Err

Bandeau-pdf-web.jpg
Actualités
Rechercher   << Retour

The Miscroscopic Septet

20 déc. 2013
Friday The Thirteenth
© Jazz Hot n°665, automne 2013

Nouveauté-Sélection
Brillant Corners, Friday the 13th, Gallop’s Gallop, Teo, Pannonica, Evidence, We See, Off Minor, Bye-Ya, Worry Later, Misterioso, Epistrophy
Phillip Johnston (ss), Don Davis (as), Mike Hashim (ts), Dave Sewelson (bs), Joel Forrestier (p), David Hofstra (b), Richard Davorkin (dm)
Enregistré à Brooklyn, date non communiquée

Durée : 59' 33''
Cuneiform Records 310 (www.cuneiformrecords.com)

Pour microscopique qu’il est, ce septet-là ne s’en laisse pas conter quand il s’agit de revisiter avec art et démesure contrôlée la musique de Thelonious "Sphere" Monk (1917-1982). Composé de musiciens pourtant peu médiatisés, Il pourrait facilement en remontrer à certaines formations atones et nombrilistes d’Europe toujours à la « recherche de leur folklore imaginaire » comme devait le dire, avec l’aplomb des imbéciles, un de ces nombreux trissotins chers aux années post soixanye-huit. Paix à leurs cendres !
A l’opposé de l’indigence musicale et encore moins du désordre formaliste, ce "microscopique" orchestre new-yorkais offre, dès les premières mesures, une relecture jubilatoire des 12 thèmes connus – hors « Worry Later », enregistré en 1960 at The Blackhawk – mais toujours aussi difficilement négociables du génial compositeur. En effet, les sept gaillards – quatre saxophonistes portés par une bonne rythmique – n’ont pas choisi la randonnée dominicale et pépère pour « téléravagés » du troisième âge. Fort bien arrangée par Phillip Johnston et Joel Forrestier, dans un esprit que n’aurait pas désavoué Monk lui-même, chaque pièce, conçue comme un petit scénario où s’entremêlent, la plupart du temps, collages, changement de tempi, tutti et soli, dégage une telle force de conviction que nos oreilles ne peuvent absolument pas baguenauder ; elles sont saisies par la musique du début à la fin.

Non content de se jouer, très honorablement, des structures et des chausse trappes harmoniques, le septet irradie littéralement. Connivence, folie/dérision collective, plaisir du jeu interactif, deviennent vite contagieux et font oublier faiblesses et outrances comme celles du baryton fouetté par une pulse rock sur « Teo ». Soyons précis et actualisons la locution : elles passent comme passaient, jadis, les lettres à la poste. A l’ombre du grand Monk et de celle d’un ses thuriféraires, Steve Lacy – Phillip Johnston en est proche par le son – ce petit combo décline sur tous les tons que le jazz est avant tout affaire commune. Une « Evidence » ? Pas si sûr !

Jean-Jacques Taïb