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Sue Halloran & Ken Hitchcock

20 déc. 2013
I Can Cook Too !
© Jazz Hot n°665, automne 2013

Nouveauté-Sélection
9 titres

Titres et personnel communiqués sur le livret
Enregistré dans le New Jersey (date non communiquée)
Durée : 43' 20''
Autoproduit (www.suehalloranandkenhitchcock.com)


Les chanteuses, c’est un peu comme les champignons. Ça pousse n’importe où, n’importe comment et "ça profite" de l’environnement pour croître. Mais non, je n’ai jamais dit qu’elles étaient des parasites ! Voyons, je les aime moi, les chanteuses, je les adore surtout quand elles chantent juste, bien et sans hurler. Ce serait le cas de miss Sue Halloran, honnête professionnelle qui, sans répondre exactement aux critères de base, a néanmoins comme circonstances atténuantes – à en croire la pochette et sa profession de foi – développé des dons de cuisinière où elle semble bien réussir. Hélas, pas question de postuler. Son soufflant de mari – de toutes les flûtes aux clarinettes via tous les saxs – Ken Hitchcock, co-leader de la session, ne le permettra d’autant moins que c’est leur première galette commune après de nombreuses décennies à servir loyalement la musique sous toutes ses formes.

Bien sûr, le couple a mis tous les atouts dans son jeu pour frapper fort ; ban et arrière-ban ont été convoqués : Romero Lubambo à la guitare sur la plage d’ouverture, le City of Prague Philharmonic pour deux interventions, l’arrangeur argentin Carlos Franzetti titulaire d’un latin grammy award gagné en 2001 pour son album Tango Fatal, responsable de la musique du fameux film The Mambo Kings et connu aussi pour son étroite collaboration avec Paquito D’Rivera. Le somptueux décor du restaurant ne serait pas complet si j’oubliais les moyennes formations comme les accompagnateurs réguliers qui passent les plats avec talent au rang desquels Mark Soskin au piano (ça va de soi), David Fink à la basse, ni les indispensables ingénieurs du son requis pour répondre aux multiples re-recordings. Effets garantis.
Evidemment, le menu est alléchant même si l’auberge est plus espagnole que spécialisée. Destiné à un large public, il propose un choix très éclectique de mets tous habilement concoctés : de la samba luxuriante comme « Somewhere in the Hills » servie avec un petit Lubambo de derrière les fagots, à « My Funny Valentine », ballade finale un peu chargée en passant par quelques plats maison roboratifs.
En définitive, si les nombreux tutti voix/orchestre, voix/flûte(s) – marque de la maison – comme les interventions de Ken Hitchcock peuvent capter l’attention et séduire, je ne suis pas sûr que les amateurs de jazz y trouveront leur compte tant la démesure, l’exubérance finit ici ou là par prendre le pas sur la musique.
Repu certes, mais lourd ! Dommage.

Jean-Jacques Taïb