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Virginie Teychené Quartet

4 avril 2011
Théâtre municipal Armand. Salon-de-Provence, 22 mars 2011
Virginie Teychené Quartet Sur les conseils avisés de Gilles Labourey, directeur de l'Institut Musical de Formation Professionnelle de Salon, le Théâtre Armand avait programmé Virginie Teychené et son quartet le 22 mars 2011.
En première partie, le pédagogue a souhaité présenter un groupe local constitué de jeunes musiciens actuellement en formation à l'IMFP. Félix Marret, jeune pianiste de 20 ans, Quentin Boujot (g) à peine plus âgé, Yann Kamoun (b) et Christophe Vignals (dm) ont, pendant une demi-heure, donné une excellente idée du travail effectué dans cet établissement de formation. Ils ont produit un échantillon de leur savoir faire sur quatre pièces aux styles différents. La marque des plans et surtout l'appréhension dans la " prise du plateau " étaient encore là. Mais il y a de belles promesses.
Vint ensuite le concert annoncé. Les Salonais, qui ont gardé du passé le souvenir des grandes chanteuses de jazz aux beaux soirs du Festival de Jazz du château de l'Empéri, ont été vraiment étonnés et ravis par la prestation de l'artiste.
Virginie Teychené était pour la circonstance accompagnée par son trio habituel, c'est-à-dire Stéphane Bernard (p), Gérard Maurin (b) et Jean-Pierre Arnaud (dm). Etait leur invité, François Chassagnite (tp & bug), qui dans son dernier album apparaît sur certaines plages.
Le récital commença de manière enjouée sur un classique du jazz des années quarante, " Just Squeeze Me but Don't Tease Me " (Duke Ellington et Lee Gaines). Elle enchaîna sur un standard de Tin Pan Alley, " I Can't Give You Anything but Love " (Jimmy McHugh & Dorothy Fields) dans une scénette donnée avec la complicité du trompettiste. Ce moment jubilatoire se termina sur une version très enlevée de " You're Driving Me Crazy " (Walter Donaldson). Vint alors un moment plus calme avec une magnifique version de " I feel so Good ", variation de James Moody sur " Body and Soul ", au cours de laquelle le public retint son souffle ; comme dans la ballade suivante, " Angel Face ", une musique du pianiste Hank Jones mise en paroles par la regrettée Abbey Lincoln. Elle poursuivit avec " Living Room ", composition de Max Roach (1962) sur des paroles de son épouse d'alors (la salle de l'Alcazar de Marseille était subjuguée par Abbey lorsqu'ils y vinrent ensemble en 1966). Elle termina cette première séquence jazz avec un formidable scat sur la composition de Lester Young, " I Got the Blues ".
Virginie Teychené consacra ensuite la partie suivante entièrement à la musique brésilienne. D'abord en un duo primesautier, espiègle avec le batteur sur une comptine, " Pra Que Discutir com madame ". Puis ce fut un duo émouvant avec le pianiste sur la composition de Carlos Jobim, " Luiza ". Enfin une pièce très groove du même compositeur, " Fotografia ", superbement présentée par un solo introductif magistral du bassiste, fut applaudie comme il se doit.
Le cours jazzé reprit avec une interprétation intense de la composition de Billie Holiday et Arthur Herzog, " Don't Explain " : la fondamentale " la " jouée à la contrebasse y sonnait comme un glas. Et puis l'amour devint plus léger avec un " This Can't Be Love " (Richard Rodgers & Lorenz Hart) enlevé. Virginie poursuivit avec le texte que Jon Hendricks et King Pleasure ont mis sur le solo de Stan Getz enregistré à Stockholm le 24 mars 1951 avec le Swedish All Stars (Lars Gullin –bs-, Bengt Hallberg –p-, Tagve Akerberg –b- et Jack Noren –dm) " Don't Get Scared " ; moment virtuose appréciée par l'assistance. Le concert se termina avec la participation du public qui reprit en " claps hands ", à l'invite de la chanteuse, le " Sermonette " très churchy de Julian " Cannonball " Adderley mis en paroles par Jon Hendricks.

Le public lui fit une longue ovation, ainsi qu'aux musiciens. Il attendit dans le noir que la chanteuse revînt. Ce qu'elle fit à trois reprises. Lors de la première, elle interpréta " Le Printemps ", accompagnée par le seul pianiste, l'adaptation française par Jean Sablon de la mélodie de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein, " It Might as Well Be Spring ". Elle fut longuement applaudie. Le second bis, accompagnée par l'orchestre, fut l'occasion de réentendre la mélodie éponyme du film, " Let's Fall in Love ", écrite par Harold Arlen et Ted Koehler. La salle était conquise. Le troisième rappel, à l'intention des aficionados du jazz, " Night in Tunisia " (Dizzy Gillespie), superbement introduite par la section rythmique, fut l'occasion d'un bon solo du trompettiste et d'un excellent scat de la chanteuse très applaudie. Le public partit à regret, pour aller acquérir son dernier album, I Feel So Good, dédicacé par Virginie Teychené.
Formidable concert, apprécié comme il se doit par un public enchanté, en pleine complicité avec une formation musicale remarquable, dans laquelle il convient de souligner le lyrisme de François Chassagnite, la musicalité de Stéphane Bernard, le soutien attentif et efficace de Jean-Pierre Arnaud et la mise en place générale impeccable de Gérard Maurin.
Félix W. Sportis
Photo©Félix W. Sportis