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César PASTRE

22 sep. 2017
Tu quoque Fili


César Pastre © Patrick Martineau


César Pastre est né le 26 décembre 1994 à Montpellier. Baigné dans le swing depuis sa plus petite enfance, le fils de Michel Pastre, l'excellent saxophoniste ténor et leader de big band (cf. Jazz Hot n°564 et numéro Spécial 2001) s’est formé en autodidacte avant d’intégrer le Conservatoire municipal Nadia et Lili Boulanger, dans le IXe arrondissement de Paris, dont la classe jazz est dirigée par Nicolas Dary: une pépinière où l’on apprend le jazz de culture avec des professeurs (et musiciens appréciés) capables de transmettre la tradition de façon dynamique: Luigi Grasso, Guillaume Naud, Fabien Mary, Gilles Réa, parmi d'autres.
Fraîchement sorti des études, César Pastre –qui a suivi un cursus parallèle sur la scène du jazz, avec son père, en particulier au Caveau de La Huchette– est devenu un pianiste au jeu très coloré et marqué par le blues. Il ne manque d’ailleurs pas d’activité, comme membre des formations de Drew Davies (ts) et de Stéphane Roger (dm) ou comme sideman de Paddy Sherlock (tb, voc) et Ellen Birath (voc), au sein de leur trio Ella & Louis (avec un disque qui vient de sortir), et de Marie-Laure Célisse (voc, fl) qu’il a accompagnée sur son premier opus. Enfin, sur la scène de La Huchette ou ailleurs, César retrouve régulièrement Michel pour des échanges intergénérationnels et parfois pour des remplacements au sein du big band de Michel Pastre, comme ce fut le cas au Méridien en 2016. Lesquels échanges devraient donner lieu, un jour prochain, à un Father and Son dont le jazz est coutumier.

Propos recueillis par Jérôme Partage
Photos Patrick Martineau et Jérôme Partage


© Jazz Hot n°681, automne 2017


Michel et César Pastre, La Huchette, juillet 2017 © Jérôme Partage

Jazz Hot: Chez les Pastre, le jazz se transmet de père en fils…

César Pastre:  Oui, il m’a été transmis par mon père et mon grand-père qui était un grand jazzfan. Ma mère était également chanteuse amateur. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle a rencontré mon père, dans un groupe de Montpellier qui existe encore: Caroline Jazz Band. Il y a toujours eu un piano à la maison, et j’ai toujours joué de la musique étant enfant. Je me souviens d’avoir pris des cours de piano classique quand j’étais petit. La professeur essayait de m’apprendre à lire les notes, et moi je lui montrais les bases de boogie que je voulais qu’elle m’enseigne (rires). Ça n’a pas fonctionné et j’ai arrêté le piano. Puis, à 9 ans, je me suis mis à la batterie. A cela, j’ai ensuite rajouté la guitare, à 12 ans, et la basse, à 14 ans. Je ne suis revenu au piano qu’à l’âge de 16 ans, même si je n’ai jamais cessé d’en jouer. Le déclic a été une chorale gospel de Montpellier, Good News Gospel Choir, dirigée par Fred Lewin, que j’ai intégrée comme pianiste en classe de terminale. A la fin de l’année scolaire, je suis parti m’installer à Paris, chez mon père. Là, je suis entré au conservatoire du IXe arrondissement. Mon apprentissage a vraiment commencé à ce moment-là, en septembre 2012. J’ai achevé mon cursus au conservatoire en juin dernier. Pendant cinq années, j’ai notamment suivi les cours de piano jazz de Guillaume Naud, les cours d’atelier de Luigi Grasso, pour apprendre à jouer collectivement les standards, les cours d’harmonie de Nicolas Dary et les cours d’histoire du jazz de Gilles Réa. 

Quand vous êtes «monté» à Paris, c’était avec l’idée de devenir pianiste professionnel?

Oui. Je voulais devenir musicien depuis le collège et peut-être même avant. J’ai d’ailleurs passé un bac professionnel en génie climatique pour avoir un métier au cas où ça ne marcherait pas. J’avais d’abord pensé à la filière de la restauration, car j’adore cuisiner. Mais les horaires ne m’auraient pas permis de faire du jazz à côté. Heureusement, jusqu’à présent, j’arrive à gagner ma vie avec la musique. Mon père m’a toujours soutenu, et il a aussi participé à mon apprentissage. Pendant les trois années où j’ai vécu chez lui, je le suivais en concert. Et même sans lui, je sortais pratiquement tous les soirs. Ça a complété ma formation parallèlement au conservatoire. Mes plus grands souvenirs de cette époque, ce sont les concerts de Pierre Christophe ou la «Battle Royal» entre le big band de mon père et celui de Laurent Mignard. Il y avait aussi tous les musiciens tournant autour de Marc Thomas: Vincent Frade (dm), Jean-Luc Aramy (b) et Guillaume Naud. Ce sont d’excellents musiciens, à la fois très savants et remarquablement gentils. C’est grâce à eux que je me suis senti bien dans ce milieu. Enfin, le Caveau de La Huchette a été une école à part entière. J’ai eu l’occasion d’y faire le bœuf avec des musiciens d’origines et de styles assez différents, bien que réunis autour du swing et de la danse. Ça a été le point de départ de ma carrière musicale.

Aviez-vous déjà rencontré, enfant, des musiciens dans le sillage de votre père?

Oui, Duffy Jackson! Il m’a énormément marqué. Je l’adorais. Mais je n’ai pas eu la chance de le revoir depuis que j’ai commencé le métier. Il me manque beaucoup.

Sur le plan musical, qu’avez-vous hérité de votre père?

Le swing; l’amour du swing. Il y a une dimension très émotionnelle dans son jeu, comme dans celui des grands ténors des années trente à cinquante. Ça m’a frappé. J’adore cette façon de jouer. Mon père est quelqu’un qui chante. C’est assez difficile à reproduire au piano. Mais on peut essayer de le transmettre par différents moyens. Il m’a passé également l’amour du big band, qui est ce que je préfère en jazz. En particulier le big band de Basie, quelle que soit la période. Peut-être que cette préférence évoluera car je suis loin d’avoir tout écouté.

Brisa Roché, César Pastre et Paddy Sherlock, le Tennessee, Paris, novembre 2016 © Patrick Martineau

Quels sont vos modèles au piano?

Les pianistes qui m’ont le plus influencé au début sont Erroll Garner et Count Basie. Pour leur approche de la musique très libre et enfantine. Ils sont tous les deux virtuoses à leur manière, sans se raccrocher à des harmonies ou des rythmes précis. C’est ce qui fait la beauté de leur musique et de leur swing: une liberté totale de jeu et d’improvisation. J’adore également Duke Ellington, ses compositions, ses harmonies, ses couleurs, ses ambiances. C’est une sorte d’Ovni. Chez les pianistes d’aujourd’hui, celui que j’ai le plus de plaisir à aller écouter, c’est Pierre Christophe. Il a la même caractéristique que Garner et Basie. C’est un très bon accompagnateur, mais je le considère avant tout comme un excellent soliste.

Quels ont été vos premiers engagements?

J’ai fait du piano-bar, pendant les six premiers mois de l’année 2014, au WOS Bar, rue Saint-Jacques, pas très loin de La Huchette, ce qui était bien pratique. Ça m’a permis d’étoffer le répertoire que j’étais en train d’apprendre et de travailler le stride ou le jeu à la Erroll Garner. Je mettais ainsi en application ce que j’apprenais en cours. Etre pianiste de bar n’est pas un toujours gratifiant, mais c’est un exercice intéressant car c'est complètement libre. Cette connotation péjorative n’est d’ailleurs pas justifiée car les pianistes de bar ont souvent une immense culture musicale. Mais il est vrai que jouer sans être écouté, cela peut rendre blasé avec les années. Sinon, mon premier concert était à La Huchette, en juillet de la même année, avec Eric Luter (tp), Yves Martin (b) et Simon Boyer (dm), puis, dans la foulée, avec mon père.

César Pastre, Brahim Haiouani, Lucio Tomasi, Marie-Laure Célisse, Le Marcounet, Paris, octobre 2016 © Patrick Martineau

Quelles sont les formations auxquelles vous participez régulièrement ?

J’ai rencontré, toujours à La Huchette, le saxophoniste gallois Drew Davis. Et j’ai intégré son groupe de rhythm & blues en décembre 2014. Au départ, c’était un remplacement pendant la période des fêtes. L’expérience a été intense car il a fallu que j’apprenne un répertoire qui n’est pas celui des standards de jazz, même si c’est un univers cousin. De plus, on jouait huit jours d’affilée ce qui est devenu exceptionnel aujourd’hui. Et à l’issue, Drew m’a gardé dans son combo. A La Huchette, encore, je joue régulièrement avec mon père et, le dimanche soir, avec le Megaswing de Stéphane Roger. Enfin, j’accompagne Marie-Laure Célisse qui est flûtiste classique de métier mais aujourd’hui chanteuse, avec la particularité d’interpréter les standards du jazz en français. On vient de sortir un album ensemble.

Avez-vous des projets en leader?

Oui, un projet de trio avec Brahim Haiouani à la contrebasse et Lucio Tomasi à la batterie. L’idée fait son chemin. Le trio existe déjà comme section rythmique de Marie-Laure Célisse. Je travaille à construire le répertoire en m’inspirant de mes pianistes préférés: Erroll Garner, Count Basie, Benny Green, Bill Charlap… Je pense que la musique de ce trio sera un croisement entre swing et hard bop. Le blues étant la base commune. D’ailleurs, j’adore jouer le blues et je ne m’en prive pas!

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CONTACT: c.pastre.pro@hotmail.com

CD Drew Davis Plays Louis Jordan, CD Marie-Laure Célisse & the Frenchy's, Dansez sur moiCD Ellen Birath & Paddy Sherlock, Ella & Louis













DISCOGRAPHIE
Sideman

CD 2016. Drew Davies Rhythm Combo, Drew Davies Plays Louis Jordan, Autoproduit
CD 2017. Marie-Laure Célisse & The Frenchy's, Dansez sur moi, Autoproduit MLCL17001
CD 2017. Paddy Sherlock / Ellen Birath, Ella & Louis. A Tribute, Autoproduit

César Pastre © Patrick Martineau
VIDEOS

2016. Marie-Laure Célisse & The Frenchy's

Marie-Laure Célisse (voc), César Pastre (p), Brahim Haiouani (b), Lucio Tomasi (dm)
https://www.youtube.com/watch?v=zmDFVaBj4z4

2016. Drew Davies Rhythm Combo, Caveau de La Huchette, Paris
Drew Davies (ts), Jean Marc Labbé (bar), Thomas Mestres (tp), César Pastre (p), Maxime Genouel (b), on Kevin L'hermite (dm)
https://www.youtube.com/watch?v=zXWJtfatOAw