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Robert Magris Quintet

19 juin 2011
Morgan Rewind : A Tribute to Lee Morgan, vol.1
Nouveauté-Sélection
Brandon Lee (tp), Logan Richardson (as), Roberto Magris (p), Elisa Pruett (b), Albert Tootie Heath (dm).
Enregistré le 14 décembre 2009 à Lenexa (Tex.)
Durée : 1h 12’02’’
J-Mood 002 (www.jmoodrecords.com)

Jeune “amateur de jazz” dans les années 1960, les disques Blue Note étaient des “nouveautés” avec à la trompette deux dominants, Freddie Hubbard et Lee Morgan. A l’époque, bien qu’aimant l’un et l’autre, ma préférence allait à Freddie Hubbard, plus flamboyant. Avec le temps, les qualités de Lee Morgan nous sont apparues plus nettement. Les conversations avec Wendell Brunious et d’autres amènent à un constat, dans ce qu’il est convenu d’appeler « hard bop » la suprématie à la trompette revient à Clifford Brown et Lee Morgan (ce qui n’enlève rien à une multitude d’autres talents, également indispensables, comme Kenny Dorham, Blue Mitchell, Freddie et bien d’autres). Ceci est le passé, mais nous avons là en Albert Heath un acteur de cet âge d’or du bop. Le vétéran est d’ailleurs remarquable tout au long du CD, introduisant certains titres (« Croquet Blues », « Party Time », « Desert Moonlight ») ou prenant de superbes solos (« Hocus Pocus » -réussite du CD-, « Eclipso », « Mr Kenyatta ») pour ne rien dire de l’accompagnement où l’entente est parfaite avec Elisa Pruett. Celle-ci est également bien mise en valeur en solo, notamment dans « Party Time » et « Hocus Pocus ». C’est le pianiste qui est le leader, Roberto Magris et il n’est pas déplaisant en solo (« Ceora », etc). Enfin, les souffleurs sont jeunes, ce qui est réjouissant. L’alto est un peu « crazy » (« Hocus Pocus », « Eclipso »,…). Il nous évoque parfois Eric Dolphy (« Lee Morganized » ou mieux encore dans « Lee-Too », deux compositions de Roberto Magris). Le jeune trompettiste n’est pas encore très connu. Certains passionnés se souviendront d’une vidéos d’un concert hommage à Louis Armstrong donné par Wynton Marsalis et le Lincoln Center Jazz Orchestra qui pour « Mahogany Hall Stomp » mit en vedettes Brandon Lee (17 ans), Troy Andrews (14 ans) et Dominick Farinacci (17 ans). Depuis, Troy Andrews est devenu une vedette, et certain disques récents de Dominick Farinacci montrent qu’il est déjà un des grands instrumentistes d’aujourd’hui. Plus discret, Brandon Lee est le fin disciple de Wynton Marsalis entendu et vu avec l’orchestre de Victor Goines dans le documentaire plutôt raté par ailleurs (à cause des commentaires puériles) Harlem à Montmartre. Ici Brandon Lee est plus du côté Clifford Brown que Marsalis (« Mr Kenyatta ») avec quelques tournures à la Lee Morgan (« Party Time ») ce qui est à propos. Il maîtrise le langage bop (« Lee-Too ») et construit bien ses solos (« Hocus Pocus », « Lee Morganized »). Il a un bon timbre de trompette, mais le son est mince. L’exposé de « Ceora » montre qui lui reste à travailler la sonorité. Ceci dit, ce trompettiste en devenir est un espoir. Enfin ce CD rappelle que Lee Morgan a commis des thèmes qui sont aujourd’hui des standards du bop comme « Hocus Pocus » et « Ceora ».
Michel Laplace