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Cole Porter, La Revue des Ambassadeurs

3 mai 2012
Paris, Théâtre de la Mutualité, 3 mai 2012
Il y a des compositeurs dont on pense connaître toutes les partitions. Pourtant, la musique de La Revue des Ambassadeurs composée par Cole Porter n’a pas été entendue depuis quatre-vingt quatre ans ! On la pensait perdu alors qu’elle reposait dans des archives.
En 1928, Edmond Sayag, propriétaire du théâtre des Ambassadeurs, souhaitait faire de son établissement un haut lieu chic de la nuit parisienne et commanda à Cole Porter une revue. A cette époque, le compositeur de 36 ans était connu du monde parisien qu’il fréquentait depuis 1917. Il eut d’ailleurs en 1923 un petit succès au théâtre des Champs-Elysées pour une pièce satirique. Et c’est à Paris qu’il fit la rencontre de Frances Gershwin, la sœur de George et Ira, pour qui il composera tout spécialement la chanson « Boulevard Break ».
La Revue des Ambassadeurs n’est pas une comédie musicale ni une opérette, mais un ensemble de chansons, entrecoupées alors de numéros indépendants. Du « vaudeville », dirait-on à Broadway. Quinze tableaux et des sketchs, voilà de quoi assurer une soirée festive !
Le Théâtre de la Mutualité au style art déco se prêtait donc parfaitement à cette recréation. La séance fut divisée en deux parties à commencer par un florilège de chansons de revues contemporaines à La Revue des Ambassadeurs, extraites de Comte Obligado, joué alors au théâtre des Nouveautés, de Lulu, au théâtre Daunou, et de Yes!, à l’Apollo, et deux créations, l’une de Antoine Lefort, l’autre de Roland Seilhes. Intéressante du point de vue documentaire tout autant que du divertissement, cette première partie fait de nous des spectateurs du Paris de 1928.
Après cette partie en guise de prélude, place à La Revue des Ambassadeurs de Cole Porter, sans aucun numéro entre les tableaux. L’orchestration originale ayant disparu, sa recréation fut confiée à Larry Blank, l’un des chefs d’orchestre et directeurs musicaux les plus fameux aux Etats-Unis, accompagné par le Diva Chorus et l'Orchestre Pasdeloup. Pour tenir les rôles principaux, deux Américaines habituées des scènes d’opéra et de Broadway, Amy Burton et Lisa Vroman, et deux Français du théâtre musical, Vincent Heden et Jérôme Pradon, furent conviés. Si la Revue ne révèle aucun chef d’œuvre inconnu, les mélodies sont légères et toujours impeccables. Les quatre interprètes sont épatants et d’une grande finesse. Ils excellent le plus souvent dans les solos où ils prennent leur envol. Chantant rarement ensemble, la seule chanson interprétée à quatre voix est magnifique. L'enregistrement live du concert de La Revue des Ambassadeurs paraîtra sous le label Harbinger Records.
Mathieu Perez