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Bobby McFerrin

23 avril 2012
Paris, Théâtre du Châtelet, 23 avril 2012
Un concert de Bobby McFerrin tient de la performance artistique. Seul en scène, il parvient à tenir en haleine plus de deux mille personnes avec pour seul instrument sa voix. Où plutôt avec tout un orchestre… vocal.
Les lumières tamisées, le public acclame le vocaliste à son arrivée. Il s’assoit au centre de la scène et entonne une mélodie légère, un chuchotement gracieux, avant de battre le rythme sur son cœur.
Bobby McFerrin improvise. Du scat aux percussions vocales, cet enfant de chanteurs lyriques joue avec les notes avec une maîtrise rare. Paco Sery le rejoint à la batterie et un duo débute entre le vocaliste américain et le batteur ivoirien.
Il reprend le chemin solitaire du scat avant que Sery ne le rejoigne cette fois au kalimba qui fait retentir avec sa sonorité envoûtante un jam nerveux. Le kalimba résonne tout autant que la salle au jeu des variations de la voix de Bobby McFerrin, qui jongle avec les notes avec une aisance déconcertante.
Mais Bobby McFerrin n’est pas de ceux qui tiennent leur public à distance. Au contraire, il les inclut entièrement dans le spectacle. Le public fait partie intégrante de son orchestre. Celui qui a découvert la musique dans le gospel connaît la dimension sacrée du chœur. Et deux mille personnes qui chantent a cappella tous ensemble, cela a de quoi émouvoir.
Comment tisser un lien avec le public si ce n’est par l’humour ? Bobby McFerrin fait claquer sa langue et lui répondent spontanément en chœur deux milles claquements de langue. Les rires mêlés, voilà une salle entière qui jamme en claquant la langue, comme un pied de nez aux symphonies de J.S. Bach qui se donnaient la veille…
Puis l’improvisation emporte Bobby McFerrin jusqu’à une parodie de marche militaire. Thomas Dunford entre, son théorbe entre les bras, un grand luth au manche très long, imposant et puissant, réputé pour sa vibration et son timbre plus rond que le luth. Le duo interprète un « Over The Rainbow » inattendu et percutant. Superbe.
Après avoir fait participé le public, cette fois, Bobby McFerrin lui tend son micro. Toute personne dans la salle peut se joindre à lui le temps d’un duo, à l’improviste. Une, deux puis trois personnes jouent le jeu.
En invitant la danseuse et chorégraphe Marie-Claude Pietragalla à le rejoindre sur scène, Bobby McFerrin achemine la soirée vers une autre dimension. L’homme aux quatre voix est en retrait, la danseuse au centre. Pietragalla se laisse guider par la voix de Bobby McFerrin. Voix, musique et danse ne font plus qu’un.
Le concert s’achève sous l’ovation du public. Petits et grands sont dans la salle et applaudissent chaleureusement celui qui pendant près de deux heures leur a livré une symphonie vocale.
Bissé, Bobby McFerrin interprète « Smile », une mélodie composée par un autre magicien fameux, Charles Chaplin. Il n’a plus besoin des mots, Bobby McFerrin nous l’a bien prouvé. La musique est le seul verbe qu’il s’amuse à conjuguer.
Mathieu Perez