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Graciela Pérez

7 avril 2010
2 août 1915, La Havane (Cuba) - 7 avril 2010, New York, NY

La chanteuse cubaine Graciela Pérez est décédée à 94 ans le 7 avril au Weill Cornell Medical Center de New York des suites d’une insuffisance pulmonaire. Graciela née à La Havane le 2 août 1915 avait été élevée par la famille de Franck « Machito » Grillo dans le quartier noir de Jesús María, bastion des rumberos que Graciela fréquente. Les tambours afro-cubains, la Rumba sont les seules distractions du quartier. Elle s’imprègne de tous rythmes et acquiert une maîtrise des différentes claves, de la Rumba, du Son… Elle est aussi très vite mise en contact avec le milieu musical puisque « Machito » entre en 1928 dans le Sexteto Juvenil puis dans les sextetos Occidente, Pic Nic, Agabama, Nacional… ce qui amène Graciela à fréquenter et écouter les principaux musiciens et chanteurs de la grande époque des sextetos et des septetos. Elle commence à chanter et est auditionnée par l’orchestre féminin Anacaona en 1933. Elle est engagée et bien qu’elle soit mineure parvient à réaliser la tournée à Puerto Rico. Graciela participe -voix et claves- aux six plages (Maleficio, O! Marambé, maramba, Bésame aquí, Después que sufras, Algo Bueno, Amor inviolado) que la formation enregistre le 15 juin 1937 à La Havane. Après un passage à New York, où le flutiste Alberto Socarrás devient leur manager, Anacaona avec Graciela chantent à Paris en 1938, notamment au Théâtre des Ambassadeurs et Chez Florence où elles alternent avec Django. Graciela quitte Anacaona et rejoint Machito et Mario Bauzá à New York en 1943 pour s’intégrer aux Afrocubans de ces derniers. Sa voix est incontournable chaque fois que la formation offre sa version dansante (Blen, Blen, Blen ; Tremendo Cuban ; Guampampiro, Mambo América…) et s’éclipse lorsque le jazz Afro-Cubain est au programme (ainsi on ne l’entend pas dans des thèmes comme Tanga, Cubop City, Howard’s Blues, Carambola, Zambia.. et ne participe pas aux enregistrement tels que Kenya, de l’Afrocuban Jazz Suite de O’Farrill ou lorsque les Afrocubans enregistrent avec Charlie Parker ou Herbie Mann. Celle que l’on a surnommée The First Lady of Latin Jazz était en fait une reine du mambo, du chachacha et une très grande voix du bolero (Donde estabas tú, Contigo en la distancia, Aunque estes lejos de mi, Tu no cambiaras…).  Lorsque Machito et Bauzá se séparent en 1975 elle suit Mario et enregistre avec lui (Ganga; Jack the Knife, Zambia…). A la mort de Bauzá, en 1993, elle se retire de la vie musicale, intervenant ponctuellement notamment en 2004 avec le percussionniste Candido Camero pour le disque Inolvidable. Toutefois elle apparaissait régulièrement pour son anniversaire ou celui d’un vieux musicien cubain ce qui restait pour toute la communauté musicale cubaine de la Big Apple un moment privilégié.
Patrick Dalmace

© Jazz Hot n°651, printemps 2010