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Paul Winter Sextet

20 déc. 2013
Count Me In. 1962 & 1963
© Jazz Hot n°665, automne 2013

Réédition-Indispensable
32 titres
Titres et personnel communiqués sur le livret

Enregistré entre 1962 et mai 1963, Chicago
Durée : 1h 05' 39'' + 1h 14' 50''
Living Music 44 (www.livingmusic.com)

Un trésor vous dis-je ! Trente-deux petites perles finement ouvrées réunies en un double album, posé là au milieu d’une pile impressionnante de CDs, tous… indispensables, bien sûr. Incroyable ! Une irresponsabilité du marché. « Pouvou qué ça doure ! » comme aurait dit Maria Letizia Bonaparte née Ramolino. Pensez donc : le sextet de Paul Winter au début de son existence discographique. Inespéré ! Vous savez bien, il s’agit de ce « little big band » atypique, composé d’étudiants et dont les enregistrements étaient introuvables jusque là. Peu mentionné dans les dictionnaires et peu connu des amateurs, il est, pourtant – à l’issue d’une tournée triomphale en Amérique du Sud dans le cadre d’une vaste opération de séduction lancée par le département d’Etat des Etats-Unis en 62 – le seul orchestre de jazz à être reçu le 19 novembre de cette année là, à la Maison Blanche, par les Kennedy et enregistré de surcroît. Les preuves tangibles sont là.
Pas d’inquiétude. Le livret, fort bien fait, vous racontera, par le menu, l’histoire, à la fois banale et unique, de ces kids du grand Chicago et de l’opiniâtre volonté de ses deux pères fondateurs, l’altiste Paul Winter et le trompettiste Dick Whitshell, de donner le jour à un sextet hors normes : line up mixte, front line plus proche du R&B que du jazz, compositions d’une folle originalité et passage obligé pour les jeunes talents (de Jay Cameron au sax baryton, à Chuck Israels et Cecil McBee à la basse, de Ben Riley, Freddie Waits à la batterie à Jeremy Steig à la flute…).
Mené tambour battant par un saxophoniste aux phrases dignes d’Adderley, le sextet permet d’abord de découvrir le baryton Les Rout, au phrasé binaire, staccato, à la manière de King Curtis et à l’opposé des styles en vigueur sur l’instrument, de Mulligan à Pepper Adams en passant par Serge Chaloff. Sur du ternaire, c’est assez… singulier. « Routeousness » qui lui est consacré est un sommet du genre. Unique ! Quant à Warren Bernardt, le futur pianiste du groupe Steps Ahead, il se montre, avant tout, disciple de Wynton Kelly. On est encore loin de ce mélange subtil entre Oscar Peterson et Bill Evans qu’il saura synthétiser, plus tard, en un tout cohérent.
Composée d’originaux et de thèmes signés par Jimmy Heath, Tom Mc Intosh, John Lewis etc., auxquels s’agrègent de nombreux standards de la bossa nova, ramenés du Brésil au même moment que Stan Getz, la musique délivrée par le sextet sait surprendre tant par ses canevas que par cette fraicheur de ton qui la place en dehors des courants stylistiques dominants. C’est la aussi tout son intérêt. Vos oreilles vous le confirmeront. A découvrir en urgence.

Jean-Jacques Taïb