Richard Rivers (ts).
Alex est
né le 29 octobre 1939 à Harlem. Son père est un immigré de Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
dans les Petites Antilles, devenu propriétaire d’une laverie et d’une épicerie.
Sa mère est une enseignante originaire de Georgetown, en Caroline du Sud. C’est
elle qui incite le jeune Alex à apprendre le piano. Un instrument avec lequel
il n’a aucune affinité mais qui lui ouvre les portes de la High School of
Music & Art. Ses copains de classe sont Bobby Capers (as, bs,
fl), Pete La Roca (dm), Billy Gardner (p), George Braith (as, ts, ss,
braith-horn). C’est dans ces années qu’il passe à la contrebasse.
En
1959, Alex a 20 ans. Steve Pulliam (tb) l’engage pour remplacer Larry Gales
dans l’orchestre-maison du club de Count Basie, à Harlem. Un club réputé pour
ses jam sessions, et où il fait le bœuf avec de jeunes pleins d’avenir, Freddie
Hubbard, Cedar Walton, etc. Dans
les années 1960, il accompagne essentiellement des chanteurs, Billy Eckstine,
Johnny Hartman mais aussi Carmen McRae et Miriam Makeba, avec qui il part en
tournée en 1964 en Europe et en Afrique. Il travaille avec les pianistes Mary
Lou Williams, Hazel Scott, Dorothy Donegan, retrouve son ami George Braith… En
1969, il devient membre de Nation of Islam et décide de reprendre les études. Pendant
dix ans, il étudie la musique au Bronx Community College puis au Queens
College. En
1979, et pendant la décennie suivante, il tourne en Europe dans les spectacles
musicaux No Maps on My Taps (avec les
tap dancers Chuck Green, Sandman Sims et Buster Brown), Bubbling Brown Sugar, Ain’t
Misbehavin’, Sophisticated Ladies...
En 1989, il s’installe à Long Island où il joue au Sunny's
Place et dans des restaurants. De retour à New York en 1996, il rejoint le
programme Jazz dans les écoles et les hôpitaux, créé par la Jazz Foundation. Il
intègre le Harlem Blues & Jazz Band, un
orchestre fondé en 1973 par Clyde Bernhardt, chanteur de blues et ancien
tromboniste de King Oliver, et Al Vollmer, orthodontiste et amateur de jazz
d’origine suédoise. Il se produit dans des clubs de Harlem, tels que le
Lenox Lounge et le Minton’s Playhouse, rouvert en 2013.
Mathieu Perez Texte et photo
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