Err

Bandeau-pdf-web.jpg



Cabu, préface à 60 ans de Jazz au Caveau de La Huchette, Ed. L'Archipel, paru à l'origine dans Charlie Hebdo du 5 juin 2002





Hommage à Charlie Hebdo

Nous ne sommes pas tous des Charlie !


Le jour d’après, d’après une telle tragédie qui offense non seulement les corps mais durablement et au plus profond l’esprit des survivants, de milliers de personnes sincères, le jour d’après est très difficile.


Cabu, un aîné de Jazz Hot, n’est plus, et sa fin indigne de sa gentillesse naturelle, de sa générosité, laisse un mal de vivre dont on ne voit pas l’issue.


Charlie Hebdo a réellement été assassiné, comme l’ont clamé les nazis islamistes qui l’ont tué, et dans des circonstances qui laissent un goût amer, une envie de révolte, de violence salvatrice, car c’est la seule réponse possible à la violence nazie islamiste. 


Freud a expliqué il y a longtemps le caractère inéluctable et permanent de la violence dans l’histoire, qu’elle soit imposée comme ici par les nazis islamistes ou subie et retournée, un simple instinct de survie pour ceux qui en souffrent. C’est ainsi que le monde fonctionne, même si la réécriture religieuse de l’histoire du christianisme donne l’impression du contraire.


L’unanimisme des médias et des politiques, qui pourrait être salutaire en de telles circonstances s'il était sincère, ne cache que des tonnes d’hypocrisie et de perversité.


Non, nous ne sommes pas tous des Charlie !


Car ce qui a fait de Charlie Hebdo une cible, LA cible, c’est bien que par peur ou par corruption, l’ensemble des médias et des politiques, et une majorité de la population non informée ou sous influence par sa seule faute – car toute l’information est disponible pour qui le veut et qu'elle devrait faire confiance à son bon sens plus qu'aux médias ou aux politiques – n’ont pas relayé le message de Charlie Hebdo sur ce sujet, qui n’était pas un message politiquement marqué, mais un message de survie : la survie de la démocratie passe par la liberté d’expression, et ne pas être intransigeant sur ce principe, sur la laïcité entre autres qui en est un des fondements majeurs, y compris quand on évoque l'islam, est une faute, une responsabilité individuelle et collective.


La faute est celle de ces politiques qui de droite à gauche, extrême comprise, n’ont pas donné à ce fait international, l’islamisme, une version religieuse du totalitarisme racial nazi, la réponse qui s’imposait pour la défense des démocraties ; un fait qui aujourd’hui meurtrit la France, ses valeurs et ses enfants les plus dignes, ceux qui en avaient la perception la plus claire, les victimes désignées.


Qu’Obama, Merkel, Cameron, dont la culture communautaire et nationale ne peut pas comprendre la laïcité, l’irrévérence envers le pouvoir religieux, ne puissent défendre la démocratie contre ce fait, l'islamisme, est une évidence. Ils pourraient simplement nous épargner leurs messages de condoléances hypocrites. Ils n’étaient pas d’accord avec les caricatures, donc avec la démocratie. Et ils ont renforcé les islamo-nazis dans leur détermination, parce qu’ils discutent aussi, commercent avec leurs commanditaires des pays arabes, et parce qu’ils en sont dépendants aujourd’hui économiquement, financièrement.


Que les politiques et médias français, a de rares exceptions près (dont votre serviteur), n’aient pas cru bon de défendre comme il le fallait, sans faiblesse et sans compromission, la laïcité et l’expression libre, est une faute grave qui a fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible évidente pour les nervis islamo-nazis.


Que la « gauche » française, dont la tradition anticléricale s’est diluée dans les petits-fours, le pouvoir ou dans un tiers-mondisme charitable, nie tout un passé de lutte contre l’obscurantisme religieux, est une faute grave qui a fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible.


Que les politiques français continuent d’entretenir des liens commerciaux, diplomatiques – qu'ils participent même à leurs manœuvres (Libye, Syrie) – avec les pays qui manipulent les nervis islamo-nazis et mettent la planète à feu et à sang – il suffit de le constater sur la carte des conflits majeurs de la planète, pour savoir que l’islam, en tant qu'idéologie religieuse, est au cœur de la plupart des conflits, avec des interlocuteurs variés – et que le pouvoir politique et économique français leur cèdent par pan entier des éléments du patrimoine national sous toutes ses formes (du sport à l'industrie en passant par le social), y compris quand cela contrevient à la sécurité nationale, est une faute grave qui a fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible.


Le concert presqu'unanime d’hier et d'aujourd'hui (à noter le silence ou la satisfaction plus ou moins dissimulée des pays musulmans et de leur population) pour Charlie Hebdo sonnait faux, sentait la récupération du plus mauvais goût qui soit, la perversité, la trahison post-mortem de l’idéal que Charlie Hebdo portait par son histoire : une trahison honteuse en ces circonstances.


Faire d’une équipe qui milite depuis toujours contre l’opium du peuple, la religion, contre le poison de l’irrationnel, une équipe rédemptrice de martyres christiques est une double mort infligée à ces militants de toujours de la liberté individuelle, à ces adversaires irréductibles de l’unanimisme, du conformisme, à ces personnes qui ont mis leur esprit – et leur vie – au service du peuple, de son information, dans la tradition pédagogique du Siècle des Lumières, celle qui fonde le journalisme.


Que l’ensemble des médias et des journalistes tressent, à travers Charlie Hebdo, les louanges d’une profession qui ne mérite pas dans son ensemble le titre de journaliste, est aussi une récupération insupportable. Combien de journalistes mesurent chaque jour ce qu’ils doivent dire et ne pas dire, par peur, par corruption, par conformisme ? La plupart. Le fait que les médias, suivant en cela les ordres d'un pouvoir oligarchique, aient nié l’existence – et le nient encore malgré le 7 Janvier 2015 – du fait islamo-nazi à l’échelle internationale et locale, a fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible.


Enfin, le fait que malgré toutes les menaces et attentats, les pouvoirs, à tous les niveaux de décision, n’aient pas cru bon de protéger Charlie Hebdo de manière plus conséquente, malgré des menaces réitérées, que ce malheureux garde du corps, offert en victime alibi d'une fausse protection, est une faute politique, administrative, une tragédie pour la démocratie et pour les victimes, et une réalité qui confirment ce que pensent réellement les auteurs de ces messages hypocrites, toutes tendances confondues qui ont submergé les ondes hier. Ils n'ont pas plus défendu Charlie Hebdo qu'ils ne défendent la démocratie.


On va sans doute psychiatriser les auteurs de cet attentat. C’est la mode en ce moment, comme du temps du soviétisme. Cela permet d’absoudre tout le monde, le politique, le religieux, les médias, ceux qui ne veulent pas concevoir, par atavisme religieux, qu’une religion – toutes les religions – n’est qu’une idéologie, et que sortie du cadre privé, de l’intime, elle est un danger pour la société. Ceux qui ne peuvent concevoir qu’une idéologie – un système d’idées, une construction réductrice du monde – puisse porter dans ses textes fondateurs et toujours revendiqués des éléments inconciliables avec la liberté d’expression, avec la démocratie – c'est le cas du Coran –, et qu’une démocratie ne peut pas accepter les idées qui la détruisent, ceux-là ont fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible.


Ceux qui, à gauche, ne conçoivent pas que dans un monde ouvert et surpeuplé, les grandes migrations, y compris dans leur dimension tragique comme on le voit dans le sud de l'Italie, même et surtout à fondement économiques, sont d’autres formes de colonisation et d'armes au service des puissances démographiques non démocratiques dans leur lutte contre les démocraties, et que c’est l'arme la plus destructrice (Einstein l'a dit depuis longtemps), ceux-là ont fait de Charlie Hebdo, de son équipe entière et de Cabu, LA cible. Les oligarchies en jouent sur le grand échiquier planétaire pour attenter aux conquêtes sociales et politiques, à la démocratie en général en opposant les pauvres aux pauvres dans la grande tradition des pouvoirs décrite par Machiavel. 


L’union nationale, c’est bon pour Pétain, pour les grandes défaites. Cette extermination d'une rédaction, car il s'agit de ça, sur le sol de France, à Paris, est effectivement une défaite de la démocratie.




Cabu, Dédicace à Jazz Hot de son ouvrage "Swing", Ed. Les Echappéés Charlie Hebdo





Charlie Hebdo a été assassiné hier. Charlie Hebdo n’existera plus demain, car Charlie Hebdo était une presse d'hommes et de femmes, une presse humaniste, pas un entreprise de groupe de presse liée à des groupes industriels et à l'oligarchie comme la plupart des médias. Les disparus sont irremplaçables. On pourra faire du simili, on en fera probablement par bonne conscience ou par perversité (récupération), mais pas de Charlie Hebdo sans les personnes qui en ont été l'âme. La particularité de Charlie Hebdo comme celle de Jazz Hot est la transmission entre les générations d'un état d'esprit, parfois avec des conflits mais toujours avec le respect d'une histoire.


Charlie Hebdo en disparaissant laisse un trou béant dans l'imaginaire des gens sincèrement attachés à cette sensibilité, dans l'alternative politique, médiatique et de pensée. Sur le plan culturel, la disparition de Charlie Hebdo est une destruction patrimoniale, car Cabu est un artiste autant qu'un journaliste, et il n'était pas le seul. L'islam est spécialisé dans la destruction de patrimoine depuis que l'islam existe. C'est aussi un fait historique et culturel lié à la tradition de l'islam, à ses textes et ses pratiques. Il suffit de s'informer.


L'autre tragédie, car c'en est une de dimension planétaire, est ce milliard et demi de personnes enfermées dans une idéologie religieuse sans alternative, l'islam, réalité dont elles ont rarement conscience ; et quand elles l'ont, il est difficile d'en sortir autant par la pression interne que par le regard extérieur. Peu de voix dans ce conglomérat idéologique ont la possibilité d'appeler à en réformer les fondements idéologiques sans encourir la violence exterminatrice. C'est l'une des impasses majeures de ce siècle, et ce n'est pas les oligarchies – dont font partie les élites politiques des vieilles démocraties – qui feront quoi que ce soit pour contenir son influence ou pousser à amender les textes : elles en sont les premières bénéficiaires.


Ce XXIe siècle, initié par le 11 Septembre, est décidément un siècle où il ne fait pas bon vivre pour les gens libres. Le déclin démocratique est une réalité qui n’est plus niable après le 7 janvier 2015. L’internationale islamo-nazie, avec son soutien populaire planétaire, est un danger géo-stratégique, au-delà de toutes les dictatures, très actives également, une menace aussi utile pour les élites pour asservir les quelques peuples qui tentent depuis deux siècles d’avancer sur le chemin démocratique. Les discours pervers d’hier et d'aujourd'hui ne peuvent masquer que l’oligarchie a vendu aux dictatures le savoir-faire, l'outil de production des démocraties, a marginalisé une proportion élevée de la population dans le chômage, la dépendance sous toutes ses formes (consommation, drogue, écran) et travaille chaque jour à abaisser le niveau de vie, la qualité de vie, les principes démocratiques.


Mon hommage à Charlie Hebdo, à Cabu, et l'équipe de Jazz Hot partage ce point de vue, est de continuer à penser différemment, de constater la montée du totalitarisme islamique, de refuser la montée des courants xénophobes et racistes, malgré la chape de plomb d’une hypocrisie planétaire, de refuser aujourd'hui l'union nationale avec la corruption, de rester isolé puisqu’il n’y a pas de rencontre possible avec le politique et de continuer à le faire savoir avec nos modestes moyens, en indépendant, même si ce jour d’après, 8 janvier 2015 à 17h, on se demande si ça vaut l’coup…



Yves Sportis