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Bordeaux Fête le Vin

26 juin 2010
Bordeaux, 26 Juin 2010
Bordeaux Fête le Vin Des dizaines de tivolis, des centaines de barriques installées le long des Quais de la Garonne pour des milliers d’amateurs invités durant quatre jours à déguster les meilleurs vins du bordelais. C’est à ne pas manquer ! Et la fête est ponctuée, en partenariat avec Jazz in Marciac d’une affiche alléchante pour un grand concert en plein air sur la belle place des Quinconces.
Curieusement les deux concerts présentés se placent sous le signe des « premières ». Avishaï Cohen ouvre la soirée. Le contrebassiste et chanteur a fait venir un nouveau batteur, le catalan Jordi Rossy, son ami depuis l’époque de leur jeunesse newyorkaise. Celui-ci découvre ses nouveaux partenaires pour la balance. Ses qualités lui permettent de s’adapter instantanément en s’appuyant sur le travail d’un excellent et jeune percussionniste, I. Doari, maîtrisant parfaitement le répertoire. Rossy pourrait bien continuer l’aventure… A signaler également, A. Hoffman, guitariste mais surtout excellent joueur de oud, auteur de superbes solos. Pianiste et chanteuse ont été bien moins passionnants. Avishaï s’appuie sur ses racines israéliennes pour présenter une musique -souvent chantée- difficile d’accès, extrêmement travaillée, sophistiquée mais dépourvue de cette passion, de cette vie, de la pulsation que recherchent la plupart des amateurs de jazz. On reste évidemment admiratif devant son travail à la contrebasse, sa fusion charnelle avec la caisse de scelle-ci, sa maîtrise de l’instrument, son inventivité, sa capacité à extraire de la beauté de ses solos. Un thème -pourtant traditionnel de la musique d’Israël- s’inscrit dans le domaine du jazz « Shir Al Etz ». Excellent. Pour le rappel, Cohen s’envole vers l’Amérique latine avec deux thèmes dont «Alfonsina» de Mercedes Sosa qu’il chante en espagnol rendant la fin du concert inutilement hétéroclite.
Autre première, celle de Havana Cultura, un projet animé par le DJ Peterson s’appuyant sur le quinteto du pianiste cubain Roberto Fonseca. Les inconditionnels de Fonseca, dont nous sommes, se demandent ce que Roberto, Ramsès Rodríguez (dr), O.González (cb), J. Hierrezuelo (cga) et le maître Javier Zalba (ss, as, fl) viennent faire dans ce projet. Peterson, imbu de lui même et de ses « enregistrements » réalisés autour du monde, incapable de prononcer correctement en espagnol le nom de ses partenaires avait confectionné, avec l’apport de deux rappeurs et d’une jeune chanteuse Danay Suárez venus de l’île eux-aussi, un cocktail sans nom, mêlant sans vergogne les qualités du quinteto à des effets sonores frisant le ridicule quand les basses vont jusqu’à vous faire tressauter les viscères et à du rap peu convainquant. S’effaçant judicieusement l’espace d’un thème, Peterson et les voix nous ont permis de retrouver le quinteto avec toutes les valeurs du jazz de Cuba sur « Lo que me hace vivir ». Le public sur la fin du concert s’est divisé en trois. Une partie a quitté l’enceinte, l’autre est restée stoïquement sur ses chaises et une troisième s’en est allée gigoter devant la scène, les bras en l’air, frappant dans les mains. Peut-être un souvenir d’une fête au club Med ! Là vraiment les deux rappeurs étaient aux anges !
Fonseca doit faire attention à ne pas sacrifier sa musique et tous les efforts qu’il fait par ailleurs pour garder à celle-ci qualité, rigueur et authenticité au bénéfice de projets commerciaux sans intérêt.
Patrick Dalmace