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Pertuis (Vaucluse)

1 sep. 2013
Festival de Big Band de Pertuis, 5 au 10 août 2013
Pertuis (Vaucluse) © Jazz Hot n°664, été 2013


Pertuis en Vaucluse fêtait cette année son 15° Festival de Big Band, qui, depuis sa création, s'est tenu dans l'Enclos de la Charité de Pertuis. Léandre Grau et ses bénévoles, sans qui plus rien ne peut se faire, ont essayé, en cette période de crise, de placer cette édition sous le signe du divertissement en invitant des formations aux orientations musicales ludiques.
Reprenant le principe de deux concerts par jour (19h 30 et 21h 30), la manifestation s'écoula jusqu'à minuit. Master Class, concerts gratuits, et payant les deux dernières soirées.
Le Festival a débuté, comme l'an dernier, lundi 5 août avec Tartôprunes et l'excellent Big Band de Pertuis dirigé par Léandre Grau lui-même, avec en vedette invitée, Alice Martinez. L'assistance est intéressée par les progrès annuels des native boys.
Le mardi 6, Les anciens élèves de l'IMFP de Salon-de-Provence, réunis en une surréaliste formation HKBN (HaraKiriavecuneBananeMolle), ont joué ses compositions et ses arrangements.
Le soir, ce furent les amis varois de Philippe Allégrini, avec Cœur du Var Big Band, dans un répertoire assez large, de Buddy Rich à Charlie Mingus.
Le mercredi 7, La soirée débuta avec les Zinzins du Jazz de Fred Dupin qui ont remonté l'histoire.
Le soir, Azur Big Band a poursuivi l'évocation des années 1920-1940. Les standards ont beaucoup plu.
Le jeudi 8 août était cubain, cubanissimo même, avec Septeto Nabori issu de Santiago de Cuba.
Le soir, les Cubains de France, avec Tempo Forte Salsa, ont pris la relève ; pas jazz, mais ça bougeait et c'était festif.
Vendredi 9 août, la soirée débuta avec les Voice Messengers. Sous la conduite de leur directeur artistique et pianiste, Thierry Lalo, ils firent découvrirent une autre façon d'entendre les grandes formations : original et bien mis en scène. Le second concert permit d'entendre le big band des Lyonnais Fred Nardin (p), Jon Boutellier (sax) et Bastien Ballaz (tb) ; la tradition des big bands, revue et corrigée par des jeunes musiciens enthousiastes.
Le samedi 10 août constituait la soirée de clôture du Festival. Les organisateurs avaient choisi Le Glenn Ambassador Big Band dans un spectacle rétro, style parade militaire, reprenant la plupart des thèmes du célèbre orchestre, plus quelques autres de Cab Calloway, d'Ellington… Ça se joua à guichets fermés et l'assistance, qui était loin de n'être composée que de jeunes têtes blondes (ou brunes du reste), était ravie de la représentation, relevant surtout du divertissement de music hall : professionnellement bien exécutée.

Cette soirée valut surtout par le premier concert à 19h 30, au cours duquel le Fabien Mary Octet reprit l'essentiel du programme de l'album que ce trompettiste enregistra à la tête du groupe en 2008, Four and Four (Elabeth 621059). La formule de cette formation est originale par sa composition : cinq soufflants et une section rythmique sans piano mais avec guitare. Les thèmes empruntent aux standards et aux classiques du jazz, avec plusieurs pièces personnelles du leader, l'ensemble des arrangements étant de sa plume: « Four and Four », « You Know, I Mean »… (Fabien Mary - 2007), « Foggy Day », « From This Moment » , « But Beautiful » et surtout un bel arrangement d'un song de 1930, « My Ideal », dont Coleman Hawkins, Cootie Williams, Art Tatum et Oscar Pettiford et Sidney Catlett, ont laissé une superbe version (4/12/1943). L'esprit y était ici différent, mais la qualité non moins grande. Tous les musiciens ont été bons, et même remarquables parfois dans leurs solos, avec un souci du voicing dans les ensembles tout à leur honneur. Pierrick Pédron (as) et David Sauzay (ts) sont de formidables solistes ; Jerry Edwards (tb) fut généreux dans son dernier solo ; Frédéric Couderc (bs) a démontré une autre face de son immense talent de saxophoniste (ts); Hugo Lippi (g) ne cesse de s'affirmer comme un des bons guitaristes européens, avec son sens de la mise en place. Fabien Marcoz (b) fut parfait dans son rôle de soutien rigoureux ; Mourad Benhamou (dm) a, par son drive, stimulé ses partenaires. Quant au leader, Fabien Mary, que nous avons eu l'occasion d'entendre et d'apprécier en quartet, et en grande formation avec Michel Pastre, Gérard Badini (le parrain de la manifestation). Ce contexte a permis au public de découvrir ses autres capacités : le leader musicien de 35 ans en plein épanouissement et l'improvisateur aussi surprenant qu'équilibré.
2013 fut certes un festival agréable ; mais en termes de jazz, il ne fut pas à la hauteur des précédentes éditions. En transition, peut-être, dans un contexte de crise économique.
Félix W. Sportis (texte et photo de l'Octet de Fabien Mary)