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Olivier Franc All-Stars

22 oct. 2011
Ellington Mood
Nouveauté-Sélection
Titres communiqués sur le boîtier.
Olivier Franc (ss), Gilles Berthenet (tp), Benoît de Flamesnil (tb), Robert Veen (bs, arr), Jean-Baptiste Franc (p), Gilles Chevaucherie (b), François Laudet (dm)
Enregistré le 25 mai 2011, studio CIMA
Durée : 1h 08’ 13’’
Autoproduit 250611 (www.olivierfranc.org)

Voilà une réussite et un rayon de soleil dans l’univers musical d’aujourd’hui. Il faut d’emblée souligner la créativité d’Olivier Franc responsable de 12 compositions complétées dans l’homogénéité du projet par un thème de Jean-Baptiste Franc et une rareté de Sidney Bechet. Bien sûr qui dit Franc pense à Bechet. Et l’esprit de Sidney Bechet est l’épine dorsale du disque habillé à la façon ellingtonienne grâce au Hollandais Robert Veen qui, pour nous, est une « découverte ». On le sait Sidney Bechet a brièvement joué pour Duke Ellington (1921) qui, peu après Ernest Ansermet, a été ébloui par ce soliste. Ses ellingtoniens ont, de 1932 à 1941, gravé des sessions en petit comité dont reprend ici l’esprit, en septet. Comme chez Ellington lui-même, l’univers intègre en fait toutes les richesses de la Swing Era. Pour cela, Olivier Franc est on ne peut plus qualifié comme le démontre l’ « inédit » de Bechet, « I’ll be proud of you, you’ll be proud of me, Sweet Louisiana » (titre tendre et romantique) qu’il joue, seul soliste, avec une grande sensibilité. On constate ensuite combien Olivier Franc a assimilé Bechet, car toutes les compositions originales, sur tempo lent, d’un lyrisme flamboyant, sonnent comme du Bechet. Tous ces thèmes sont superbes : « La Fille » qui est notre préféré (à noter aussi le développement bien mené du solo de trompette avec sourdine, l’envolée et le charme du solo de soprano), mais aussi « Bathilde » (avec beau solo de trompette en sourdine et un stop time de soprano plein de panache), « Rosemay » (beau thème, et excellent solo de piano dont la main gauche remplit bien derrière un toucher délicat de la main droite), « La Zouzougne » (avec aussi un bon solo de trombone autour de cette belle mélodie), « Krazoubic » (beau thème encore, avec en prime un excellent solo de baryton), « Reeds » (dont une alternative baryton-trombone). Certains titres, je ne sais pourquoi m’évoque la séance de Sidney Bechet avec Ernie Caceres et Zutty Singleton (1938) ce que renforce la superbe prestation de François Laudet qui est de bout en bout la vedette d’un dynamique « Drums Fantasy ». Bien sûr le programme alterne les morceaux enlevés et les ballades. On a pris soin aussi de varier les schémas d’ordre des solistes. « Laurent » qui ouvre le CD est une excellente entrée en matière pour présenter le tempérament volcanique d’Olivier Franc-Bechet dans un contexte ellingtonien. On soulignera une fois pour toute la compétence en swing de la rythmique. Dans « Big Boss » l’exposé avec son appel-réponse sonne comme un big band ! Soulignons aussi la touche Basie au piano, un trombone très Vic (Dickenson), le drive de la trompette, le slap de la basse en solo et l’excellent drumming. On retrouve basse et batterie en fin de prestation de « Nancy » qui nous vaut un solo de soprano plein de fougue et un solo de trompette admirable de swing (bon phrasé, bons aigus). Le titre « Blues en Guy Demole » plein d’humour est aussi un hommage à quelqu’un pour qui Bechet était cher : c’est un shuffle qui met en valeur Jean-Baptiste Franc. C’est lui qui est l’auteur et le wallerien de « New J.B. » où on appréciera notamment le solo de Benoît de Flasmesnil (autour du thème), la sonorité de Robert Veen, l’affirmation slappée qu’ « it don’t mean a thing if ain’t got that swing ». Une touche antillaise et dansante (« Kouka libre ») complète ce disque que tous les amoureux du jazz de tradition voudront se procurer.
Michel Laplace