Noah Howard
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3 sep. 2010
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6 avril 1943, New Orleans, LA - 3 septembre 2010, Nîmes (30)
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Saxophoniste
alto et ténor, encadré par la culture neo-orléanaise articulée dans son
cas au gospel et à l’église protestante (son grand-père est pasteur),
il apprend initialement le violon et la trompette. Son père écoute les
big bands et Noah Howard, baigné dans la culture afro-américaine, entend
Count Basie et Ellington, Ray Charles… En 1960, il part pour la
Californie où il fréquente Sonny Simmons (as) et Dewey Johnson (tp) qui
l’initient à la musique d’Ornette Coleman. L’influence de Coltrane,
d’Albert Ayler et Ornette Coleman, superposée à celle de Charlie Parker
et Johnny Hodges, sera déterminante. Noah Howard arrive à New York en
1965, et fait partie du cercle de Dewey Johnson, Giuseppe Logan (as),
Rashied Ali (dm) et aussi Dave Burrell (p). Il rencontre Albert Ayler
qui lui présente Bernard Stollman (label ESP). Il enregistre alors en
leader (1966, Noah Howard Quartet ; At Judson Hall ; 1969, The Black Ark
avec le ténor Arthur Doyle et le batteur Muhammad Ali, frère cadet de
Rashied Ali) et avec Frank Wright (1969, One For John) qui deviendra son
partenaire privilégié. Il part pour le Paris Jazz Festival de 1969
organisé par le label BYG (déplacé à Amougies, près de la frontière
belge !) et joue avec Bobby Few.
En 1971, il crée la New York Musicians
Organisation, définie comme « groupe d’action culturelle et politique »
et, en 1972, son label AltSax. Il fait des rencontres européennes (1971,
Patterns avec Misha Mengelberg et Han Bennink) qui conduisent à son
installation à Paris après de nombreux allers-retours entre NYC et
Paris. Il joue avec Art Taylor ou Kenny Clarke (1977, Red Star),
fréquents remplaçants de Rashied Ali. L’épopée free à Paris dans les
années soixante-dix s’organise autour du Centre Culturel Américain du
boulevard Raspail et Noah Howard joue alors avec Sun Ra, Anthony
Braxton, l’Art Ensemble of Chicago. Son quartet avec Frank Wright finira
en 1972 (groupe qui deviendra modestement Center of the World avec Alan
Silva). Il joue avec François Tusques, Steve Lacy, Noel McGhie, Beb
Guérinet aussi Chris McGregor et Johnny Dyani (1979, Message to South
Africa), avec Kent Carter, Oliver Johnson, Jean-Jacques Avenel… Soucieux
de se retirer un peu du monde du jazz, il réside un an au Kenya (1983),
sans d’ailleurs en faire l’objet d’un discours politico-culturel. Il
déménage ensuite à Bruxelles en 1982 où il dirige un club de jazz ainsi
que son label AltSax. Il enregistre alors une musique moins personnelle,
teintée de funk. C’est durant les années quatre-vingt dix qu’il
retrouve sa verve (1992, At Documenta IX, avec Michael Joseph Smith,
Jack Gregg, Chris Henderson), fidèle à la multitude d’influences
expressives qui le caractérise, depuis l’agressivité dolphienne
jusqu’au lyrisme plus méditatif (« Lovers »). Après une période très
productive dans les années quatre-vingt-dix pour Cadence (1997, Live at
the Unity Temple, Expatriate Kin, West frm 42nd ; In Concert ; 1999,
Between Two Eternities ; 2001, Live in Paris, Middle Passage ; 2002,
Window 9/11 NY Woman, Dreamtime ; 2003, The Eye of the Improviser), ses
derniers albums, accusant une certaine désorientation esthétique,
versaient dans l’exotisme de l’Inde et du Moyen-Orient (2008, Desert
Harmony avec Omar al Faqir ; 2010, Voyage). Son parcours européen, commun
à de nombreux musiciens (même si les raisons psychologiques et
sociologiques divergent selon les époques et les individus), ne lui a
apporté ni la gloire ni la reconnaissance souvent fantasmées par les
musiciens américains. Il lui a permis en revanche de trouver une
communauté américaine contrebalançant l’exil culturel et soucieuse de
poursuivre son effort esthétique particulier.
En
novembre 2003, il partageait la couverture de Jazz Hot avec Sam Rivers,
Byard Lancaster et Roswell Rudd (n°605), comme eux représentant d’un
jazz ancré dans une extension du langage bop qui retrouvait d’autres
caractéristiques de la musique afro-américaine, dont une rugosité
expressive portée très loin. L’orbe des disciples d’Eric Dolphy (Sonny
Simmons, Robin Kenyatta, Roscoe Mitchell…) avait produit une musique
âpre et lyrique, violente mais proche du blues. Le développement de
carrière dans une sorte d’errance culturelle et biographique
américano-européenne reste porteuses d’ambiguïtés, notamment le
détachement progressif de son public pour se rapprocher d’une communauté
fermée, articulée autour des arts visuels et des expérimentations.
Reste qu’outre sa puissance musicale, Noah Howard a développé une
lucidité courageuse et indépendante, tenant à diriger sa musique avec
détermination et maintenant à flot son label pendant plus de trois
décennies au fil d’une trentaine d’albums.
Jean Szlamowicz
NOAH HOWARD & JAZZ HOT :
VIDEOS
1980.
Noah Howard (as), Bobby Few (p), Joe Maka (ss), Clint Jackson (tp),
album Noah Howard-Traffic (Label Frame 1983), Parisound Studio, Paris,
10 juin https://www.youtube.com/watch?v=ay2LH43s-BU
2000.
Noah Howard (as), Bobby Few (p), Ulf Åkerhielm (b), Gilbert Matthews
(dm), © Pia Ström, Glenn Miller Café, Stockholm, 25 Septembre https://www.youtube.com/watch?v=7N2A1g2du1o
© Jazz Hot n°652, été 2010 |
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