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Michel Camicas

12 déc. 2018
17 août 1933, Antioch, Syrie – 12 décembre 2018, Paris
© Jazz Hot n°686, hiver 2018-2019

Michel Camicas (avec Poumy Arnaud) © Lisiane Laplace


    


Un incontournable du trombone dans le jazz et les variétés nous a quittés. Il est né à Antioche en Syrie, ville connue maintenant sous le nom d’Antakya en Turquie.

Michel Camicas a fait ses débuts avec le clarinettiste Bernard Daurat (en 1952) puis surtout dans l’orchestre de Maxim Saury (1956-66), ce qui lui a donné l’occasion d’accompagner Sidney Bechet, Jimmy Rushing et Stuff Smith, et de laisser de nombreux disques de qualité, y compris Twist (1962, Pathé 5507ECT2530).

Parallèlement, Michel Camicas joue aussi pour l’ensemble de trombones de Raymond Fonsèque (1960-62) et dans l’orchestre de Jacques Denjean qui laisse un disque incontournable (1962, Spécial Festival d’Antibes Juan-les-Pins, 25cm Polydor 45585). Chez Denjean, il est en compagnie de Raymond Fonsèque (lead tb, arr), Marc Steckar (tb2), François Guin (tb3). Avec les Trombone Inc. de Raymond, aux côtés de Claude Gousset et Charles Orieux (tb) et avec le très estimable Marc Hemmeler, Camicas s’est produit au Caveau de la Montagne (été 1965). Lorsque Michel Camicas quitte Saury, il entre dans le grand orchestre de Jacques Lorenzi qui se produit au Casino de Cannes. Il joue donc sur la Côte d’Azur et en Italie, notamment pour des galas avec Aimé Barelli et dans l’orchestre Ipyranas.


En 1969, de retour à Paris, Michel Camicas devient membre des Four Bones de François Guin (André Paquinet, Benny Vasseur, Guin et lui). C’est avec eux que Michel Camicas joue avec Paul Gonsalves (1969), Roy Eldridge (au Festival d’Antibes de 1970) et Bill Coleman (1971). Il se produit aussi, parallèlement, avec Marc Laferrière (1969), Irakli (1969), Dany Doriz (1970), Sonny Grey (1970, 1981), Claude Luter (1971), Ambrose Jackson (1972), Ivan Jullien, Marcel Zanini, Guy Lafitte et Jean-Loup Longnon (1977-78).

Mais de 1971 à 1992, Michel Camicas est surtout tromboniste dans le big band de Claude Bolling. C’est son point fixe en jazz, car, comme d’autres (notamment ses confrères chez Bolling), Michel Camicas fait «le métier» et donne des prestations pour les vedettes de la chanson comme Gilbert Bécaud, Nicole Croisille, Nicoletta, Demis Roussos, Mike Brandt, Claude François, Eddy Mitchell (Olympia, 1980), Guy Marchand, Sacha Distel, Jerry Lewis, Johnny Hallyday (1988, avec Bolling). On peut entendre Michel Camicas dans le doube CD Rolling with Bolling (1973-79, Frémeaux & Associés FA5029). Mais aussi, au début des années 1980, il est membre des Merry Boys de Bob Quibel pour les émissions télévisées de Jacques Martin (on l’a entendu en soliste dans «When It’s Sleepy Time Down South» diffusé le 10 janvier 1983). Il fait aussi des émissions télévisées au sein du grand orchestre de Raymond Lefèvre (1981, avec Maurice Thomas, tp1, Fernand Verstraete, Guy Bardet, tp, Benny Vasseur, tb, Gérard Massot, btb, Roger Simon, bs, Lou Gamme, fl, Jacky Magnardi, Yves Valada, cors, Roger Fugen, dm: la célèbre «Soupe au choux»).

Michel Camicas fait aussi des saisons aux Casinos de Cannes et de Monte-Carlo avec Aimé Barelli (1982), Peggy Lee («qui m’a laissé un souvenir musical inoubliable», lettre au signataire du 24 novembre 1997), Joss Baselli, Pierre Sellin. Il enregistre avec Christian Morin (1982).

En 1986, il travaille pour Gérard Badini avec qui il réalise un disque l’année suivante. A un moment ou un autre de sa carrière, Michel Camicas a joué avec Thad Jones, Illinois Jacquet, Al Grey, Joe Newman, Jon Hendricks, Dee Dee Bridgewater et le big band Ornicar. Il passe le plus clair des années 1990 et 2000 au sein d’une formation populaire créée en 1987, le Five O’Clock Jazz Group du notaire Jacques Benhamou (ss, as). Rémy Laven (au Club Med) et Philippe Gibrat l’y ont remplacé.

Michel Camicas a enregistré pour le Jacky Milliet French Band (1994) et pour la chanteuse Juliette (1998, Assassins sans couteaux, avec André Paquinet, Jean-Christophe Vilain, tb, Le Rideau Rouge CD 106). En 2000, il apparaît au Festival Bis de Jazz in Marciac dans le All-Stars du batteur Poumy Arnaud avec Boss Quéraud (tp), René Franc (cl, ss), Christian Azzi (p) et Jack Sewing (b). En 2012, il est dans le Swing Academy Big Band du chanteur Meissonner.

Superbe tromboniste et swingman, Michel Camicas inspirait le respect; Christian Viénot redoutait de se mesurer à lui. «Michel Camicas, il y a 40 ans, jouait ça à l’Olympia ["Demain Demain” avec Nicole Croisille] et je jouais son solo toutes les semaines en baloche. Quand j’ai fait sa connaissance en 1979 à mon arrivée à Paris, je lui ai joué son solo (qu’il avait plus ou moins oublié). Belle époque, c’était pour moi une référence; par la suite, j’ai beaucoup apprécié le bonhomme. C’est une des personnes les plus importantes dans ma vie» (Jean-Louis Damant, 12 décembre 2018). «Il avait un joli son! Il aimait Bill Watrous, Rosolino et Urbie Green... c’était un très bon soliste... Salut l’Artiste!» (Patrick Artero, 12 décembre 2018). «Un homme passionné, toujours resté jeune, jovial et sympathique. Tout ça s’entendait dans son jeu. Je l’aimais bien. Et je ne l’écris pas parce qu’il nous a quittés» (Denis Leloup, 12 décembre 2018). «Quand je l’ai connu au tout début des années 80, moi quasi débutant et lui déjà avec une carrière riche, il m’a dit: "Il faut que tu écoutes Bill Watrous” (je ne savais pas qui c’était à l’époque), et il a ajouté "si je pouvais encore réaliser un rêve à mon âge (il devait n’avoir "que” la cinquantaine...) ce serait de jouer comme lui un jour!”: ça ne m’a jamais quitté, et ils sont partis tous les 2 la même année avec 6 mois d’intervalle…» (Philippe Gibrat, 12 décembre 2018), «Bien triste cette disparition, Michel était quelqu’un de tellement gentil et quel tromboniste!!» (Gérard Gambus, 15 décembre 2018).


Une dernière anecdote: «J’ai envie de vous raconter une histoire, et cette histoire, c’est la vie dans tout ce qu’elle a de beau. J’ai un ami, Michel Peyratout, qui nous a quittés. Cet ami, excellent bassiste et curieux de tout, a voulu apprendre à jouer du trombone car il trouvait que c’était un bel instrument. J’avais envie de changer d’instrument, il avait besoin de pognon car les amis, souvent, sont là quand c’est fini... Bref, j’ai ce trombone (que je joue toujours, même hier soir, en l’honneur de Michel). Marc Steckar nous a quittés aussi, pour la cérémonie, nous avons fait un défilé "New-Orleans” de l’église au cimetière. J’étais à côté de Michel, je joue dans l’aigu (mon fond de boutique!), il me regarde ébahi!!!! "Il est terrible ton trombone, je peux jouer dedans?”; je lui réponds "bien sûr”. Il joue, et me dit: "Il est facile ce biniou!”. Je lui réponds: "C’est ton trombone, couillon!”. Michel Peyratout avait acheté le trombone de Michel Camicas. Pourquoi j’ai toujours apprécié fortement Michel Camicas? À plus de 70 ans, il avait encore une attitude de gamin, un émerveillement, une candeur enfantine.» (Jean-Louis Damant).


Michel Camicas a joué le trombone Martin modèle Urbie Green (importé par Courtois).

Michel "Bunk” Laplace

Photo Lisiane Laplace


Source: DVD-Rom Le Monde de la trompette et des cuivres de Michel Laplace.


VIDEOS

Camicas, Gousset, Fonsèque, etc., Trombone Legends

https://www.youtube.com/watch?v=KiktJsTyf-c


c. 1960. Claude Luter+Maxim Saury, «A Hot Time/Tiger Rag»

https://www.youtube.com/watch?v=X7lL3netdmw


1971. Bill Coleman with Swingers & Four Bones (François Guin, Camicas, André Paquinet, Claude Gousset), «Work Song»

https://www.youtube.com/watch?v=sDci_5bHkZc


1975. Claude Bolling Show Bizz Band+Maxim Saury, Moustache

https://www.youtube.com/watch?v=RhDyxm2kZbw


1978. Nicole Croisille, Olympia, solo dans «Demain Demain» (Kako Bessot, tp1)

https://www.youtube.com/watch?v=tvEaYlOGtAk&feature=share


1986. Jack Diéval trio+Benny Vasseur, Claude Gousset, Michel Camicas, Charles Verstraete,

https://www.youtube.com/watch?v=tzX867RO_7U


2000. Jazz in Marciac, «Royal Garden Blues»

https://www.youtube.com/watch?v=nxdhvwrXXU4


2007. Jacques Benhamou’s Five O’Clock Jazz Group, «It Don’t Mean a Thing»

https://www.youtube.com/watch?v=0caSpO5XsJc


2012. Gérard Meissonnier Swing Academy Big Band (F. Delpeut, B. Balestier, tp, N. Colleau, D. Landréat, tb), «Shiny Stockings», etc.

https://www.youtube.com/watch?v=i9wGcw0TBBw


2013. Carlos do Nascimento, Petit Journal

https://www.youtube.com/watch?v=Bb9xwVHWqxw


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