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Treemonisha

9 avril 2010
Théâtre du Châtelet
Treemonisha Paris, 31/3 au 9/4/2010

Cette production du Châtelet (avec l'accord de The Dramatic Publishing Company of Woodstock, Illinois) nous permet de découvrir cet opéra composé vers 1908-1911 (il était à l'époque plutôt à New York) par Scott Joplin (1868, Texarkana, Texas -1917, Manhattan State Hospital, NY) davantage connu pour ses ragtimes. Cet opéra était resté dans les cartons de 1915 (audition privée à Harlem avec Scott Joplin seul au piano) à 1972 (Atlanta Symphony dirigé par Robert Show), puis quelques rares productions suivirent aux Etats-Unis. L'histoire de la création de Treemonisha par Scott Joplin est belle, triste et emblématique : belle parce que le récit croise la biographie de Scott Joplin en tant qu'adolescent éduqué puis en tant que père qui perd son enfant, triste parce que la déception de ne pouvoir faire jouer cette œuvre qui lui tenait aux tripes l'aura rendu fou puis tué, emblématique parce que les enjeux importants de la communauté afro-américaine y figurent tous : s'éduquer pour s'émanciper de la magie, du racisme, des conditions de vie difficiles et de la volonté de changer la vie au point où les femmes y trouvent des places de guides de leur communauté : nous sommes en 1908… La modernité des sujets abordés, des personnages, des situations rappellent Ernest Gaines, Chester Himes, Claude McKay ou Jorge Amado ; les thèmes musicaux s'élancent dans l'Art Nouveau du "Nouveau Monde" , du "Nouveau Siècle", une profonde explosion d'énergie entre Debussy, Ravel, Gershwin, le blues et le gospel. Treemonisha est un bébé trouvé dans un arbre par un couple qui fera tout pour lui apprendre l'amour de l'humanité, pour lui offrir une éducation éclairée et lui transmettre le courage de ses certitudes pour aider sa communauté, soumise à tout, à lutter pour la liberté de penser et de s'exprimer : l'histoire débute alors qu'elle a 18 ans et son histoire est racontée en come-back au fil des épopées qu'elle traverse avec ceux qui l'entourent ou la combattent. Les décors, les costumes, les effets spéciaux, les lumières, les voix, les chœurs, l'orchestre, les danseurs, rien n'a manqué à la mise en scène de ce conte merveilleux qui symbolise l'histoire afro-américaine. Le public en standing ovation est sorti "enchanté" et plein d'énergie.
Hélène Sportis
© Jazz Hot n°652, printemps 2010