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Latin Jazz Bash. Raynald Colom Quintet, Guest David Sanchez

29 jan. 2011
Marciac, 29 janvier 2011
Pour le deuxième concert de l’année 2011, Marciac a de nouveau invité le trompette catalan Raynal Colom qui avait remporté un certain succès sous le chapiteau l’été dernier. Le côté latin est sans doute en relation avec la présence du percussionniste Roger Blavia. La musique est dense et s’étire comme c’est généralement le cas dans l’improvisation modale (quatre titres pour chaque set, le bis inclus dans le second). Pour ce concert, il n’y eut qu’un instant paisible, lors du premier set. C’était une ballade de Miles Davis, et tout simplement du Miles Davis car Raynald Colom nous a là restitué la sonorité, le phrasé, des tournures de phrases à l’identique de ce que l’on peut entendre au cours du concert enregistré le 12 février 1964 au Philharmonic Hall de New York. Nat Hentoff utilisait un mot espagnol, « duende » qui signifie « la faculté de transmettre une émotion profondément ressentie avec le minimum de façons et le maximum de retenue ». Ce soir, Raynald Colom avait le duende l’espace de cet instant (sans le percussionniste). L’introduction d’Aruan Ortiz au piano, sans tempo, était minimaliste. Pour nous, le meilleur moment du concert. Pour le reste, la percussion fut très présente. Elle a même occupé l’essentiel du second morceau du deuxième set, d’abord par une longue alternative avec l’excellent drummer de Memphis. Là, David Sanchez a montré de la concision et un lyrisme coltranien. On a pu apprécier dans le premier titre de ce set, la palette de Sanchez entre Rollins (introduction, seul) et un solo coltranien avec exacerbations (bien soutenu par les rondeurs de la basse de Tom Warburton, artiste qui vit à Barcelone). Le dernier thème, avant le bis, était teinté de l’influence hispano-arabe. A l’exception du clin d’œil à Miles, cette musique exigeante et intense n’a sollicité que des compositions originales de Colom et Sanchez. Le trompettiste est manifestement habité par ces climats rythmiques torrides. Son style, au son plein, s’inscrit bien dans cette ambiance et la technique qu’il sollicite (gonfler les joues, appuyer fortement l’embouchure sur les lèvres) fonctionne pour l’instant (tout en limitant, relativement, son registre aigu). De toute évidence, en constatant la fréquentation du concert, Raynald Colom s’est déjà acquis un public.
Michel Laplace