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Johnny Raducanu

19 sep. 2011
1er décembre 1931, Braila (Roumanie) - 19 September 2011, Bucarest
Johnny Raducanu
Le pianiste Johnny Raducanu, né Raducan Cretu le 1er décembre 1931 à Braila en Roumanie (cf. Jazz Hot n°601) , est décédé le 19 September 2011 à Bucarest. Sa famille, d’origine romani, témoigne d’une tradition musicale qui remonte au XVIIe siècle. Il commence le piano à 8 ans et, un an plus tard, connaît le manuel de Czerny par cœur ! Il reçoit rapidement une bourse de l’académie de musique de Braila. Il découvre bientôt le jazz sur le gramophone de son frère, en particulier Duke Ellington. Durant la guerre, il joue de l’accordéon pour les militaires, et commence à travailler dans un club de jazz et dans une boutique de musique où il joue aussi bien du Mozart que du ragtime. En 1950, il intègre l’académie de musique de Bucarest et apprend la contrebasse. Il sera expulsé de l’académie trois ans plus tard pour avoir refusé de se soumettre à l’examen de stratégie militaire qui faisait partie du cursus obligatoire des études supérieures. Désormais contrebassiste, il devient alors musicien de studio pour la maison de disques Electrecord, label national exclusif sous le régime communiste.
Le ministère de la culture le sélectionne pour représenter la Roumanie au festival de la jeunesse de Moscou en 1957 : il se distingue avec son trio (I. Körössy, piano et P. Osadici, dm) et remporte la médaille d’or. Il ne tarde pas à enregistrer deux disques, Jazz trio (Electrecord, 1966) et Jazz In My Country (Electrecord, 1967). Une tournée en Europe de l’Est organisée par le ministère des affaires étrangères américain lui permet de rencontrer Duke Ellington et Louis Armstrong. Durant les années soixante-dix, il retrouve le piano et donne son dernier concert à la contrebasse en 1977 avant de vendre sa contrebasse pour financer un voyage à Paris. Il enregistre alors une série de Confesiuni (Electrecord, 1979, 1982, 1986). Avec la composition « Tescani ‘84 », il s’allie publiquement aux intellectuels roumains arrêtés à Tescani.
C’est uniquement à partir des années quatre-vingt qu’il commence à tourner en Europe et aux Etats-Unis, notamment sous l’égide de la bibliothèque américaine de Bucarest. Il joue alors à Los Angeles, Chicago, Boston, New York et New Orleans (il y reçoit en 1987 une distinction de la Louis Armstrong Academy). Il joue et enregistre avec Art Farmer, Slide Hampton, Barney Kessel et même Friedrich Gulda. C’est l’époque de la reconnaissance dans son propre pays où il reçoit la médaille d’honneur des mains du président roumain. Il recevra également le prix d’excellence de l’Union des compositeurs roumains en 2005. A un moment ou un autre de leur carrière, la plupart des musiciens roumains (les pianistes Ion Baciu Jr et Ionut Dorobantu, la vocaliste Theodora Enache) sont passés entre les mains de celui qui faisait figure de patriarche. Il sera d’ailleurs président de la fédération de jazz roumaine. Il continue d’enregistrer avec ses compatriotes (1999, Jazz over the Carpathians - Johnny Raducanu meets Teodora Enache) y compris aux Etats-Unis (2001, Jazz Made in Romania - Live in San Francisco en duo avec Teodora Enache). Il a publié une autobiographie, Loneliness… my job» (2002, Regent House Printing & Publishing). Un album enregistré en France reste particulièrement splendide : Jazz Bestament (2005, Tescani Productions) qui conjugue les influences de Duke Ellington, Monk et de la musique classique romantique avec une subtilité émouvante. Il avait ensuite publié deux derniers enregistrements (2008, Chamber Jazz Music ; 2009, Inside Stories-Jazz Poems).
Jean Szlamowicz
Photo Johnny Raducanu "at home" in Bucarest @ Georges Herpe


La Roumanie pleure Johnny Raducanu.
Surnommé "Mr Jazz of Romania" par Duke Elington, Johnny Raducanu est né à Braila, ville au bord du Danube, du delta du Danube. Johnny Raducanu nous a quitté à l’âge de 79 ans, par une journée très ensoleillée, comme l'était aussi sa musique.Il s’est toujours identifié comme étant issu d’une famille rom-tzigane de Roumanie. Il était fier de ses origines, une famille dans la tradition où la musique avait une place prioritaire. Dans les interviews, il aimait à dire qu'il avait appris à jouer la musique, avec divers instruments, en lisant les notes et non pas à l’oreille. Johnny a commencé sa carrière jazzistique à l’âge de 19 ans.Sa carrière s’étend sur plus de soixante années sans répit. Concerts, festivals, galas de jazz, émissions de télévisions et de radio, enregistrements de 14 disques en studio, montrent la richesse du personnage qui a côtoyé les grands noms du jazz roumain et international. C'était une vraie légende vivante. Mais cette richesse musicale n'enlèvera pas la modestie de l'homme. Il consacrera sa vie, avec dévotion, à la musique de jazz et à la formation de jeunes musiciens de jazz roumains, comme la chanteuse Teodora Enache.J’ai vu Johnny pour la dernière fois, par hasard, il y a plus de six ans. Il était en convalescence apres une opération du cœur. C’était à Mogosoaia, à côté de Bucarest, dans le parc du Palais des Princes Brancovan. Il était tout vêtu de blanc, avec son bob eternel sur la tête.
Mirel Birlan



Discographie sélective dans Jazz Hot n°601-2003

Vidéo
http://www.youtube.com/watch?v=SVCyMWwhKBk&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=unRZ1XQDkYA
http://www.youtube.com/watch?v=m2n7KLKNwhI

© Jazz Hot n°657, automne 2011