Louis Anthony Stewart est décédé le 20 août 2016 d’un cancer. Ce guitariste au phrasé délicat s’inscrivait dans la lignée des puristes tels que Barney Kessel, Tal Farlow, Johnny Smith, Jim Hall ou Jimmy Raney. «Il a été le premier musicien de jazz irlandais à bénéficier d’une reconnaissance internationale de ses pairs.», disait de lui Norman Mongan, l'auteur de l'ouvrage Histoire de la guitare dans le jazz.
Louis Stewart a grandi à Dublin et s’est mis à la guitare vers l’âge de 15 ans. Un an plus tard, il intègre le Chris Lamb Showband de Cork. Il est alors influencé par Barney Kessel. Puis son cercle d’inspiration s’agrandit auprès de Jim Hall et Johnny Smith, des guitaristes au touché soyeux jouant presque en acoustique. Il développe ce genre d’expression et est amené, dans le cadre du trio formé avec Noël Kelehan (p) et Peter Ind (b), à accompagner Lee Konitz ou Gerry Mulligan.
En 1968, avec Jim Doherty (p), il participe au Festival de jazz de Montreux et remporte l’Award Press du meilleur soliste. Cet élément déclenche chez lui le désir de faire du jazz son métier.
C’est ainsi qu’il intègre le Tubby Hayes Quartet à Londres, participe à trois tournées du big band de Benny Goodman avant de retourner en Irlande où il ne reste pas longtemps.
En 1975, il revient dans la capitale anglaise, intègre le Ronnie Scott Quintet et collabore avec George Shearing dont le trio comprend le grand NHØP. C’est à cette époque qu’il commence à enregistrer sous son propre nom : Louis the First (Hawk Records/Shalp 147), Bauble Bangles and Beads (Wave 12), Milesian Source (Pye Records/NSPL 18555). C'est l’occasion aussi pour lui de côtoyer des artistes comme Sam Jones, Billy Higgins, Red Mitchell ou Bill Charlap.
Dans sa ville, il aime écumer les clubs et n’hésite pas à jouer avec d’autres musiciens du Royaume-Uni comme l’Anglais Martin Taylor avec qui il enregistre un duo (Acoustic Guitar Duets). Ce qui lui permet de jouer, en 1986, sur la scène du Grand Opera House de Dublin avec Stéphane Grappelli.
En 1994, il bénéficie un temps de la section rythmique de Tommy Flanagan, alors composée de Peter Washington et Lewis Nash. Cette association se termine au Village Vanguard où il se produit pendant une semaine avec ces musiciens et le grand Richard Wyands (p).
En 1998, il reçoit un doctorat honorifique du Trinity College et, en 2009, il est coopté au sein de l’Aosdána (organisation irlandaise de promotion des arts).
En 2010, il est très affecté par la disparition de Kate, sa fille, et il se relance dans sa carrière pour se produire régulièrement au JJ Smyth’s de Dublin et enregistrer un ultime disque, en 2013, en compagnie du pianiste Jim Doherty (Tunes, Beechpark 001).
De multiples guitaristes s'en sont inspirés et, comme Mundell Lowe, Martin Taylor et Heiner Franz, ont apprécié de jouer avec lui. Ses multiples rencontres avec des jazzmen américains faisant partie de l'aristocratie du jazz (Richard Wyands, Tommy Flanagan, Lewis Nash, Stéphane Grappelli…) démontrent que Louis Stewart est de ces musiciens talentueux qui auraient mérité une meilleure audience de la part des amateurs de jazz et de de belle guitare et des directeurs artistiques de festivals.