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Megève (Haute-Savoie)

1 sep. 2013
Les 20 ans du Megève Jazz Contest, 12 au 14 juillet 2013
© Jazz Hot n°664, été 2013

Poumy Arnaud et Antoine Carment, Megeve 2013 ©Michel Laplace


Voilà maintenant 20 ans que le village accueille chaque été le Megève Jazz Contest. Poumy Arnaud (né en 1935), dernier batteur de Sidney Bechet (à partir de 1957), est le directeur artistique de ce Jazz Contest depuis 1993. Bien que né à Paris, il a fréquenté Megève depuis 1939. Et depuis 1948, il y a dans cette station haut-savoyarde une activité jazzée soutenue avec, notamment dans les clubs (comme « Les Cinq Rues »), des prestations d’artistes comme Sidney Bechet, Guy Lafitte, André Persiani, Maxim Saury, Claude Luter, etc. Ce Jazz Contest entretient la mémoire de cette aventure.
Pour cette date anniversaire, Poumy Arnaud, a eu l’idée de réunir tous les lauréats des précédentes éditions qui à ce titre méritent d’être nommés par ordre alphabétique : Anthracite Jazz Band (Rodolphe Campomizzi), Barcelona Hot Angels (Pépé Robles-Marcelo de Castro), Captain Flapscat (Pierre Scharff), Casa Loma Jazz Band (Peter Gutzwiller), Golden City Jazz Band (Jean-Pierre Rio), Hot Shots (Wolfram Gliffe), Jazz à Bichon (Jean-Pierre Dubois-Robert Bichon), Jazz Potes de Laval (Alain Noel), New Chocolate Dandies (Bertand LePrince), Rive Droite Rive Gauche (Gérard Chauvin), Shreveport Rhythm (Helge Sachs), Steamboat Band (Jean Amy), Swing Masters (Stefan Willems) et The New Jazzband Oh Yeah (Hans Aspöck).
Dans la tradition chère à Charles Delaunay, il s’agit d’un « tournoi amateur ». Le règlement précise : « est amateur un musicien dont moins de 50% de ses revenus proviennent de la musique ». Ce qui laisse le champ assez ouvert, surtout en temps de crise, à des artistes qui peuvent aussi être qualifiés de « professionnels ». Poumy Arnaud, très bien assisté de Corinne Allard du Megève Tourisme, n’intervient pas dans le jury qui comptait cette année deux nouveaux venus, Olivier Franc et le signataire. Les autres sont des habitués : Jacques Aboucaya, Jean-Pierre Daubresse, Rolland Hippenmeyer, et deux locaux de l’Harmonie de Megève, Yannick Vandini et Patrick Melchioretto (président du jury). En dehors des locaux, nous avions tous 60 ans (Olivier Franc) et plus, à l’image du public. Il est d’ailleurs intéressant de constater la fidélité d’une part des spectateurs qui aiment l’ambiance festive des lieux (fréquentés par des stars, Johnny Hallyday et Eddy Mitchell sont allés très simplement écouter un des groupes qui se produisaient aussi dans les hôtels-restaurants-bars du village).
Swing Masters, Mégève 2013 ©Michel LaplaceA l’évidence, le suspense jusqu’à la proclamation des résultats le dernier soir motive le public qui a son propre prix. Poumy Arnaud a eu l’occasion de saluer les disparus des précédents jurys (Gérard Conte, Raymond Fonsèque, Claude Luter). Tout le monde sait qu’un concours peut donner des résultats surprenants. Le 12, le jury a du se déplacer entre 4 podiums en plein air (tous les quart d’heure), de 17 à 21h, pour retenir 8 groupes sur les 14 (8 français, 2 allemands, 1 pour l'Espagne, la Suisse, la Belgique, le Danemark) et des groupes ont donné à ce moment-là le moins bon d’eux-mêmes (ce que les bœufs et concerts « off » ont pu prouver). Le 13, les 8 orchestres retenus ont officié sur les podiums de 16 à 20h. Les quatre finalistes furent deux groupes français qui valent pour un répertoire original et des arrangements soignés, Steamboat Band du trombone/clarinette Jean Amy (style John Kirby, Raymond Scott) et Jazz à Bichon (belles transcriptions du cornet Georges Rolland d’après les New Orleans Owls, etc.), et deux étrangers dans un genre dixieland de niveau professionnel, Swing Masters (avec les excellents Hinderik Leeuwe, tp, Stan Wouters, p) et The(is) New Jazzband Oh Yeah (ex-orchestre de Theis Jensen où le jeune trompette, Henrik Bolberg, a une technique très solide). Après la proclamation des résultats sur la place du village, un bal des « années folles » et un feu d’artifice ont permis de se retrouver vite le 14.
Cette année le Jazz Contest a été servi par la complicité du soleil, et donc une Parade dirigée par Poumy Arnaud a animé les rues de 12h30 à 13h. Parmi les nombreux musiciens, on pouvait reconnaître Henrik Bolberg, Alain Perreau, Yves Lemonier (tp), Pépé Robles, Georges Rolland (cnt), Oscar Font (tb), Guy Champême, Jacques Sallent (cl), Olivier Franc (ss). Puis, concerts hors concours de 16 à 21h, notamment les Barcelona Hot Angels du styliste Pépé Robles (71 ans) au restaurant Cœur de Megève. Arrive la finale pour 21 h dans la grande salle des Congrès du Palais des Sports (entrée 20 euros). Les quatre orchestres retenus ont joué une demi-heure, et contre toute attente le groupe danois s’est effondré. Les trois autres ont été remarquables. Le prix du public est allé à un quartet allemand, Shreveport Rhythm du dynamique Helge Sachs (cl, sax) dont l’instrumentation le rend difficilement comparable aux autres groupes. Le jury a donc retenu cette année les Belges, les Swing Masters, et il ne s’est pas fait siffler par le public qui a réagi très favorablement à Peter Verhas (cl-ss : notamment son « Passport to Paradise » de Bechet), Emil Leybaert (dm, solo de « Struttin’ with SBQ »), Stan Wouters (très bon niveau), le tout rondement mené par le Néerlandais Hinderik Leeuwe qui craignait son confrère danois. Les Belges et Danois donnent dans un répertoire routinier et le hasard l’a confirmé puisqu’ils ont joué un thème en commun (« Struttin’ with SBQ ») ce qui n’est pas une mauvaise chose dans le cadre d’un concours (un morceau imposé permettrait de comparer moins subjectivement). Au total, une animation musicale conviviale, de très bon niveau, magnifiquement organisée et qui finalement prouve qu’on peut remplir une grande salle sans célébrité internationale et avec du « jazz traditionnel ». A l’an prochain, si le résultat des élections municipales ne bouleverse rien !
Michel Laplace