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Walter Smith III, Jazz en Tête, Clermont-Ferrand ©Guy Reynard
Walter SMITH III




The New Texas Sound

Walter Smith III est l'un des plus importants saxophonistes de la génération des trentenaires apparus sur la scène du jazz avec le nouveau millénaire. S'il a débuté sa carrière professionnelle avec Terence Blanchard, il collabore surtout avec les musiciens de sa génération: Sean Jones, Christian Scott, Eric Harland. Parmi ses collaborations Ambrose Akinmusire a formé avec lui un premier quintet avant de voler de ses propres ailes, mais les deux musiciens collaborent toujours aujourd'hui, et le saxophoniste est présent sur la plupart des albums du trompettiste.

S'il a débuté la musique avec son père, lui-même saxophoniste, il a suivi un parcours original: plutôt que de suivre des cours de jazz ou sur son instrument, il a obtenu un diplôme d'enseignant en éducation musicale, complété par un diplôme d'études de jazz de la Manhattan School of Music. Il a choisi la voie ouverte par les musiciens du bebop mais sans rester totalement ancré dans la tradition. S'il a très jeune choisi Charlie Parker, il a ensuite été attiré par Kirk Whalum dont il a transcrit les compositions. Mais, dans son jeu, pas de trace de fusion dont son mentor est un digne représentant.

A ce jour, il a enregistré cinq disques, et ses formations proposent souvent les musiciens originaires du Texas comme Jason Moran, Eric Harland ou Mike Moreno. Certains étaient d'ailleurs ses camarades de classe à Houston, TX. Car si le hasard l'a fait naître à Burlington dans le Wisconsin, le 24 septembre 1980, il est arrivé à Houston, TX une semaine après sa naissance.

Musicien exigeant, il ne cherche pas à multiplier les expériences et les disques. La crise actuelle du disque ne favorise pas particulièrement un musicien très conscient de la qualité qu'il veut donner à sa musique. Lors de la 28e édition de Jazz en Tête, à Clermont-Ferrand en 2015, où il présentait son dernier enregistrement The Lafayette Suite, en compagnie de Laurent Coq (p), il a bien voulu répondre aux questions de Jazz Hot.

Propos recueillis par Guy Reynard
Photos et discographie de Guy Reynard


© Jazz Hot n°675, printemps 2016

Walter Smith, Jazz en Tête, Clermont-Ferrand ©Guy Reynard


Jazz Hot: Pouvez-vous nous parler de votre parcours musical?

Walter Smith III: Si je suis né à Burlington dans le Wisconsin, c'est tout à fait par hasard. Mon père qui enseigne le jeu d'orchestre dans une école primaire préparait sa rentrée à Houston et je suis arrivé pendant ce temps. Mais une semaine plus tard je partais pour Houston, TX où j'ai faiit mes études primaires et secondaires. Ma mère enseigne l'anglais. J'ai commencé le violon à quatre ans, la clarinette à cinq et à six ans j'ai joué du saxo alto. Après deux ans sur cet instrument je suis passé à la batterie pendant deux ans avant de revenir à l'alto. A  quatorze ans j'ai choisi le ténor et j'ai commencé à travailler sérieusement, à m'entraîner constamment et depuis le ténor est mon seul instrument. Oui mon père a été mon premier professeur.

Vous êtes allé dans un lycée musical?


Oui j'ai suivi les cours de la High School for the Performing and Visual Arts. A cette époque Robert Glasper le pianiste et Mike Moreno le guitariste étaient là et la même année que moi il y avait Kendrick Scott et Mark Kelly qui joue maintenant avec The Roots. De nombreux musiciens viennent de cette école comme Jason Moran, ou Chris Dave. A la fin du lycée j'ai obtenu une bourse pour suivre les cours du Berklee College of Music. Je n'ai pas voulu suivre les classes de musique car j'avais déjà suivi ce qu'on y enseignait à Houston. Il s'agit la plupart du temps de comment enseigner aux chanteurs, de comment jouer dans un marching band et de diriger. Tout cela je l'avais déjà suivi et je ne voulais pas perdre mon temps pour obtenir le même diplôme à Berklee. J'ai choisi le diplôme de d'enseignant. J'ai ensuite eu une autre bourse pour suivre des cours à New York. Je n'y suis pas allé souvent, mais j'ai obtenu un diplôme d'études de jazz à la Manhattan School of Music.

Vous avez joué dans un marching band?

Non, jamais.

Et dans un grand orchestre?

Oui, quelques fois, mais ce n'est pas ce j'apprécie le plus; je préfère beaucoup les petites formations.

Peut être plus tard?

Non!!! Je ne devrais pas dire cela, car on ne sait jamais, mais je préfère malgré tous les petits groupes.

Quelle différence faites-vous entre le Berklee College et la Manhattan School of Music?

C'est difficile à dire, car je ne suivais pas les mêmes cours. Je pense que la différence vient surtout des deux villes. Boston était très agréable, car je jouais beaucoup, et je m'entraînais tout le temps. A New York, certes, je travaillais tout le temps également, mais c'était le début de ma carrière; je pensais à enregistrer, et ça je n'y pensais pas à Boston.

Quel était votre saxophoniste préféré au début de votre carrière?

Charlie Parker.

Et au ténor?

Le premier saxophoniste ténor que j'ai écouté et transcrit, c'est Kirk Whalum. Oui, c'est un peu différent, un musicien plus fusion. Charlie Parker, c'était plus comme l'école alors que j'étais plus intéressé par Kirk Whalum, et j'aimais l'écouter.

Pourtant vous ne jouez pas du tout dans un style proche du sien…

Pendant mon jeune âge, j'ai appris et écouté les nouveaux musiciens  car je voulais les voir en concert. C'était très important pour moi. J'écoutais les disques de Coltrane, le matériel de Wayne Shorter, mais je ne pouvais pas les voir. Alors, je me suis mis à travailler les disques de Branford Marsalis, car, lorsque je le voyais en concert, je connaissais les morceaux. Ainsi, au lycée, j'ai écouté Kenny Garrett, Joshua Redman, Mark Turner. Je les ai beaucoup écoutés. Mais lorsque je suis allé à l'université, j'ai dû revenir en arrière car j'avais de grosses lacunes, et j'ai passé beaucoup de temps à écouter Lester Young, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Trane, Wayne Shorter, Ornette Coleman, Sam Rivers… tous ceux que je connaissais de nom, et que je n'avais pas écoutés.

Lorsque vous avez commencé votre carrière, vous avez commencé par les concerts ou l'enseignement?

J'ai commencé ma carrière professionnelle avec un musicien très connu: Terence Blanchard. J'étais alors au Berklee College, j'ai volé vers le Mississippi, et j'ai joué un soir avec son orchestre. Ce fut mon premier vrai travail. L'enseignement est venu plus tard. Je savais que je voulais le faire, et c'est pourquoi j'ai fait cette école. Je voulais pouvoir me lever et parler de choses que je pouvais expliquer. J'ai participé à de nombreuses master classes, et j'ai toujours été intrigué que le gens puissent jouer aussi bien, mais soient incapables de l'expliquer. C'était important pour moi, et je l'ai fait plus tard. Au cours des six dernières années, j'ai beaucoup plus enseigné, aux Etats-Unis et à l'étranger, animant des ateliers pendant une semaine. C'est super d'avoir plus de possibilités d'enseigner.

Vous jouez et enseignez tout le temps?

Tout le temps; mais je pense que je joue plus que j'enseigne.

Gerald Clayton (p), Ambrose Akinmusire (tp), Walter Smith II (ts), Harish Raghavan (b, caché), Justin Brown (dm), Jazz en Tête, Clermont-Ferrand, 2009 ©Guy Reynard

Le quintet avec Ambrose Akinmusire était-il votre premier groupe, ou en avez-vous eu d'autres avant?

Depuis que je suis à l'université, j'ai toujours voulu avoir mes propres formations. J'ai toujours voulu jouer pour d'autres musiciens, mais j'ai toujours voulu être un leader. La première fois que j'ai monté un projet, avec lequel j'ai fait mon premier album, nous avons joué ici (à Clermont-Ferrand). C'est le seul concert de cet orchestre, avec beaucoup de musiciens sur ce disque. Et c'était mon premier projet avec Ambrose. Lorsque j'étais à Boston, je le rencontrais lorsqu'il venait; j'allais parfois le voir à New York. Lorsque je me suis installé à New York, il était aussi à la Manhattan School of Music, et je jouais tout le temps avec lui. Au début, nous n'avions pas la même expérience et pas la confiance pour grandir. Ensuite, nous avons progressé. Je parle surtout pour moi. Mais je pense qu'aujourd'hui il écrit beaucoup plus. Plus vous écrivez, et plus vous réalisez comment organiser les choses ensemble, et tout change subitement.

Ambrose Akinmusire, Walter Smith III, Jazz en Tête, Clermont-Ferrand 2009 ©Guy Reynard


Vous ne jouez plus avec Ambrose?

Plus guère; il est en quartet maintenant. Nous avons joué ensemble pendant 8, 9 ou 10 ans. Mais nous avons eu un concert il y a une ou deux semaines. Il voulait jouer en quartet, et il fait beaucoup de choses différentes. Avant de jouer en quartet, il donnait des concerts en quintet avec un guitariste, en quintet avec voix, des choses diverses.

Avez-vous un groupe permanent actuellement?

Je participe à des concerts ici et là. En fait, actuellement, je dois être à la maison à certains moments de l'année. Ainsi, mon emploi du temps est organisé de telle façon que je joue avec d'autres musiciens, et je reviens à la maison pour deux semaines. Si j'avais mes propres engagements, je serais en tournée pendant plusieurs semaines et je ne reviendrais jamais chez moi. Aussi, actuellement, j'accepte de nombreux engagements, mais seulement lorsque deux ou trois éléments me plaisent. Par exemple, je vient de jouer avec mon orchestre en Finlande avec Eric Harland à la batterie, Joshua Crumbly à la basse et Fabian Almazan au piano. Ainsi, je tourne encore un peu, mais pas tout le temps. Il est difficile de maintenir un orchestre permanent. Ambrose est le seul de notre groupe d'âge capable de le faire. Un jour, il m'a dit que nous avions joué un millier de concerts avec presque toujours les même cinq personnes.

Ecrivez-vous  beaucoup de musique?

Oui, car je pense que si vous êtes musicien, on attend de vous des compositions. Je jouais du saxophone depuis près de 15 ans lorsque j'ai enregistré mon premier disque. Quinze jours avant l'enregistrement, j'ai commencé à écrire la musique. C'était vraiment stupide: je n'avais jamais joué la musique et je l'ai enregistrée. Alors que pour atteindre un bon niveau, il faut jouer la musique. Cela pose un bon nombre de questions, et vous reprenez les compositions. Je n'ai pas travaillé ainsi pour mon dernier album. Pour ce disque, j'ai passé beaucoup de temps à travailler sur les compositions. Et malgré ça, pour moi, elles ne sont pas suffisamment bonnes; mais lorsque je regarde mes premières compositions, celles-ci sont nettement meilleures. Ainsi j'ai fait des progrès, j'ai appris des choses, j'ai emprunté des idées aux autres musiciens, et maintenant, quand j'écris, je peux voir les progrès effectués. Avant lorsque je jouais avec un autre musicien je regardais les accords, et je me disais: «Oh, je peux le faire!» Les accords sont très centrés sur le solo. Maintenant, je pense à la chanson et à l'effet que les changements d'accords ont sur elle, et je joue face à la musique. Si vous trouvez que nos concerts s'améliorent, c'est dû à cette nouvelle façon de penser. C'est être plus mature. C'est peut-être plus ennuyeux pour moi, mais plus j'écris, plus j'essaie de développer mes idées, plus cela aide mes partenaires.

Beaucoup de musiciens disent que l'improvisation est une composition instantanée. Pourtant, lorsque vous écrivez, vous avez plus temps que lorsque vous improvisez…

C'est la même processus. Lorsque vous avez une idée, vous devez passer du temps à l'écrire. Mais d'autres idées vous viennent, et ces idées se confrontent; l'idée lue sur le papier et l'idée qu'on entend, c'est la même chose. Lorsque vous entendez quelqu'un jouer une idée, vous n'attendez pas qu'il ait fini pour enchaîner. Il existe une sorte de superposition pendant que vous jouez. Meilleur compositeur vous êtes, plus vite vous le réalisez.

Lorsque vous écrivez vous avez le droit de vous tromper…

Oui, et lorsque vous jouez aussi… (Sourire)

Mais lorsque vous écrivez, vous pouvez gommer alors que lorsque vous jouez, c’est trop tard.

Mais lorsque vous écrivez, si vous avez le même feeling qu'en jouant, les meilleurs morceaux ont alors cette part d'écriture: cet accord avec cette note, j'aimerais bien l'entendre avec quelqu'un… Vous entendez alors cet accord avec cette note et vous trouvez ça différent… ça n'est pas écrire, mais ça marche aussi. C'est supposé être écrit, mais si c'est ce que je viens de jouer, alors c'est pensé en fonction de la musique. Si je joue la bonne note, et que le bassiste n'en tient pas compte, alors ce que je joue n'est plus techniquement correct. Vous devez constamment être vigilent et vous adapter.

Vous avez beaucoup écouté Kirk Whalum. Pensez-vous orienter votre musique dans cette direction?

Non, pas musicalement. C'est un peu la même chose que lorsque j'écoute Dexter Gordon. Je n'ai jamais enregistré une seule de ses compositions, mais ce que je prends est différent de ce que prendront d'autres musiciens. Kirk Whalum est avant tout émotionnel, et c'est différent de ce que je peux prendre chez Hank Mobley ou Sonny Rollins, où je récupère des éléments rythmiques et harmoniques. L'émotion qu'apporte Kirk est très importante pour moi. Quand je réfléchis à sa façon de jour, je pense qu'il est l'un des saxophonistes les plus importants. Ce qu'il joue, c'est plus que du saxophone. cette idée étonne Kirk! Selon moi, nombre de musiciens ne peuvent jouer du blues ou des musiques tournées vers le blues. C'est un feeling, pas un ensemble de notes! Aussi lorsque je pense à la manière d'acquérir ce style émotionnel, c'est comment l'intégrer dans mon jeu même si je ne joue pas les mêmes notes que lui.

La difficulté est d'avoir un son original, pas de sonner comme Dexter Gordon ou Kirk Whalum…
2014


Vous savez, ce qui vous donne votre son, c'est que vous avez une idée de ces personnes, et que de tout mélanger vous fera avoir un son à nul autre pareil, une combinaison. Ce qui est beau, c'est que chaque saxophoniste est différent et quand vous écoutez, c'est unique!

Avez-vous fréquenté l'église dans votre jeunesse?

Non, pas vraiment…

Pour beaucoup de musiciens, le son vient de là…

Nous y allions parfois, mais je n'y vais plus, et je n'y ai pas joué de saxophone. Je l'ai fait une paire de fois ici et là, mais pas chaque semaine.

Pour Branford Marsalis, par exemple, le son vient de l'église…

Oui, je le pense, certainement! Mais vous l’obtenez de la même manière, même si vous n'avez jamais vu John Coltrane, en écoutant ses albums. Et si vous n'y parvenez pas là, vous pouvez toujours approcher son art. C’est  différent, mais ça fait partie du truc.

Avez-vous une maison de disques qui vous suit?

J'en ai une différente pour chaque album que j'ai fait à ce jour. La dernière était une major: ils ont retardé le disque d'un an, mais je voulais le sortir parce que j'avais une tournée. Ils l'ont encore repoussé jusqu'à cette année. Cela aurait fait deux ans. J'ai rompu le contrat, j'ai racheté les masters, et je l'ai sorti en septembre 2014. Je ne sais pas si je ferai un nouveau disque bientôt. Ce n'est pas difficile car je joue tout le temps avec ces musiciens, même si nous ne jouons pas tout le temps ma musique. Pour un nouvel album, ce serait mieux, mais nous avons un relation tellement forte que ce serait aisé.

CONTACT: http://www.waltersmith3.com/

DISCOGRAPHIE

Leader
CD 2005. Casually Introducing, Fresh Sound New Talent 247
CD 2007. Bronze, Fresh Sound New Talent 350 (coleader Mark Small)
CD 2008. Live in Paris, Space Time Records 2929
CD 2010. III, Criss Cross 1328
CD 2014. Still Casual, Audio & Video Labs, Inc. 5640488380
CD 2014. The Lafayette Suite, Jazz & People 815003 (coleader Laurent Coq)

2005200820102014







Sideman
CD 2005. Sean Jones, Gemini, Mack Avenue MAC 1023
CD 2005. Michael Bublé, Caught in the Act, Reprise 9362494442
CD 2005. Christian Scott, Rewind That, Concord Jazz 312244
CD 2006. Kendrick Scott, The Source, World Culture 0001
CD 2007. Sean Jones, Kaleidoscope, Mack Avenue MAC 1037
CD 2007. Christian Scott, Anthem, Concord Jazz 7230209
CD 2008. Ambrose Akinmusire, Prelude to Cora, Fresh Sound New Talent FSNT312
CD 2008. Eric Harland, Voyager: Live by Night, Space Time Records BG 1996
CD 2008. Christian Scott, Live at Newport, Concord Jazz 3085300
CD 2008. Warren Wolf, Raw, Baby / Wolfpack 796873050982
CD 2008-09. Matt Slocum, Portraits, Baby / Chandra Records 8093
CD 2009. Sean Jones, The Search Within, Mack Avenue MAC 1044
CD 2009. Terence Blanchard, Choices, Concord Jazz 7231736
CD 2009. Michael Janisch, Purpose Built, Whirlwind Recordings WR 4613
CD 2009. Mose Allison, The Way of the World, Anti- 87059
CD 2009. Kendrick Scott, Reverence, Criss Cross CRISS 1316
CD 2010. Shingo Yuji, Introducing Shingo Yuji, Yujipan Music 10461
CD 2010. Ambrose Akinmusire, When the Heart Emerges Glistening, Blue Note 0706192
CD 2011. Kendrick Scott, Conviction, Concord 7234192
CD 2012. Ralph Peterson, The Duality Perspective, Baby / Onyx 5637943553
CD 2013. The Next Collective, Cover Art, Concord Jazz CJA 33362
CD 2013. Winslow Dynasty, Enter the Dynasty, Ransom Entertainment 21911
CD 2013. Donald Edwards, Evolution of an Influenced Mind, Criss Cross CRISS 1365
CD 2014. Ambrose Akinmusire, The Imagined Savior Is Far Easier to Paint, Blue Note B 001972602
CD 2015. Danny Grissett, The In-Between, Criss Cross CRISS 1382
CD 2015. Dayna Stephens, Reminiscent, Criss Cross CRISS 1377
CD 2015. Cassandra Wilson, Coming Forth by Day, Legacy Sony Music 88875063622
CD 2015. Romain Pilon, The Magic Eye, Jazz&People ‎– JPCD 815004
CD 2015. Donald Edwards, Prelude to Real Life, Criss Cross CRISS 1386
CD 2014. Jan Harbeck, Variations in Blue, Stunt STUCD 14112

DVD 2008. JazzMix: Live in NYC, Syunnyside

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