Err

Bandeau-pdf-web.jpg
Actualités
Rechercher   << Retour

Gerald Wilson

8 sep. 2014
4 septembre 1918, Shelby, Mississippi – 8 septembre 2014, Los Angeles, Californie
© Jazz Hot n°669, automne 2014

Gerald Wilson © David Sinclair

L’arrangeur et trompettiste Gerald Stanley Wilson, né le 4 septembre 1918 à Shelby (Mississippi), s’est éteint le 8 septembre 2014 à Los Angeles.

C’est une figure historique du jazz qui disparaît avec Gerald Wilson, arrangeur dont la carrière remonte à l’avant-guerre et dont la créativité artistique ne s’est jamais démentie, prolongeant même la tradition du big band avec panache.

Il apprend le piano avec sa mère, institutrice de son état, puis s’initie à la trompette. Faute de lycée non ségrégué à Shelby, il doit partir à Memphis pour étudier. Il est finalement envoyé par sa mère à Detroit où il étudie au célèbre Cass Technical High School. Musicien doué, il est sollicité pour remplacer Sy Oliver dans l’orchestre de Jimmie Lunceford pour lequel il écrit ses premières compositions, « Hi Spook » et « Yard Dog Mazurka ».

Wilson est incorporé dans la U.S. Navy pendant la guerre à la Base des Grands Lacs où il joue avec Clark Terry et Willie Smith. Il s’installe ensuite à Los Angeles où il organise son premier grand orchestre en 1944. Il enregistre une cinquantaine de morceaux et connaît un certain succès. Il décide néanmoins de mettre fin à son big band estimant avoir encore beaucoup à apprendre. Il suit en tournée l’orchestre de Count Basie et celui de Dizzy Gillespie.

Gerald Wilson dirigeant le Big Band de la BBC, 2005 © David Sinclair

Sous l’influence de son épouse Josefina Villasenor, il s’intéressera souvent à la musique hispano-mexicaine (« Viva Tirado »). A partir des années 50, son professionnalisme et sa créativité en font un arrangeur recherché sur la Côte Ouest. Il arrange une soixantaine de morceaux pour Ray Charles, et travaille pour des artistes de variétés, pour le cinéma et la télévision. Il arrange et compose pour Duke Ellington, Dinah Washington, Billie Holiday, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Nancy Wilson, Harry Belafonte, B.B. King ou Les McCann. Il poursuit également son œuvre avec son propre big band, enregistrant notamment pour Pacific aux côtés de Teddy Edwards, Joe Pass, Roy Ayers, Bobby Hutcherson, Groove Holmes, Carmell Jones, Bud Shank et Mel Lewis.

Il enseigne à l’université (Cal State Northridge, Cal State L.A., UCLA) et anime une émission de radio sur KBCA-FM de 1969 à 1976. Il écrit aussi pour orchestre symphonique (Debut: 5/21/72 pour le Los Angeles Philharmonic dirigé par Zubin Mehta).

Chef d’orchestre au style très visuel, il fait partie de ces rares leaders dont la direction infléchit la musique à mesure qu’elle se joue. Il revendiquait ces mouvements qui permettent de visualiser ce qu’il y a à écouter (« I choreograph the music as I conduct. You see, I point it out, everything you're to listen to », interview de 2006 pour Fresh Air sur NPR)

Gerald Wilson, Londres 2005 © David Sinclair

Accompagné par de musiciens du calibre de Sean Jones, Jimmy Owens, Jimmy Greene, Hubert Laws, Lewis Nash, Gary Smulyan, Ronnie Cuber, Ron Blake, Peter Washington, Dick Oatts et Antonio Hart, il signe une série d’albums particulièrement réussie consacrée à New York (2003, New York NewSound), Monterey, (2007, Monterey Moods), Detroit (2009), Chicago, (avec des références à Puccini et Stravinski sur Legacy, 2011).


Père du guitariste Anthony Wilson, et grand-père du guitariste Eric Otis, Gerald Wilson est un arrangeur et compositeur inventif, toujours attentif à la mélodie et au swing. Il avait réalisé la synthèse du swing basien, des couleurs West-Coast, ellingtoniennes et hard-bop tout en recourant à des solistes contemporains. Il laisse une belle œuvre qui fait intégralement partie du corpus de référence de l’arrangement pour grand orchestre jazz.

Jean Szlamowicz
Photos
© David Sinclair


         

Vidéos

Gerald Wilson Big Band à l'émission de télévision Frankly Jazz (1965)

Film sur l'enregistrement de l'album Detroit (2009)