Le dernier père
de la bossa nova a rejoint ses amis Vinicius de Moraes et Antonio Carlos Jobim parmi les étoiles.
João
Gilberto Prado
Pereira de Oliveira, est né
à Juazeiro, une toute petite ville de l’État de Bahia; la base de son apprentissage
musical se fait en écoutant le haut-parleur que son voisin a installé dans la
rue et qui profite à tous. A 14 ans, il reçoit de son grand-père sa première
guitare et apprend à jouer en autodidacte. A 18 ans, il part pour Salvador de
Bahia et découvre les attraits d’une grande ville. Il décide alors d’aller
s’installer à Rio de Janeiro (1950). Il devient le chanteur du groupe Os Garotos da Lua et obtient un certain succès dans des émissions de radio. Il
sera renvoyé après un an et deux enregistrements qui le laissent insatisfait.
On connaît mal cette période de sa vie où il s’isole et cherche à se forger une
identité musicale.
En 1957,
la rencontre décisive avec le compositeur Antonio Carlos Jobim donne naissance
à un nouveau style musical, la bossa nova. Les deux compères participent à
l’enregistrement de l’album Cançao do
Amor Demais de la vedette Elizeth Cardoso qui, malgré une incompréhension
du nouveau style du guitariste, accepte que la majorité du répertoire soit
signée par Jobim et le poète Vinicius De Moraes. João Gilberto signe alors pour
le label Odeon qui produit l’album Chega
Da Saudade et lance à la fois sa carrière de guitariste-chanteur et impose la
bossa nova comme un nouveau style à part entière. Une révolution musicale est
en marche car ce premier album est considéré comme le premier album de la bossa
nova sur lequel figure aussi Desafinado. Deux
autres 33 tours O Amor, o Sorriso e a Flor
et João Gilberto confirment le
rôle majeur de l’artiste qui interprète des titres de la paire Jobim-Moraes. Il
reprend aussi des sambas des années 1930.
En 1961,
lors d’une tournée en Italie, il découvre la chanson Estate de Bruno Martino qu’il adapte à son répertoire. Il en fait
un succès international salué notamment par des jazzmen. En 1962, il part
travailler à New-York en compagnie d’Antonio Carlos Jobim et de sa première
épouse Astrud Gilberto. Ils enregistrent en studio avec Stan Getz l’album Getz/Gilberto qui va devenir le
best-seller du jazz et imposer au monde entier la bossa nova notamment avec A Garota de Ipanema/The Girl From Ipanema. Avec
le triomphe de l’album il donne un concert mémorable au Carnegie Hall le 9
octobre 1964 qui paraît en 1966 sous le nom Getz/Gilberto#2.
Durant une décennie, il se produit sur des scènes prestigieuses et, en 1970,
alors qu’il est installé au Mexique, il va produire Ela é Carioca.
En 1973
paraît l‘album João Gilberto baptisé «l’Album blanc de la bossa». Il a
choisi essentiellement d’interpréter des titres acoustiques où figure seulement
sa voix et sa guitare dans un style épurée. Sa version d’Aguas de Março signé par Jobim remporte un vif succès et les Brésiliens
le considèrent vraiment comme son meilleur album.
En 1976, il retrouve Stan Getz pour l’album The
Best of Two Worlds où chante également Miucha sa seconde femme depuis 1965.
En 1977,
il signe Amoroso sur des arrangements
de Claus Ogerman, et il faut attendre 1980 pour voir sur Brasil l’étonnant résultat de sa collaboration avec Gilberto Gil,
Caetano Veloso et Maria Bethania, soit une nouvelle génération de la musique populaire
brésilienne. Il produit peu d’album, et sa réputation de «mauvais coucheur» qui
annule plusieurs concerts le fait considérer comme un excentrique, refusant
tout interview, interrompant les concerts et vivant en vase clos. Sa carrière
subit des hauts et des bas, il se produit néanmoins dans de grands festivals
dont certains serviront d’albums «live» (Montreux, Pérugia, Tokyo). S’il n’a
produit que peu d’albums –moins d’une trentaine– on retrouve certains de ses
titres sur plus de 100 compilations.
Il
vivait dans son appartement du quartier de Leblon à Rio de Janeiro où, malgré son immense succès, il a terminé discrètement une longue et prestigieuse carrière.
Michel Antonelli Discographie sélective Leader /Coleader LP 1959. Chega da Saudade, Odeon, MOFB 3073 LP 1960. O Amor, O Sorriso e a Flor, Odeon, URL 3151 LP 1960. Brazil’s Brilliant. Capitol Records, ST10280LP 1961. João Gilberto, Odeon MOFB 3202 LP 1962. The Boss of the Bossa Nova, Atlantic 8070 CD 1962. Tom Jobim, Vinicius de Moreas, Os Cariocas, Um Encontro No Au Bon Gourmet, Doxy 2046 LP 1964. Stan
Getz /João Gilberto, Getz–Gilberto,
Verve RecordsVS-8545 LP 1965. Stan
Getz /João Gilberto Getz–Gilberto #2, VSTC 342 LP 1970. João
Gilberto en Mexico Orfeon LP 12-717 LP 1973. João
Gilberto, Polydor 2345037 LP 1976. Stan
Getz featuring João Gilberto The Best of The Two Words, Columbia PC 33703 LP 1977. Amoroso, Warner Bros. Records 150.032 LP 1980. João Gilberto
Prado Perreira De Olivera Warner Bros. Records WEA K 91 032 LP 1981. João
Gilberto/Caetano Veloso/Gilberto Gil/Maria Bethania, Brasil, Philips 28PP-25 LP 1986. Live At The 19th Montreux Jazz Festival Warner
Bros. Records 615.6001 LP 1987. Live At Montreux, Elektra Musician 9 60760-2 CD 1991. João, Polygram PHCA-41 CD 1994. Ao Vivo,Eu Sei Que
Vou Te Amar, Epic 476467 2 CD 2000, João Voz E Violão, Verve
Records 314
546 713-2 CD 2002. Live
at Umbria Jazz, Egea EUJ 1004 CD 2004. João
Gilberto in Tokyo, Verve Records 0602498168479
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