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Kenny Wheeler

18 sep. 2014
14 janvier 1930, Toronto, Canada – 18 septembre 2014, Londres, Royaume-Uni
© Jazz Hot n°669, automne 2014

Kenny Wheeler © David Sinclair


On le savait malade, son décès s’il est une peine n’est donc pas une surprise. Kenneth Vincent John Wheeler fut d’abord un musicien pour musicien, polyvalent, avant d’être connu, reconnu comme un chef de file dans la mouvance des musiques improvisées. Il est et fut un spécialiste du bugle qui après les Clark Terry ou Art Farmer a donné une respectabilité à ce cuivre longtemps décrié (à cause, à l’origine, de ses problèmes de justesse). Kenny est élevé à St. Catharines et son père fut trombone d’orchestre de danse au Canada. Il débute l’étude du cornet à l’âge de 12 ans. Plus tard, il joue dans l’harmonie des cadets militaires de Toronto ce qui donne une bonne base classique. Il est ensuite élève de Ross McClanathan au Conservatoire de Toronto (1950-51). Il passe très brièvement à la McGill University de Montréal (1952).

Dès 1952 en effet, il part vivre à Londres et grâce à sa versatilité (« Il semble que je sois capable de faire l’affaire dans un tas d’emplois »), il est engagé dans les domaines les plus variés Roy Fox (1953), Carl Barriteau (1954), Buddy Featherstonhaugh (1956-57), Vic Lewis (1958-59), Woody Herman (1959), John Dankworth (1959-63), le London Jazz Orchestra dirigé par Bill Russo (qui lui donne quelques cours de contrepoint), Maynard Ferguson, Mike Gibbs (fin des années 1960), Tubby Hayes, Clarke-Boland Big Band, Bob Leaper, Ronnie Scott Quintet & Octet (1968-69), Lamb-Premru Big Band (mars 1971), et beaucoup de travail de studio comme pour les musiques de film où on n’emploie pas en général les manchots (exemple, "Steppenwolf” : « un film intéressant que presque personne n’a vu, Kenny Wheeler joue, dans le style des années 20, un poignant solo qu’encore moins de gens ont écouté », Mike Zwerin1).

Au fur et à mesure Kenny Wheeler s’oriente vers l’improvisation abstraite, ce qui fera au bout d’un certain temps, sa gloire dans la phalange la plus snobe des « critiques de jazz ». On découvre, cet excellent instrumentiste et improvisateur hors pair, dans le Hamburg Jazz Workshop (avril 1969, novembre 1970), Joe Harriott Indo-Jazz Fusion, John Stevens' Spontaneus Music Ensemble, Baden-Baden Free Jazz Orchestra (décembre 1969, avec Lester Bowie !), Alan Skidmore (1969-70), Tony Coe (1970), Friedrich Gulda (1970, NDR, avec John Surman, bs, Barre Phillips, b), Anthony Braxton (à partir de 1971), Glob Unity Orchestra, John Surman, George Adams (1979), Hans Koller's International Brass Company (Francfort, octobre 1980, 8 trompettes dont Ack van Rooyen), Markus Stockhausen (Francfort, oct. 1980), Dave Holland, l’United Jazz & Rock Ensemble, Jean-Louis Chautemps (1988, avec Denis Leloup, tb, André Ceccarelli, dm), John Taylor, Lee Konitz (1996), son Big Band.

Kenny Wheeler © David Sinclair

Il est devenu un pionnier essentiel, avec Manfred Schoof, Enrico Rava et Tomasz Stańko de la musique improvisée européenne. Il joue pour John Abercrombie (2008), un Brass Ensemble dirigé par Ingrid Jensen (2011, avec Jonathan Finlayson, Tony Kadleck, tp, Shelagh Abate, cor/h, Elliot Mason, tb, Jennifer Wharton, tu), Dave Douglas (workshop 2011), la chanteuse Diana Torto (2011), l’HfMT Big Band (2012).

Sa discographie est d’un volume considérable et confirme son aptitude à tout jouer grâce à une solide technique instrumentale : John Dankworth (1959-60) ; Cleo Laine (1964) ; Bill Russo (1965) ; Friedrich Gulda (1965 : Music for 4 soloists and Band no1, avec Freddie Hubbard, tp solo, Polydor LP 583 709) ; Tubby Hayes (1966) ; Graham Collier (1967) ; John Stevens (1967) ; Alan Skidmore ; Paul Gonsalves ; John Surman ; Terry Smith (1968) ; Sandy Brown (1968) ; Louie Bellson (1969) ; Mike Westbrook (1969) ; Tony Oxley (1969) ; Acker Bilk-Stan Tracey Big Band (Col. TWO 230) ; John Taylor ; Michael Gibbs (1970) ; London Jazz Chamber Group (produit en 1970, Adam’s Rib Suite, CJS 823) ; Memphis Slim (! 1971, avec H. Lowther, H. Beckett, tp, Blue Memphis, Barclay LP 920214) ; Anthony Braxton (1971) ; Bobby Lamb-Ray Premru (mars 1971, Live At Ronnie Scott’s, BBC LP 116) ; Philly Joe Jones Express (1968, Trailways, Polydor 2460142) ; Azimuth Trio ; Trumpet Machine de George Gruntz (1977, avec F. Ambrosetti, W. Shaw, P. Mikkleborg, J. Faddis, tp/fgh, M. Zwerin, btp, D. Humair, dm, label MPS) ; Roger Dean (1979, Lysis Plus) ; Claudio Fasoli (1987, Welcome, Soul Note CD 1171) ; Orchestre de Chambre Montréal direction Wanda Kaluzny (novembre 1985, Visions For String Orchestra And Improvizational Soloist, Justin Time CD 8413-2) ; Paul Bley (1996, Touché, Justin Time CD 97-2) ; Lee Konitz (1997) ; Guildhall Jazz Band (1998) ; UMO Jazz Orchestra ; Munich Jazz Orchestra ; Thierry Péala (2000, Inner Traces. A Kenny Wheeler Songbook) ; John Abercrombie (2001, 2004) ; Bob Brookmeyer (2003, Island, ‘Before the First Time’, CD & DVD Artists House 006) ; Colours Jazz Orchestra (2009) ; Norma Winstone and London Vocal Project (Mirrors).

Kenny Wheeler © David Sinclair

La production sous son nom n’est pas moins copieuse (1968, Windmill Tilter, avec John Dankworth Orchestra, Fontana ; 1973, Song for Someone, Incus ; ECM : 1975, Gnu High ; 1977, Deer Wan ; 1999, A Long Time Ago ; 2008, Other People, avec Hugo Wolf String Quartet, C.A.M Jazz ; 2011, avec John Taylor & Steve Swallow, C.A.M. Jazz). Son dernier album publié est Six for Six (enregistré en 2008). Bien entendu, Kenny Wheeler une fois la notoriété acquise a été sollicité pour donner des cours (Banff School of Fine Arts, Alberta), des master classes et animer des ateliers. Kenny a travaillé l’harmonie auprès Richard Rodney Bennett et Paul Hindemith fut pour lui une référence.

Kenny Wheeler a joué la trompette Smith-Watkins, une copie américaine de Besson (cadeau de Marvin Stamm), les bugles Franz Weber et Yamaha (modèle Bobby Shew), les embouchures Bach 3C, Schilke (en 1970), JPS (Bopple, Jillich, Rapp – Allemagne).

Michel Laplace
Photos © David Sinclair

1. En 1979, en charge de la Guilde Française des Trompettistes j’avais demandé à un autre cuivre qui comme Kenny Wheeler est un artiste méritant sans basculer dans le vedettariat (qui aujourd’hui dégrade toutes les scènes), Mike Zwerin, de lui consacrer un article qui j’ai reproduit en hommage à eux deux dans mon DVD-Rom Le Monde de la trompette et des cuivres.


Vidéos
Clarke-Boland Big Band
John Abercrombie

Bob Brookmeyer & Kenny Wheeler

Interview

HfMT Big Band

1970, Friedrich Gulda