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Sam Rivers

26 déc. 2011
25 septembre 1923, El Reno, OK - 26 décembre 2011, Orlando, FL
Sam Rivers
Sam Rivers est né le 25 septembre 1923 à El Reno (Oklahoma), il est décédé le 26 décembre 2011 à Orlando (Floride). Son instrument de prédilection était le saxophone, ténor et soprano, mais il jouait également de la flûte, de la clarinette basse et du piano. C’était aussi un compositeur remarquable. Il composait tous les jours, entre un quart d’heure et une demi-heure, disait-il. Il composait comme il improvisait, c’est à dire qu’il mettait sur le papier la musique qu’il aurait pu improviser au sax. Il laisse plus de 400 compositions pour orchestres de jazz. Comme soliste il a joué avec tous les Grands de la planète jazz, nommons les principaux, ne serait-ce que pour toucher de l’œil l’éclectisme et surtout l’évolution d’un musicien qui  a vécu pratiquement toute l’histoire du jazz, du blues au free jazz car Il est resté sur la scène pendant plus de 70 ans. Donc : Billy Holiday, T-Bone Walker, B.B. King, Jimmy Witherspoon, Jimmy Hendrix, Dinah Washington, Hal Galper, Sarah Vaughan, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Archie Shepp, Santi Debriano, Herbie Hancock, Tony Williams, Miles Davis, Chick Corea, Wynton et Branford Marsalis, Ron Carter, Arthur Blythe, Nathan Davis, Chico Freeman, Norman Connors, Joe Daley, Kevin Eubanks, Warren Smith, Steve Coleman, Greg Osby, Roy Hargrove, Chaka Kahn, Cecil Taylor, Andrew Cyrille, Jimmy Lyons, Sunny Murray, Roscoe Mitchell, David Murray, Marian Brown, Anthony Braxton, Reggie Workman, et récemment Jason Moran… On pourrait en citer beaucoup d’autres. Il avait débuté avec Jaki Byard, Gigi Grice et Joe Gordon. D’ailleurs il disait : « J’ai l’honneur d’être le seul musicien dans l’histoire du jazz à avoir joué et enregistré avec les musiciens les plus importants du blues, du swing, du bebop et de l’avant-garde ». Cela dessine la palette de l’artiste. Il a également joué dans des ensembles classiques.
Au ténor il s’était forgé une sonorité moelleuse et métallique à la fois, souvent d’une grande tendresse en laissant entendre le souffle sur les tempos lents. Doué d’une grande énergie, d’une grande faculté d’invention, d’inspiration, il était aussi capable de contrôler son jeu même dans les impros les plus folles. En résumé il suffit de dire qu’il était un grand musicien, un jazzman complet, et qui n’a certainement pas eu la place qu’il méritait en haut de l’affiche.
Né dans une famille de musiciens, il écoute des spirituals et de la musique classique, il étudie le piano, le violon, puis le saxophone. Il vient au conservatoire de Boston pour le violon et l’alto, pour finalement jouer essentiellement du ténor, et c’est parti pour une magnifique carrière. Dans les années 70 il est l’un des fers de lance de l’expérience Loft de New York, et en1971 avec sa femme Bea il crée le fameux Studio RivBea sur Bond Street, qu’ils quittèrent après la série d’enregistrements Wildflowers, car profitant du succès du Studio les Clubs engageaient les musiciens qui s’y produisaient à un prix que les Rivers ne pouvaient pas leur payer. Alors ils partirent pour le New Jersey.
Au cours des années 80 Sam dirigea plusieurs « Progressive Electric Quartets », fit aussi partie du « United Nations Band » et du « Dizzy’s Orchestra » dans lequel il resta 4 ans. C’est pendant son séjour avec Dizzy qu’il se fixa à Orlando.
Il fait de nombreuses tournées. Je l’avais vu à Draguignan il y a quelques années, il relevait de maladie, mais on avait entendu du grand Sam. On l’a vu avec « Roots » dans les années 90.
Pendant ces 12 dernières années, le noyau de ses groupes était le « River’s Trio » avec Doug Mathews et Anthony Cole, qu’il déclarait « unique dans l’histoire du jazz ». Et il y a peu de temps il disait qu’il aimerait avoir une subvention car il saurait quoi en faire : « Avec ça je pourrais changer le cours de la musique, préserver une partie de la musique des vrais créateurs…parce que je sais comment faire. » Hélas il n’aura pas eu le temps d’accomplir cette mission qu’il s’était fixée.
On peut trouver sa discographie complète et très détaillée par Rick Lopez sur le site www.bb10k.com.

Ses obsèques ont eu lieu le 4 janvier à Orlando ; il ne voulait pas de fleurs, seulement des plantes. Jusqu’au bout, il a montré qu’il était un homme qui savait ce qu’il voulait. Pour l’accompagner dans l’Au-Delà, il y eut un « Extravaganza Memorial Jazz Tribute ». Rappelons qu’il était né (1923) avant les enregistrements du Hot Five de Louis Armstrong (1925-26), c’est donc l’un des derniers témoins du jazz depuis pratiquement l’origine qui nous a quittés.
Nous présentons nos condoléances à sa famille, ses quatre enfants, cinq petits enfants et huit arrière petits enfants, ainsi qu’à tous ses amis
Serge Baudot
Photo © David Sinclair

Discographie dans Jazz Hot n°605-2003

© Jazz Hot n°658, hiver 2011-2012